Saguinus - Définition

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Une profusion de coloris

On connaît 17 espèces de tamarins (genre Saguinus). Toutes sont allopatriques, à l’exception de la plus petite d’entre elles, le Tamarin à selle (S. fuscicollis), qui vit en sympatrie avec trois autres espèces de tamarins. Les tamarins arborent une gamme de crinières, toupets, crêtes, moustaches et de franges. La prodigieuse variété de leurs coloris, qui contraste avec la forte stabilité chromosomique du genre, met en lumière le principe de métachromisme, modification évolutive de la couleur des poils et de la peau chez les mammifères.

Chasseurs d'insectes

Le primatologue P. A. Garber a identifié trois stratégies de capture des insectes chez les tamarins. La première est propre au tamarin à selle (S. fuscicollis), et peut-être au tamarin à manteau noir et au tamarin bicolore : elle consiste à capturer des invertébrés cryptiques plutôt grands à toutes les strates en utilisant le plus souvent une posture d’accrochage vertical.

La deuxième stratégie, pratiquée par les trois espèces de tamarins moustachus qui vivent en sympatrie avec le tamarin à selle (tamarin à moustaches, tamarin empereur et tamarin labié), consiste à exploiter les insectes sur les feuilles et les branches uniquement dans la canopée basse et moyenne.

Un troisième modèle, celui du pinché à nuque rousse (S. geoffroyi), est la chasse des proies en se dissimulant (pelage cryptique), les insectes étant saisis sur les feuilles dans la basse canopée ou les fourrés.

Le groupe des pinchés

Le groupe oedipus a été particulièrement bien étudié. Un temps, certains auteurs assignèrent un genre différent (Oedipomidas) à ces trois espèces de tamarins nord-colombiens et panaméens caractérisées par une crête et une face nue. En France, on les appelle pinchés plutôt que tamarins.

Les pinchés ne sont pas amazoniens. En Colombie, ils disposent d’une aire très limitée, la Tierra caliente, une zone chaude et humide sur le littoral caraïbe de la Colombie, aire grignotée par les cultures vivrières.

Les pinchés sont les plus carnivores des callitrichidés. Ils mangent grenouilles, souris et perruches. En captivité, l’introduction d’un aliment inconnu (comme du poisson à la place de la viande) entraîne l’adoption rapide d’un nouveau comportement alimentaire, comportement transmis aux nouveau-nés.

Le pinché a des sens aiguisés, notamment l’ouïe, la vue et l’odorat. Il pousse des trilles sonores et retentissants, d’où son surnom de singe-rossignol. Son chant débute par un ‘dididi’ aigu puis se poursuit par de longs sons flûtés entrecoupés de trilles : il va crescendo dans l’aigu, à un rythme de plus en plus rapide. Le chant sert de délimiteur territorial. En cas d’excitation, le pinché produit des roucoulements graves et sonores. Pour défier un rival, le pinché utilise son visage. Il hérisse sa crinière et avance les lèvres. Le front baissé forme un bourrelet recouvrant presque les yeux. La défense territorial passe par une répartition nette des rôles, propre aux pinchés. Les mâles patrouillent le domaine, pourchassent les intrus et les défient visuellement tandis que les femelles délimitent davantage leur territoire par un marquage olfactif.

Hors de la période de reproduction, le pinché ignore largement les conflits et la violence. Le groupe amical s’entraide dans les tâches quotidiennes et les membres montrent leur affection mutuelle. Le père aide la mère pour le transport des enfants, mais aussi les frères et les sœurs, qui acquièrent ainsi un savoir-faire indispensable pour devenir un bon parent. Ce comportement augmente considérablement le potentiel reproductif de l’espèce, la femelle dominante pouvant être enceinte de nouveau seulement deux à quatre semaines après la mise bas. La haute fréquence des transferts entre groupes d’individus des deux sexes, adultes ou jeunes, suggère que les parents n’élèvent pas forcément leurs propres enfants. Un étranger sera le bienvenu (même si parfois il sera vertement chassé). Il pourra, s'il le veut, participer à la reproduction et à l'élevage des petits. « Ces primates ont inventé le kibboutz », affirme l'éthologue Frans de Waal. Les pinchés font partie des rares primates, comme le gibbon et le chimpanzé, qui pratiquent le partage de la nourriture. Chez le pinché aux pieds blancs (Saguinus leucopus), les individus se portent même au secours de leurs congénères blessés.

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