L’abbaye Notre-Dame de Lure est une ancienne abbaye fondée au XIIe siècle et située dans la forêt de la montagne de Lure sur la commune de Saint-Étienne-les-Orgues, à 1 200 m d’altitude.
La légende rapporte que l'ermite saint Donat, vivant près de Peyruis, serait venu se retirer dans ce lieu particulièrement isolé et y fonder l’abbaye Notre-Dame de Lure au VIe siècle. Elle aurait été détruite au XIe, puis donnée à l’Abbaye Notre-Dame de Boscodon qui la refonde en 1166.
Plus probablement, elle a été fondée ex nihilo en 1165 par essaimage de l'abbaye de Boscodon, elle-même filiale de l'abbaye Notre-Dame de Chalais (l'abbaye-mère, près de Voreppe en Isère).
Ses abbés ont une haute réputation, ce qui permet à l’abbaye d’attirer de nombreux dons. Elle est rattachée au chapitre d’Avignon en 1318, ce qui aggrava la décadence déjà commencée. L’abbaye est sécularisée au début du XVe siècle.
L’église est abandonnée, et tombe en ruines au début du XVIIe siècle. Elle est reconstruite de 1637 à 1659.
Elle est aujourd'hui composée essentiellement de l'église abbatiale, vestige le mieux conservé de l'ouvrage initial. Le cloître et les bâtiments conventuels ont été détruits par les effets conjugués des ans, du climat et des hommes. Ne reste des communs de l'abbaye plus que deux salles voûtées. L'une d'entre elles constitue le sous-sol de l'ermitage actuel.
Une nouvelle campagne de restauration s'est ouverte en 1975 sous l'égide de l'association des Amis de ND de Lure qui a organisé pendant plus de trente ans sur le site un chantier de jeunes bénévoles sous la direction de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques.
Devant l'église s'ouvre une esplanade, ornée de magnifiques tilleuls et d'un immense noyer certainement plusieurs fois centenaires.
La disposition des lieux a commandé l'orientation des bâtiments : de ce fait, l'église, contrairement à l'usage, a son chevet tourné vers le nord-est (et non à l'est) ; les bâtiments conventuels (cloître etc.), aujourd'hui ruinés, se trouvaient à l'est de l'église et les communs, dont la cave de l'ermitage, belle salle voûtée, en est un vestige, à l'ouest.
Elle a la forme d'une croix latine et se compose d'une nef de quatre travées voûtées en plein cintre (environ 10 m sous voûte), prolongée par un cœur à chevet plat, le sanctuaire étant légèrement surélevé ; au niveau de la quatrième travée, s'ouvre un faux transept qui donne accès à 2 chapelles. Le transept et les chapelles sont couverts d'une voûte en berceau légèrement brisé.
L'édifice est bien éclairé au niveau de la nef par de larges baies vers le sud-est et d'étroites meurtrières au nord-ouest, mais plus largement encore dans le sanctuaire qu'illuminent trois baies et un oculus en forme de croix.
Vers le nord-ouest, l'édifice a été agrandi, dès la fin du XIIe par l'adjonction d'un faux collatéral, qui se présente sous la forme d'une galerie, couverte d'une voûte en demi-berceau. Un portail à trois voussures en plein cintre s'ouvre dans la première travée, dans l'axe de l'entrée primitive de l'église.
Le rez-de-chaussée de l'ermitage, aujourd'hui très enterré, est une construction longue de 20 mètres, bien appareillée, voûtée en berceau continu, dans laquelle on accédait par de deux portes ouvertes au midi mais actuellement obturées.
L'église est classée monument historique en 1980 avec les communs subsistants.