En topologie, si
est une suite à valeurs dans un ensemble E, une valeur d'adhérence de la suite (un) est un point de E près duquel s'accumulent une infinité de termes de la suite. Pour donner un sens mathématique à cela, il faut pouvoir mesurer la proximité, ce qui nécessite de munir E d'une topologie. La notion de valeur d'adhérence dépend alors de la topologie choisie. Dans un espace où toutpoint admet une base dénombrable de voisinages (c'est le cas notamment dans un espace métrique, comme
ou
) les valeurs d'adhérence d'une suite sont les limites de ses sous-suites. Cette dernière propriété est souvent prise comme définition d'une valeur d'adhérence, mais n'est cependant pas équivalente à la définition la plus générale.
Cas des suites réelles
Le fait que
soit un espace métrique permet de donner plusieurs caractérisations équivalentes de l'ensemble des valeurs d'adhérence d'une suite réelle.
Définition et caractérisation
Soient
une suite réelle et a un nombre réel, on dit que a est une valeur d'adhérence de (un) s'il existe une sous-suite de (un) qui converge vers a.
Ceci est équivalent aux deux propriétés suivantes :
l'ensemble
est infini.
La deuxième propriété n'est qu'une reformulation ensembliste de la première. Pour montrer l'équivalence de la première propriété avec la définition, il suffit de remarquer que le ε peut être aussi petit que l'on veut, ce qui permet de trouver une sous-suite qui converge vers a. Plus précisément, on a la démonstration suivante :
On suppose qu'il existe une sous-suite
qui converge vers a, et on veut en déduire la propriété 1. Soient ε>0 et
. La définition de la convergence nous fournit un entier N0 tel que :
On choisit alors un entier n0 plus grand que N0 et N, et on pose
. On a ainsi d'une part
(puisque
et
) et d'autre part
(puisque
).
Réciproquement, considérons une suite vérifiant la propriété 1, et construisons par récurrence une extraction
(c'est-à-dire une application strictement croissante
) telle que la sous-suite
vérifie la propriété suivante :
Pour n = 0, il existe n0 tel que
. On note
un tel entier.
Supposons
définie jusqu'au rang n, la propriété 1 appliquée à
, nous fournit au moins un entier tel que
. On peut alors noter
un tel entier.
Il est maintenant clair que la sous-suite ainsi construite converge vers a, ce qui achève la démonstration.
Exemples
la suite (( − 1)n) admet 1 et − 1 comme valeurs d'adhérence. En effet, les termes pairs sont constants à 1 et les termes impairs constants à − 1.
la suite (sin(n)) admet l'intervalle [ − 1,1] comme ensemble de valeurs d'adhérence. Ceci résulte du fait que
est dense dans
.
la suite (( − 1)nn) n'admet pas de valeur d'adhérence dans
. Mais dans la droite réelle achevée, la même suite admet
et
comme valeurs d'adhérence.
la suite (( − 1)nn + n) admet 0 comme unique valeur d'adhérence mais ne converge pas. Dans la droite réelle achevée, la même suite admet
et 0 comme valeurs d'adhérence.
Ensemble des valeurs d'adhérence
Les exemples montrent que l'ensemble des valeurs d'adhérence d'une suite peut être vide ou avoir un ou plusieurs éléments, voire une infinité.
Cet ensemble F est toujours fermé. En effet, la formulation ensembliste de la définition est :
Ce qui montre que F est fermé, comme intersection de fermés.
Dans le cas d'une suite réelle, le plus petit et le plus grand élément de ce fermé sont respectivement les limites inférieure et supérieure de la suite.