Saint-Pierre-et-Miquelon - Définition

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Histoire

De la colonisation au développement de l’archipel

On cite souvent l'arrivée du navigateur portugais Faguendes (Fagundes) le 21 octobre 1520 comme date de découverte de l'île, mais cet évènement pourrait être antérieur, puisqu'il est parfois attribué à d'autres explorateurs, comme Jean Cabot en 1497, ou Verrazano en 1524.

Quoi qu'il en soit, il semble avéré que les îles servaient de base aux pêcheurs normands, bretons et basques au XVIe siècle et l'on date de 1604 les premières installations permanentes de ces derniers. Ils y pratiquaient la chasse baleinière (si l'on se réfère à leur arrivée précoce pour cette activité en Amérique du Nord, la date pourrait être bien antérieure), certainement la baleine franche (dite « baleine des Basques »), la baleine du Groenland et la baleine grise. Ces origines provinciales françaises se retrouvent sur le drapeau de l'archipel.

Au XVIIIe siècle, les îles furent toutefois abandonnées lors de la ratification du traité d'Utrecht pour ensuite être récupérées officiellement par la France lors du traité de Paris de 1763.

Après une défaite infligée par les troupes américaines et françaises, les forces britanniques présentes en Nouvelle-Écosse attaquèrent les îles en 1778 et déportèrent la population, y compris des réfugiés de la déportation des Acadiens de 1755.

Plusieurs voyageurs illustres visiteront l’archipel encore très peu développé, dont le géographe Jean-Dominique Cassini en 1768, et l’écrivain français Châteaubriand en 1791 qui immortalisera l’archipel dans les Mémoires d'outre-tombe.

Lors de la Révolution française, la communauté acadienne quitta subitement l'île de Miquelon pour se réfugier aux îles de la Madeleine, alors que l'exercice républicain à Saint-Pierre connut un terme brutal lors de la nouvelle attaque britannique de 1793.

Il fallut attendre la restauration de Louis XVIII pour que la dernière rétrocession par le Royaume-Uni (dont la Nouvelle-Écosse était encore une colonie) des îles Saint-Pierre-et-Miquelon à la France soit définitive.

Développement moderne et début de prospérité de la colonie

Parmi les visiteurs célèbres de l’époque qui relatent la vie et étudient cette petite colonie française de pêcheurs, dans le dernier morceau de territoire de l’ancienne Nouvelle-France devenu un simple marchepied sur la route de l’Amérique du Nord et les bancs de pêche de Terre-Neuve, on peut citer le comte Joseph Arthur de Gobineau, diplomate et écrivain, vers 1850, ainsi que le docteur Albert Calmette, présent dans l’archipel de 1888 à 1890.

Pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon connut un essor économique important grâce à la pêche à la morue.

L'archipel eut un certain rôle lors de la prohibition aux États-Unis d'Amérique puisque du fait de son statut de colonie française, la loi américaine (le Volstead Act) n’y était pas applicable. L'île connut, de 1919 à 1933, une réelle prospérité grâce au trafic d’alcools, de vins français et de whisky, acheminés clandestinement sur les côtes canadiennes et américaines par des goélettes ou des vedettes rapides (rum runners) construites au Canada et montées par des Saint-Pierrais. Ce fut l'époque des bootleggers.

Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l'armistice de la France, en juin 1940, et son occupation partielle par les Allemands, le gouverneur vichyste Gilbert de Bournat dut négocier avec les autorités des États-Unis afin d'obtenir quelques subsides financés par les réserves d'or françaises.

À cette même époque, le Canada voisin avait préparé, avec l'aval de Washington, un projet de débarquement pour prendre possession de Saint-Pierre-et-Miquelon. Plusieurs prétextes furent avancés, parmi lesquels des émissions radio qui se faisaient l'écho de la propagande de Vichy. Certains avancèrent même que cette station radio aidait les U-Boots allemands présents sur les bancs de Terre-Neuve. Le premier ministre canadien William Lyon Mackenzie King ne permit pas l'exécution de ces plans.

C'est à cette époque que le géologue suisse Edgar Aubert de la Rüe fut astreint en résidence à Saint-Pierre.

Sur l'ordre de Charles de Gaulle et malgré son désaccord, l'amiral Émile Muselier orchestra la libération de Saint-Pierre-et-Miquelon à l'insu et contre l'avis des autorités américaines et canadiennes, mais avec un premier assentiment de Winston Churchill. L'affaire du 24 décembre 1941 fit couler beaucoup d'encre, et cristallisa la méfiance de Roosevelt envers de Gaulle. L'amiral Muselier fit organiser un plébiscite qui fut favorable à la France libre. Saint-Pierre-et-Miquelon fut ainsi l'une des premières terres françaises ralliées à la France libre.

Histoire récente et intégration à la République française

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ancienne colonie devient territoire d'outre-mer (TOM) en 1946. Le général de Gaulle lui marquera sa reconnaissance pour son rôle dans la France libre par une visite le 20 juillet 1967 (avec le croiseur Colbert sur la route de son célèbre voyage au Québec), l'une des trois seules visites d'un chef d'État français (avec celles de François Mitterrand en 1987 et de Jacques Chirac en 1999).

Le 19 juillet 1976, le territoire évolue vers plus d’intégration à la République et devient département d'outre-mer (DOM), avant d'acquérir le statut de collectivité territoriale par la loi N°85-595 du 11 juin 1985. La révision constitutionnelle du 28 mars 2003, qui crée la catégorie générique des collectivités d'outre-mer (COM), y englobe Saint-Pierre-et-Miquelon. Son statut actuel est fixé, dans le code général des collectivités territoriales, par la loi organique N°2007-223 du 21 février 2007.

Traditionnellement, Saint-Pierre-et-Miquelon représentait un intérêt économique important en raison des droits de pêche attachés à la zone économique exclusive de 200 milles marins. L'interprétation divergente de la France et du Canada sur l'application de cette règle internationale donna lieu, à partir de 1988, année de l'arraisonnement du chalutier Croix-de-Lorraine par les Canadiens, à un contentieux entre la France et le Canada.

Suite à l'arbitrage international sans appel de New-York en 1992, la zone maritime attribuée depuis lors à l'archipel se limite à la zone économique exclusive de 12 nautiques à l'est, 24 nautiques à l'ouest, et un corridor de 200 nautiques de long par 10 de large, orienté nord/sud.

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