Le principe anthropique trivial prend sa forme dans les considérations les plus fondamentales sur les contraintes de l'existence de la vie. Ainsi, du fait qu'il est établi que l'apparition de la vie est un processus lent, dont le temps caractéristique est de plusieurs centaines de millions d'années, voire de plus d'un milliard d'années, on déduit que le modèle cosmologique qui décrit notre univers ne saurait lui attribuer un âge inférieur à ces valeurs. Ainsi, dans un modèle de type Big Bang, l'âge de l'univers est-il lié à la valeur de son taux d'expansion, c'est-à-dire la constante de Hubble. Imposer que l'âge de l'univers soit supérieur à un milliard d'années impose que la constante de Hubble soit inférieure à une certaine valeur. Ce genre de considération a été pris en compte au début des années 1940 où des erreurs dans l'estimation de la constante de Hubble, surévaluée d'un facteur 7 ou 8 par rapport à la valeur désormais communément acceptée, avaient été commises.
Un autre exemple célèbre date de la fin du XIXe siècle, époque à laquelle l'énergie nucléaire n'avait pas encore été découverte, mais où les succès de la thermodynamique ayant permis la révolution industrielle étaient à leur apogée. Ne pouvant pas savoir que l'énergie émise par le Soleil était due à des réactions nucléaires, Lord Kelvin avait fait l'hypothèse que l'énergie du Soleil était simplement issue de la contraction de la matière le formant, la chute de cette matière provoquant un échauffement de celle-ci. Kelvin avait ainsi calculé le temps nécessaire à cet effondrement et trouvé un ordre de grandeur de quelques dizaines de millions d'années. Cette hypothèse, non dénuée de sens, avait rapidement été contredite par des biologistes et des géologues, qui affirmaient à raison que le temps caractéristique de certains processus biologiques ou géologiques était considérablement plus grand.
Un autre exemple, inversé, remonte à Isaac Newton qui en étudiant la physique des effets de marée à la fin du XVIIe siècle fut le premier à constater que les temps caractéristiques nécessaires pour synchroniser la période de rotation de la Terre et la période de révolution de la Lune étaient considérablement plus grands que les quelques milliers d'années attribués à la Terre par une lecture littérale de la Bible (voir James Ussher). Il s'agit là aussi d'un argument anthropique qui permet a posteriori de douter de l'historicité de la Genèse relatée dans l'Ancien Testament.