Quand on compare les effectifs (en %) des étudiants en fonction de la catégorie socio-professionnelle de leurs parents, on distingue effectivement une nette sur-représentation des élèves issus d'un milieu favorisé en classe préparatoire puis en école d'ingénieur et plus encore en école de commerce.
En comparant à d'autres filières éducatives (STS et université) on s'aperçoit que la même dichotomie existe à un niveau plus faible, mais qu'elle tend à s'accentuer avec le niveau d'étude. A nombre d'années d'étude égal, les étudiants de niveau master présentent ainsi un profil social qui se rapproche sensiblement de celui des élèves des grandes écoles.
A contrario, les enfants d'ouvriers et d'employés sont largement majoritaires dans les filières, comme les sections CAP et BEP, qui préparent à des métiers d'ouvriers et d'employés.
Ensemble des ménages | CPGE | Écoles d'ingénieurs | Écoles de commerce | CAP | BEP | STS | Licence | 3e cycle | |
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Cadres et professions intellectuelles supérieures | 14,0 % | 50,8 % | 59,4 % | 67,5 % | 4,2 % | 5,8 % | 14,6 % | 28,7 % | 45,7 % |
Employés et ouvriers | 53,7 % | 14,7 % | 12,4 % | 7,9 % | 52,9 % | 54,2 % | 38 % | 27,4 % | 15,2 % |
La corrélation entre origine sociale et niveau du diplôme n'est donc pas une anomalie de la filière des grandes écoles mais une caractéristique du système scolaire dans son ensemble. En particulier, pour certaines écoles en trois ans, recrutant sur concours, les pourcentages sont proches des pourcentages des filières d'entrée, notamment des classes préparatoires.
En 2008, la hausse du plafond de revenu parental de près de 5 000 euros des bourses sur critères sociaux a conduit à l'augmentation du nombre d'élèves boursiers. Cela a conduit à ce qu'en septembre 2009, 30 % des 42 000 élèves inscrits en première année de classe préparatoires soient boursiers, et a donc permis d'atteindre l'objectif de 30%, fixé par le président de la république française, l'année précédente.
Selon Benoît Floc'h, cela conduira «mécaniquement» à ce que d'ici 2012, 30% des élèves de grande école recruté en classe préparatoire soient boursiers. Toutefois, cette moyenne nationale pourrait cacher des disparités entre les différentes écoles.
Par ailleurs, le 12 novembre 2009, le ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse a annoncé la fixation d'un objectif de 30% de boursiers pour chaque établissement. Le ministre a par la suite précisé qu'«Il ne s'agit pas d'un quota, mais d'un objectif».
Michel Bauer a publié des travaux sur le mode de production des élites en France qui sont tout à fait complémentaires des recherches de Bourdieu. L’un des ouvrages de Bauer, publié en collaboration avec Bénédicte Bertin-Mourot, offre en outre un point de comparaison entre la France et l’Allemagne en ce qui concerne les trajectoires sociales des grands dirigeants de ces deux pays.
Une autre étude sociologique d’envergure a été réalisée sur le thème des grandes écoles par Gilles Lazuech. Alors que Pierre Bourdieu et son équipe s’étaient essentiellement intéressés aux conditions d’accès à ces institutions (classes préparatoires et concours), Lazuech se penche sur l’action pédagogique propre aux grandes écoles françaises, en s’interrogeant sur la capacité de celles-ci à préserver leur spécificité en contexte de mondialisation.
Enfin, quelques monographies ont été réalisées par des sociologues sur l’une ou l’autre de ces grandes écoles. On peut évoquer, parmi d’autres, celle de Denys Cuche sur l’école des Arts et Métiers ou celle, un peu ancienne déjà, de Henri Le More, sur l’École des hautes études commerciales de Paris. Dans une perspective proche de celle de Bourdieu et de Le More, on peut lire sur HEC-Paris le travail plus récent de Yves-Marie Abraham, "Du souci scolaire au sérieux managérial, ou comment devenir un HEC". Monique de Saint Martin, ancienne collaboratrice de Pierre Bourdieu, s’est intéressée plus particulièrement, au cours des années 1990, à la montée en puissance des grandes écoles de gestion. Elle a publié un ouvrage collectif à ce sujet, intitulé : Les écoles de gestion et la formation des élites.