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L'Oreille interne (titre original : Dying Inside) est un roman de science-fiction de l'auteur américain Robert Silverberg. Il a été publié pour la première fois en 1972 et sa traduction française date de 1975. Ce roman valut à son auteur une nomination au prix Nebula en 1972 et au prix Hugo en 1973 et remporta le prix John Wood Campbell Memorial en 1973.
David Selig se considère comme un raté, et pourtant, il possède un don hors du commun : il est télépathe.
L'écriture serrée du roman reste toujours au plus près des réflexions, des doutes, des sentiments et des sensations du personnage principal. À dire vrai, l'auteur mise peu sur l'intrigue, mais préfère explorer les tourments psychologiques de son héros (ou de son antihéros) qui sont d'ordre social, existentiel, intellectuel et spirituel.
Le récit du vécu intime de David Selig s'accompagne d'une très importante dimension intellectuelle qui l'inscrit dans un monde culturel occidental très riche, rempli d'allusions littéraires, de renvois poétiques ou de citations philosophiques. De même, l'origine juive ashkénaze du personnage principal trouve son expression dans l'utilisation fréquente de termes hébreux ou yiddish phonétiquement transcrits en lettres latines, mais non traduits.
L'écriture enlevée du roman est typique des années 1970 avec son recours à tous les registres de langue pour aborder des thèmes aussi sensibles que la consommation de psychotropes et la sexualité.
Le roman L'Oreille interne est à classer dans la seconde période créatrice de Robert Silverberg, entre 1967 et 1976, et certains critiques le considèrent comme le chef-d'œuvre de l'auteur. C'est un roman composé de vingt-six chapitres qui mêlent à un récit aux allures d'autobiographie fictive de nombreux flashbacks et quelques dissertations littéraires ou philosophiques lié au contexte académique du roman.
Ce roman autobiographique fictif, construit de manière non linéaire, tente de rompre avec les codes traditionnellement reçus de ce type de récit. Le narrateur hésite d'ailleurs de chapitre en chapitre entre le « je » d'une prise en charge personnelle des événements racontés et le « il » d'une mise à distance de soi, oscillant ainsi entre une focalisation interne et une focalisation zéro.
Si le titre français est astucieux, évoquant l'oreille interne de l'anatomie humaine comme métaphore du don de télépathie, il ne rend toutefois pas compte du drame qui se joue dans le récit lui-même. La perte progressive du don de télépathie est ressenti par le personnage principal du roman comme la mort lente, mais inexorable d'une partie de lui-même. Dying inside : « en train de mourir de l'intérieur ».
L'auteur dira lui-même plus tard au sujet de L'Oreille interne : « Il n'a pas été facile à écrire celui-là ».
New-Yorkais dans la quarantaine, David Selig ne s'est jamais marié. Il habite un appartement modeste et gagne sa vie se faisant rémunérer des dissertations qu'il rédige pour des étudiants universitaires. David mène donc une existence des plus ordinaires, ou presque. Depuis son tout jeune âge, il possède en effet un don exceptionnel : il lit dans la pensée des gens.
S'il est télépathe, David le tait. En fait, seules trois personnes le savent (excluant ses parents). Pour lui, c'est amplement suffisant.
Vis-à-vis de son pouvoir, David s'est toujours montré partagé. Enfant, il appréciait l'utiliser. Toutefois, il craignait d'être démasqué. Adulte, il se sent toujours avantagé. Par contre, il éprouve certains remords : en sondant l'esprit d'autrui, il se sent voyeur. Aussi, certaines découvertes l'ébranlent. Lorsqu'enfin son pouvoir décline, son ambivalence grandit. Pour lui, s'amorce alors une quête de sens : David doit se redéfinir. Qu'est-il sans son don ? Se rapprochera-t-il de Dieu ? S'en éloignera-t-il ? Tantôt, il s'accrochera à son étrange faculté, s'efforçant de la conserver, tantôt, il la maudira. Vers la fin de l'histoire, il retrouvera néanmoins la paix intérieure à laquelle il aspirait depuis le début.