Vespasienne - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

La dernière vespasienne parisienne du boulevard Arago, devant la Prison de la Santé.

Une vespasienne est un urinoir public pour hommes, placé sur les trottoirs ou dans des aires publiques telles que les parcs. Ce genre d'urinoirs, équipé de cloisons afin de préserver l'intimité, dispose parfois de chasses d'eau. Les premières sont créées en 1834. À Paris, en 1980, elles laissent la place aux sanisettes, également adaptées à un usage féminin. Plusieurs historiens et sociologues, dont Laud Humphreys, se sont intéressés à ces édicules.

Origine du nom

La vespasienne doit son nom à l'empereur romain Vespasien, qui a étendu le chrysargyre, un impôt spécial atteignant l'industrie et le commerce, à la collecte de l'urine, utilisée par les teinturiers pour préparer les étoffes avant de les mettre en couleur ou, quelquefois, pour dégraisser les laines, les étoffes, et ouvrages faits de laine, comme draps, ratines, serges, bas, bonnets, etc. Moqué pour cet impôt, il aurait répondu : « L'argent n'a pas d'odeur » (« pecunia non olet »), phrase devenue proverbiale.

Lieu de rendez-vous

« Lieu de rendez-vous des résistants pendant la Seconde Guerre mondiale ou lieu de drague appartenant aux itinéraires complexes d’une géographie du désir condamné », elles font l'objet de nombreuses anecdotes. « Ainsi ce ministre de l’Information de la 4e République, coincé dans une rafle de pissotière et qui, reconnu par un policier qui lui demande, éberlué, ce qu’il fait là, lui répond sobrement : "Je m’informe, voyons" ». Les vespasiennes sont également un lieu de rencontre prisé des prostitués masculins.

Vespasienne de la ville de Limbourg (Belgique).

Plusieurs écrivains, dont Roger Peyrefitte et Jean Genet, ont mentionné dans leurs ouvrages le rôle des vespasiennes dans l'univers homosexuel. « La Grande Thérèse [un travesti], attendait les clients dans les tasses. Au crépuscule, dans une des pissotières circulaires, près du port elle apportait un pliant, s’asseyait et faisait son tricot, son crochet. Elle s’interrompait pour manger un sandwich. Elle était chez elle » (Genet, 1947a, p. 167). « Lieu d’une sociabilité atypique, aujourd’hui disparue, des amitiés et des amours s’y sont nouées. » Le sociologue américain Laud Humphreys a consacré un essai à ce sujet en évoquant notamment la fin des rafles policières lors des premières manifestations de la libération gay aux États-Unis.

Dans son roman Des Français, un long chapitre est consacré à ces édicules par Roger Peyrefitte, qui, pour reprendre une de ses propres phrases, « payait peut-être un tribut de reconnaissance pour un organe autre que la vessie ». Selon lui, c'est au lendemain de la Libération que les gouvernements décident de supprimer ces lieux de rendez-vous au prétexte qu'ils pervertissent le moral du pays : « Les vespasiennes les plus proches des casernes disparurent les premières : il y allait du salut de la France. On supprima aussi aux abords des usines des vespasiennes prolétaires où de jeunes apprentis prodiguaient des joies coupables aux ouvriers syndiqués. » La menace se fait plus sérieuse en 1961 quand le conseil municipal de Paris décide leur suppression graduelle en raison de la mauvaise réputation de ces lieux et de l'odeur pestilentielle qui en émane. Selon Peyrefitte il y eut une accalmie : « Une ligue, menée par un Anglais puritain, et les doléances d'honnêtes pisseurs ont permis d'arrêter le massacre. » Mais ce n'est qu'un répit : le Conseil de Paris a voté le 28 janvier 1980 la fin de la gratuité des toilettes publiques parisiennes.

Page générée en 0.236 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise