Saïmiri - Définition

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Grossir pour l’amour

Les saïmiris se reproduisent chaque année. Leur rythme reproductif est corrélé aux cycles des pluies, l’abondance des fruits correspondant souvent à la période des naissances. On pense qu’il est aussi lié au taux d’humidité et à la luminosité, car on assiste à des modifications comportementales lorsque ces animaux sont transportés dans l’hémisphère Nord.

La saison des amours s’étale sur trois mois et est suivie, six mois plus tard, par celle des naissances. Durant la période de reproduction, la spermatogenèse s’accentue et les mâles grossissent (jusqu’à 30% de surpoids, stocké dans l’avant-train) avec un poids maximal atteint au moment des premières copulations. Le plus gros d’entre les gros devient le mâle alpha pour la saison des amours et, chez le saïmiri d’Amérique centrale (S. oerstedii), il s’octroie jusqu’à 70% des copulations avec les femelles en chaleur, quasi-monopole acquis grâce à la déférence des mâles subordonnés (qui lui sont apparentés) mais aussi par le choix des femelles elles-mêmes.

Ô lieux, ô mœurs

Bien malin qui pourrait distinguer au premier coup d’œil les diverses espèces de saïmiris. Des analyses génétiques (ADN) révèlent l’existence d’au moins trois espèces certaines : le saïmiri commun, le saïmiri de Bolivie et le saïmiri d’Amérique centrale. L’étude de leurs mœurs dans la nature, comme celle effectuée par Sue Boinski de l’Université floridienne de Gainesville, vient appuyer cette différentiation.

Le saïmiri commun, présent dans tout le nord de l’Amérique du Sud, se comporte dans les forêts du Surinam en individualiste opportuniste. Le mâle alpha s’arroge le meilleur bouquet de fruits dans un arbre, s’empiffrant jusqu’à plus faim. À ses trousses, un gang désuni d’une douzaine de mâles subordonnés se partagent les restes quand ils ne se bagarrent pas. Les cicatrices aux mains, les bouts de queue et d’oreilles manquants ainsi que les boiteries attestent de cette féroce compétition. Ces voyous n’hésitent pas à venir voler la nourriture dans la bouche des femelles et les contraignent parfois à des interactions sexuelles. Curieusement, les femelles, qui émigrent, ne forment pas d’alliances fortes pour contrecarrer les mâles (on ignore exactement pourquoi), recherchant seules les fruits et insectes dont elles se nourrissent. Ici, la stratégie du chacun-pour-soi leur suffit pour élever convenablement leurs enfants, en dépit du climat agressif.

À l’inverse, le sexe faible a pris le pouvoir chez le saïmiri de Bolivie, les femelles dominant les mâles. Au sud-est du Pérou, elles évoluent dans un environnement où leurs fruits préférés s’épanouissent sur des bouquets forestiers assez étendus pour être défendus. Aussi, les femelles choisissent-elles de s’unir en sociétés matrilinéaires pour les défendre contre les autres groupes. Les mâles, non apparentés et très hiérarchisés, forment de petites alliances durables pour améliorer leur statut intra et intergroupe.

Le saïmiri d’Amérique centrale offre une troisième voie : au Costa Rica, sa nourriture préférée étant disséminée de façon éparse sur des petits lopins qu’il serait vain d’essayer de défendre (tous), les femelles n’ont aucun intérêt à s’entraider et c’est au contraire les mâles qui vivent en patrilignées pour mieux rassembler et s’accaparer ces ressources sexuelles éparpillées. Pour cette raison, le système social de cette espèce apparaît relativement égalitaire et pacifique.

Ainsi, l’écologie, à travers la saisonnalité de l’habitat et la compétition pour l’accès aux ressources, influence-t-elle l’organisation sociale des saïmiris, au même titre que les variations locales du taux de prédation, sans pour autant l’expliquer entièrement. L’étude de ces primates, toujours extrêmement difficile, dans d’autres régions pourrait révéler des surprises.

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