Usine North American de Kansas City (Kansas) - Définition

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Les origines

Après les premiers succès de l'Allemagne nazie, en mai et juin 1940, le président Roosevelt demanda au Congrès une augmentation du budget de la Défense et envisagea de porter à 50 000 avions par an les capacités de production de l'industrie aéronautique américaine. Cela supposait de multiplier par trois la surface des usines et par cinq la main-d'œuvre nécessaires. Pour surmonter les hésitations des industriels, il fut décidé qu'un organisme public, la Defense Plant Corporation, prendrait en charge le financement des nouvelles installations, qui seraient louées aux entreprises privées. Ces usines furent connues pendant la guerre comme government-owned, contractor-operated ou GOCO.

L'US Army Air Corps (USAAC), commandé par le général Arnold, envisagea d'abord la construction de deux usines GOCO pour produire chaque mois 200 bombardiers moyens dans l'une et 100 bombardiers lourds dans l'autre. Pour des raisons de sécurité et pour mieux répartir l'industrie aéronautique sur le territoire des États-Unis, ces usines devaient être construites à l'intérieur du pays. A l'automne 1940, la ville d'Omaha (Nebraska) fut sélectionnée pour accueillir une usine de bombardiers B-26, et Tulsa (Oklahoma) pour une usine de quadrimoteurs B-24. Le 7 décembre 1940, fut annoncée la construction de deux usines supplémentaires : l'une à Fort Worth (Texas) pour des B-24 et l'autre à Kansas City (Kansas) pour des bombardiers moyens B-25. Cet appareil avait été conçu par la firme North American Aviation d'Inglewood (Californie) et c'est également elle qui devait exploiter l'usine de Kansas City.

Le personnel

Au début de 1942, l'usine employait 1 358 personnes, dont un certain nombre d'ouvriers qualifiés venus de Californie, les autres fraîchement émoulus de deux centres de formation établis à Kansas City. Dans un premier temps, seuls les hommes de 18 à 35 ans étaient acceptés, mais cette situation changea bientôt en raison du service militaire et des engagements volontaires. Des hommes plus âgés puis des femmes furent embauchés. Comme dans beaucoup de nouvelles usines du Middle West, très peu de ces nouveaux ouvriers avaient une quelconque expérience du travail en usine. Une forte proportion était constituée d'anciens agriculteurs, de femmes au foyer, d'employés de bureau ou de vendeurs.

Les efforts qu'ils firent pour maîtriser leur nouveau métier contribuèrent au succès de la construction des B-25 à Kansas City. Les motivations du personnel étaient doubles : une très forte éthique du travail et le patriotisme, qui s'exprimait dans des mots simples : « battre d'Axe », « nous avions tous une cause pour laquelle nous travaillions », « construisons ces avions et gagnons la guerre ! ». Les salaires versés aux travailleurs de la construction aéronautique étaient en moyenne de 25 dollars par semaine en 1940, mais ils dépassaient 55 dollars en 1945.

Les femmes occupèrent d'abord des emplois de bureau ou de magasinier, mais à partir de mars 1942, les centres de formation commencèrent à les accueillir. A l'automne 1942, 27 pour cent du personnel était féminin et un an plus tard la proportion s'élevait à 39 pour cent, soit 9 125 femmes sur 23 500 travailleurs, l'effectif maximum atteint par l'usine. Cette proportion correspondait à la moyenne nationale dans la construction aéronautique. Les femmes travaillaient alors dans pratiquement tous les services de l'usine et occupaient de nombreux postes dans les ateliers.

Au démarrage du projet, le président de North American, Kindelberger, fit savoir qu'aucun Noir ne serait directement occupé dans l'usine à la construction des avions, ce qui déclencha les protestations du maire de Kansas City, d'un sénateur et des organisations de défense des Afro-Américains. Une situation similaire prévalait dans de nombreuses usines si bien que devant la menace brandie par des syndicalistes noirs d'une grande marche sur Washington, le président Roosevelt nomma un comité qui énonça l' « Executive Order 8802 », le 25 juin 1941, établissant qu'il ne devait y avoir « aucune discrimination dans l'emploi des travailleurs des industries de la défense ou de l'État en raison de la race, de la religion, de la couleur ou des origines nationales ». Un Fair Employment Practice Committee fut créé pour enquêter sur les cas de discrimination.

Pour ne pas prendre le risque de perdre des contrats fédéraux, la direction de North American à Kansas City accepta d'embaucher des ouvriers « non blancs » dans une proportion égale à leur pourcentage dans la population de Kansas City, soit 10 pour cent. Quelques ouvriers noirs furent formés et travaillèrent effectivement à la construction des avions. En octobre 1943, ils représentaient 5,5 pour cent du personnel, mais la plupart travaillaient dans le « Department 47 », chargé de l'entretien et de divers services, et pas à la production. La situation était pire dans de nombreuses usines du Grand Kansas City, mais la discrimination était manifeste chez North American.

Deux équipes de dix heures se relayaient chaque jour à l'usine, six jours par semaine, ce qui fatiguait le personnel, laissait peu de temps pour la vie de famille et rendait encore plus aiguës les difficultés de transport. Cette organisation était aussi l'une des causes d'un fort absentéisme — il s'élevait à 8,2 pour cent en janvier 1943. C'est pourquoi la direction de l'usine introduisit en octobre 1943 un jour de repos supplémentaire dans la semaine tous en conservant les deux équipes de dix heures. La distribution de « War bonds » et d'autres mesures incitatives contribuèrent à réduire l'absentéisme, qui tomba à 3,2 pour cent au début de 1945. Des arrêts de travail paralysèrent néanmoins l'usine en octobre 1944, provoquant la colère d'un groupe de militaires qui s'en prit violemment au piquet de grève.

North American encourageait ses employés à acheter des War Bonds, à donner leur sang à la Croix-Rouge et à donner de l'argent ou des vêtements aux organisations humanitaires. Ils y étaient notamment incités par deux journaux destinés au personnel de l'entreprise : le North Ameri-Kansan, un hebdomadaire centré sur l'usine de Kansas City, et Skyline, un bimensuel distribué dans les trois usines de l'entreprise et donnant des informations plus générales.

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