Le Choc des civilisations - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Le Choc des civilisations (en anglais The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order) est le titre d'un essai d'analyse politique rédigé par l'Américain Samuel Huntington, professeur à Harvard, paru en 1996 et traduit en français en 1997. Très controversé depuis sa parution, l'ouvrage a donné lieu à de nombreux débats.

Le projet de Huntington est d'élaborer un nouveau modèle conceptuel pour décrire le fonctionnement des relations internationales après l'effondrement du bloc soviétique à la fin des années 1980. Toutefois, il ne prétend pas donner à son modèle une validité qui s'étend forcément au-delà de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle et s'appuie sur une description géopolitique du monde fondée non plus sur des clivages idéologiques « politiques », mais sur des oppositions culturelles plus floues, qu'ils appelle « civilisationnelles », dans lesquelles le substrat religieux tient une place centrale, et sur leurs relations souvent conflictuelles.

Plan du livre

Préface
Première partie - Un monde divisé en civilisations
  • Chapitre premier - Le nouvel âge de la politique globale
  • Chapitre II - Les civilisations hier et aujourd'hui
  • Chapitre III - Existe-t-il une civilisation universelle ? Modernisation et occidentalisation
Deuxième partie - L'équilibre instable des civilisations
  • Chapitre IV - L'effacement de l'Occident : puissance, culture et indigénisation
  • Chapitre V : Économie et démographie dans les civilisations montantes
Troisième partie - Le nouvel ordre des civilisations
  • Chapitre VI : La recomposition culturelle de la politique globale
  • Chapitre VII : États phares, cercles concentriques et ordre des civilisations
Quatrième partie - Les conflits entre civilisations
  • Chapitre VIII : L'Occident et le reste du monde : problèmes intercivilisationnels
  • Chapitre IX : La politique globale des civilisations
  • Chapitre X : Des guerres de transitions aux guerres civilisationnelles
  • Chapitre XI : La dynamique des guerres civilisationnelles
  • Chapitre XII : L'Occident, les civilisations et la civilisation

Critiques

Cette théorie est contestée dans les milieux intellectuels et universitaires nord-américains.

Elle constitue un tenant de la base idéologique de la guerre contre le terrorisme. Parmi les détracteurs de M. Huntington et de sa thèse géopolitique figurent l'écrivain britannique Naipaul, auquel se joint Edward Saïd dans l'introduction à la nouvelle édition de son ouvrage L'Orientalisme ; ils s'inscrivent en faux par rapport à cette définition des rapports du Monde, lui opposant la thèse de la civilisation universelle.

Critiques d’ordre géopolitique

Selon ses critiques, la thèse d’Huntington offre un axe de lecture tentant, mais réducteur et simplificateur. En effet, le découpage des aires civilisationnelles est arbitraire et l’auteur lui-même reconnaît quelquefois la faiblesse de certains choix, comme l’incertitude de l’existence d’une civilisation subsaharienne. Quant à la civilisation musulmane, elle masque l’extrême complexité des différentes tendances de la religion et les éventuels conflits internes.

Par cette grille sont ignorés la présence de conflits au sein même de ce qu’il appelle les civilisations, tels les affrontements interethniques (Bosnie, Rwanda), avec les cultures « en guerre contre elles-mêmes » (Yvon Le Bot), ou encore l’enjeu du pétrole au Moyen-Orient.

Outre le manque de pertinence du critère géographique pour le tracé approximatif de ces aires, le choix du facteur de la religion comme facteur déterminant occulterait complètement d’autres variables géopolitiques, économiques, etc. La thèse serait contredite par le libéralisme économique contemporain et la mondialisation, qui montreraient que chaque aire considérée échange avec les autres et tendrait à s’uniformiser avec le reste du monde (voir plus bas, la citation d'Huntington).

L’ASEAN seule montrerait le recoupage de plusieurs aires d’une zone de libre-échange.

Abdelwahab Meddeb, auteur de La Maladie de l'Islam, s’oppose à une telle conception et avance que le fondamentalisme n’est pas spécifique à une religion, mais les touche bien toutes, notamment à cause justement des rapports et des échanges avec les autres cultures.

Critiques d'ordre anthropologique

Pour Huntington, une civilisation est valable par sa définition essentialiste. En effet, chacune aurait son identité propre et serait comme un bloc revanchard, cohérent, anhistorique et intègre. Or en réalité les civilisations se caractérisent par leur capacité à s’ouvrir à l’extérieur et à échanger avec d’autres pour apporter et recevoir.

Cette interprétation du monde actuel peut être dangereuse, car pouvant légitimer des politiques qui ont tendance à lui conférer une réalité : c’est la dérive des prophéties auto-réalisatrices.

Il ne tient pas compte non plus du métissage possible entre les cultures et il considère même que certaines civilisations ne seraient pas en capacité de pouvoir se moderniser.

Remarques

L'un des premiers ouvrages maîtres sur les questions des identités et des civilisations a été celui de l'historien français Fernand Braudel (Grammaire des civilisations, 1987). Samuel Huntington s'appuie fortement sur l'œuvre de Braudel, cité à de nombreuses reprises.

Dans Difficile tolérance (avec Yves Charles Zarka), Cynthia Fleury fait remarquer que « les premiers théoriciens du “choc des civilisations” ne sont pas forcément ceux que l’on croit, à savoir les partisans de Huntington, mais bien plutôt les oulémas qui ont été, à leur manière, les premiers à opérer un découpage du monde en blocs religieux, donc en “blocs civilisationnels” » (p. 176).

Page générée en 0.004 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise