Transformisme - Définition

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Le revirement de Lamarck

En introduisant les données géologiques et le facteur temps, dû au grand âge de la Terre, Lamarck cerna la faille de la théologie naturelle et des explications antérieures de l'extinction des espèces. Selon lui, l'idée d'une création parfaite des organismes, qui seraient parfaitement adaptées à l'environnement, contredisait la modification avérée et continue de la Terre. Conséquemment, les espèces, se devant d’être en équilibre avec leur environnement pour survivre, devaient aussi changer, car les adaptations, dans de telles conditions de changements géologiques, ne pouvaient être maintenues que si les organismes s’ajustaient constamment aux circonstances, c’est-à-dire évoluaient.

La nouvelle conception de Lamarck faisait des extinctions un pseudo-problème: les espèces fossilisées que l’on croyait éteintes existaient encore ; elles avaient tout simplement changé dans de telles proportions qu’on ne les reconnaissait plus, sauf quand on pouvait suivre, en étudiant une série ininterrompue de fossiles, une évolution extrêmement lente.

Et c’est précisément de cette manière que plusieurs historiens expliquent le revirement de positions que Lamarck effectue entre son Discours d’ouverture pour son cours annuel sur les invertébrés en 1799 et celui de 1800. En effet, Lamarck, alors essentialiste, adopta des positions fixistes dans ses travaux pendant une trentaine d’année avant de modifier radicalement sa vision du monde, à plus de 50 ans, et de devenir le premier défenseur du transformisme en France, théorie radicalement révolutionnaire et à contre-courant. Comment expliquer cette mutation théorique chez Lamarck ?

Selon Ernst Mayr (1904-2005)[réf. incomplète], Lamarck accepta de prendre en main, à la fin des années 1790, la collection d’invertébrés du Muséum de Paris, à la mort de son ami Jean-Guillaume Bruguière (1750-1798), une collection impressionnante qui contenait à la fois des mollusques récents et d’autres fossilisés. Lors de ses études sur cette collection, Lamarck réalisa que plusieurs espèces actuelles de moules et de mollusques possédaient des ressemblances étonnantes avec certaines espèces fossiles considérées comme éteintes.

Effectivement, il était souvent possible de ranger les fossiles des couches anciennes et récentes du tertiaire selon une série chronologique se terminant par une espèce actuelle. Dans le cas où le matériel était complet, il était même possible d’établir des séries phylétiques virtuellement sans rupture. Il finit par conclure que de nombreuses séries phylétiques avaient subi un changement lent et graduel au cours du temps.

Pour Lamarck, le changement évolutif était donc la seule réponse logique au problème des extinctions. Il élabora ainsi le premier une théorie scientifique systématique de l’évolution de la vie, qui formule, en postulant l’origine de la vie sur Terre consécutive à une génération spontanée, une progression graduelle des organismes les plus simples vers les plus complexes ou organisés – soit l’Homme, dans la vision de Lamarck - pour expliquer les transformations des êtres vivants. Ainsi, l’image linéaire de la Grande Chaîne des Êtres est, pour une première fois, remplacée par celle d’un arbre buissonnant : Lamarck postule deux principaux troncs évolutifs, l’un pour le règne végétal, l’autre pour le règne animal.

Débats scientifiques en France

La France dut attendre l’apparition de la théorie transformiste de Lamarck pour qu’un véritable débat sur la théorie de l'évolution éclate. Contrairement à Buffon (1707-1788), qui tempérait ses positions, Lamarck n’avait pas peur de l’affrontement. Il fut cependant durement attaqué à la fin de sa vie par Cuvier, le célèbre paléontologiste champion du fixisme. Néanmoins, la mort de Lamarck ne marqua pas la fin de l’évolutionnisme en France : en 1825, le zoologiste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844), fondateur de la tératologie, science étudiant les monstres de la nature, se déclarait ainsi, dans la lignée de Lamarck, évolutionniste.

Bien que le transformisme de Saint-Hilaire soit distinct du transformisme de Lamarck, on y retrouve toujours l’idée de l’hérédité des acquis. Geoffroy Saint-Hilaire participa au transformisme principalement dans ce que l’on appellera la controverse des « crocodiles » de Caen contre Cuvier.

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