Mars 1793. Victorieuses à leur tour, les troupes autrichiennes entrent dans Liège.
Pour les moines de Saint-Laurent, ce retour à l'ancien régime est un miracle. Redevenus maîtres chez eux, ils quittent leurs cellules à l'étage et descendent dresser le bilan des dégâts. Les «sans-culotte» et la «canaille liégeoise» n'ont rien respecté, ils ont profané l'église et emporté les ciboires. Dans les salles du rez-de-chaussée, c'est un vrai désastre : paillasses éventrées et nauséabondes, aliments pourris, murs salis, peintures abîmées, meubles cassés, crasse innommable. Les Bénédictins font évacuer les décombres, nettoyer les murs, restaurer le mobilier, procéder à des réparations pour près de vingt mille florins…
En 1830, le gouvernement de la nouvelle Belgique indépendante rend à l'ancienne abbaye de Saint-Laurent son destin d'hôpital militaire. Dès 1831, on y soigne les blessés du corps expéditionnaire français venu aider au maintien de l'indépendance belge.
En 1839, des religieuses augustines de l'Hôtel-Dieu de Paris viennent y servir à la demande de la reine Louise-Marie d'Orléans (épouse du premier roi des Belges Léopold).
On leur fait construire un couvent dans l'angle nord du domaine.
Ces hospitalières feront preuve d'un dévouement héroïque lors de l'épidémie de choléra de 1848.
Elles serviront à Saint-Laurent jusque dans les années 1970.
En 1893, alors qu'on aménage de nouveaux bâtiments pour une caserne d'artillerie, le porche datant du XVe siècle est sauvé de la démolition grâce à une pétition populaire.
Sous le régime hollandais, l'ancienne abbaye de Saint-Laurent est d'abord aménagée en caserne : une garnison de mille hommes y stationne le temps qu'on agrandisse la citadelle sur les hauteurs de Sainte-Walburge.
De 1823 à 1825, l'endroit devient une prison militaire, puis le gouvernement, qui a repris la propriété des lieux, met les bâtiments à la disposition d'un industriel qui y installe une fabrique de mousseline.
En 1940, le personnel s'étant replié sur ordre dès le 11 mai, c'est la Croix-Rouge qui gère l'hôpital malgré l'occupation allemande : aide aux familles des soldats, des prisonniers de guerre, des victimes des bombardements…
En septembre 1944, à la libération de Liège, les Américains installent à Saint-Laurent le «15th General Hospital» de l'US Army.
Des locaux de l'école Saint-Laurent toute proche sont réquisitionnés comme centre de rapatriement pour héberger les prisonniers ramenés d'Allemagne au fur à et mesure de l'avance alliée.
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Après la guerre, les bâtiments de l'ancienne abbaye continuent de servir d'hôpital militaire, sous le nom de «Quartier Lieutenant-Médecin Joncker», en mémoire d'un héros liégeois de la guerre 14-18.
De 1948 à 1953, ont lieu d'importants travaux de restauration, qui s'achèvent par le placement de grilles monumentales le long de la rue Saint-Laurent.