Sprague-Thomson est le nom des premières rames entièrement en métal du métro parisien.
Après la catastrophe de Couronnes en 1903, la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) cherche à mettre au point un matériel roulant fiable et sûr. L'équipement Thomson Multiple est le plus souvent adopté, mais il est complexe. À l'inverse, le « Sprague » venu d'Amérique ne convainc pas.
Le Sprague-Thomson apparaît en 1908 par la synthèse des systèmes précédents. Depuis 1907, la CMP fait construire des rames métalliques. Les motrices 500 forment la première série de Sprague-Thomson que l'on appellera familièrement « Sprague ». Ces voitures entièrement métalliques ont, par motrice, deux moteurs de 175 ch. Une rame de cinq voitures a donc trois motrices. Comportant un grand compartiment d'appareillage électrique, on les appelle « grandes loges ».
Après la Grande Guerre, on construit des motrices améliorées où l'appareillage occupe moins de place : les « petites loges ».
Certaines motrices à grande loge ont été regroupées par deux afin de former des motrices de trains de travaux à deux loges ; elles ont d'abord été peintes en gris, puis plus tard repeintes en jaune. L'arrivée des TMA (tracteur à marche autonome) dans les années 1980 a permis de réformer plusieurs de ces motrices, réforme qui s'est accentuée avec l'arrivée dans les années 2000 des TME (tracteur à marche électrique). Un projet de transformer des voitures de MF 67 en convoi inter-ateliers est en cours afin de remplacer les Sprague actuellement dédiés à ce genre de convois. Les derniers tracteurs Sprague sont prévus pour être réformés courant 2010. Les T.74 et T.94 sont conservés par l'association ADEMAS tandis que le T.95 est conservé par la RATP.
La Compagnie du Nord-Sud fait construire à partir de 1910 des Sprague différentes, avec quatre moteurs de 125 ch et deux motrices par train au lieu de trois. Elles sont de couleur gris-bleu, et non plus vert foncé comme celles de la CMP.
Petit à petit, les caisses s'allongent, passant de 12,6 m à l'origine à 14,2 m à la fin. Les motrices à quatre moteurs de 175 ch apparaissent en 1927 et ont toutes 14,2 m de long. La couleur (vert foncé, clair, gris bleuté) varie avec le temps, de même que le nombre de portes passe de trois à quatre. Les remorques de 1re classe sont rouges sur le réseau CMP, jaunes sur le Nord-Sud. Il y a des remorques mixtes moitié vert moitié rouge. La rame classique comporte deux motrices à quatre moteurs, encadrant trois remorques, dont celle du milieu est 1re classe. Les motrices à quatre moteurs sont construites jusqu'en 1936. Certaines sont issues de modèles anciens reconstruits et pratiquement identique aux neuves.
En 1956, la transformation pour la circulation de rames sur pneus sur la ligne 11 entraîne un lot de Sprague vers la réforme. Elles sont en grande partie transformées en matériel de travaux. Il en sera de même pour les lignes 1 (1963) et 4 (1967).
L'apparition du matériel fer MF 67 en 1968 sur la ligne 3 accélère la réforme du Sprague. Le MF 67 équipe ensuite la ligne 7 puis se disperse sur de nombreuses lignes. En 1975, les lignes 2, 3 bis, 5, 7 bis, 12 sont entièrement exploitées en Sprague et les lignes 8, 9, 10 partiellement. Les dernières motrices à deux moteurs s'effacent en 1976 de la ligne 2. Les Nord-Sud sont parties en 1972.
L'arrivée du MF 77 accélère la chute du Sprague qui se retrouve sur la seule ligne 9. En 1982, c'est virtuellement fini mais l'inondation de la station Église de Pantin met de nombreux MF 67 hors service. La ligne 5 doit reprendre du matériel à la 9 et le Sprague de l'activité. Les quatre dernières rames Sprague de la ligne 9 cessent de rouler le 16 avril 1983 dans une ambiance festive, après 75 ans de bons et loyaux services. Les rames qui roulent en dernier sont les plus jeunes, mais il semblerait que certaines motrices de 1908-1910 aient circulé 65 ans.
Depuis le 11 mai 2010, la RATP a émis une interdiction de circulation du matériel Sprague durant le service voyageurs. Mais la RATP est susceptible d'autoriser exceptionnellement des circulations, par exemple dans le cadre des Journées européennes du patrimoine.