Pierre-Francois Tubeuf (?-1795) est un entrepreneur français de la fin du XVIIIe siècle, qui contribua à développer les mines de charbon des Cévennes, en apportant des innovations techniques, mais se heurta à un puissant seigneur local, puis explora les Appalaches.
Né dans l'Orne, en Normandie, où son frère est directeur du couvent des bénédictins de Bayeux, il grandit dans la région, qu'il quitte en 1764 pour partir dans l'Aveyron, à la recherche de mines de charbon.
En 1768, il épouse Marie-Marguerite Brochet, la fille d'Antoine Brochet, un négociant de Lyon, qui lui donnera deux fils et une fille. De 1764 à 1770, il est en charge de l'exploitation de la mine de charbon Cransac dans le Rouergue, pour des compagnies. Non loin de là, dans le bassin de Decazeville, (Aveyron), quelques un des premiers entrepreneurs du charbon français se sont heurtés à des propriétaires locaux. Tubeuf, dont l'exploitation bute sur la pauvreté des gisements, est lui-même pris en chasse pendant une heure et demie par des paysans à cheval qui l'appellent "l'anglais", tant ils se méfie de ses idées et ambitions originales.
C'est, pour les historiens, le passage de petites exploitations artisanales composées de quelques ouvriers à des concessions de type capitaliste».
Pour la première fois dans les Mines de charbon des Cévennes, du personnel spécialisé, venant d'Allemagne et d'Angleterre, bien rémunéré, est engagé pour creuser les puits et mettre en place des systèmes de drainage et de ventilation. Il a créé les premiers chevalements et introduit le roulage au fond de la mine en utilisant la traction animale dans les petites galeries, s’inspirant des chiens de traîneaux. Certains puits atteignent 200 pieds de profondeur. On y travaille même le dimanche et les jours fériés, ce qui choque les habitants de la région. Pierre-François Tubeuf a investi de ses propres deniers, dont les 10.000 livres de dot de sa femme et 100.000 livres apportés par des associés. Sa demande d'un prêt de 20.000 livres avec un taux de 5% est refusé par les Etats du Languedoc.
Pierre-François Tubeuf regroupe les sites de production sur trois grandes zones, au nord d'Alès, sur des gisements plus profonds mais plus riches, Meyrannes et Robiac, puis se recentre progressivement sur le secteur de Rochebelle. Mais il ne parvient pas à obtenir de concession, sur le secteur de La Grand-Combe, où sera exploité au siècle suivant le meilleur gisement. Il insiste auprès de l'intendant de la région pour limiter les risques causés par l'exploitation sauvage du charbon et peste contre "40 méchantes petites mines".
Il obtient une concession d'un an à Saint-Paulet-de-Caisson, près du Comtat Venaissin, puis une autre à Pont Saint-Esprit, où il s'installe, mais sans succès non plus. Après quelques visites dans les basses Cévennes en 1770, date à partir de laquelle il tient un journal régulier, Pierre-François Tubeuf constate la richesse minière de cette zone et demande une concession au roi, tout en continuant à s'occuper des mines de Cransac.
En 1773, il obtient du roi Louis XV la concession exclusive pour 30 ans de l'exploitation des mines du Gard dans la région d'Alès, Saint-Ambroix, Uzès, Pont-Saint-Esprit, Villefort, Anduze, ce qui inclut une zone de plus de 3.000 kilomètres carréS. Il doit en retour dédommager les propriétaires de terrains et verser 800 livres par an à la nouvelle École royale des mines, qui a formé son meilleur ingénieur, François-Joseph Renaux.
Il entreprend par la suite de s'installer en 1791 en Amérique du Nord (Virginie). Il a en effet acquis les droits d'exploiter 55 000 acres dans les sud des Appalaches, où il se fait appeler Baron Pierre-François de Tubeuf. Tubeuf, parti en 1791 avec cinq familles françaises, avait obtenu une concession dans la région charbonnière des Appalaches et s'était installé le long de la rivière de Stony Creek et de la Clinch River, à 10 miles au dessus de Fort Blackmore.
Une partie de ses proches ont ensuite décidé de revenir plus à l'Est, vers la ville de Richmond.