Helosciadium repens | |||||||||
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Classification classique | |||||||||
Règne | Plantae | ||||||||
Division | Magnoliophyta | ||||||||
Classe | Magnoliopsida | ||||||||
Ordre | Apiales | ||||||||
Famille | Apiaceae | ||||||||
Genre | Apium | ||||||||
Nom binominal | |||||||||
Helosciadium repens (Jacq.) W.D.J.Koch, 1824 | |||||||||
Classification phylogénétique | |||||||||
Ordre | Apiales | ||||||||
Famille | Apiaceae | ||||||||
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L’Ache rampante (Helosciadium repens) est une petite plante vivace de la famille des apiacées, vivant en lisière des zones humides. Elle est proche de l'ache faux-cresson, Helosciadium nodiflorum, avec laquelle elle a été longtemps — et reste parfois — confondue. Il s'agit d'une espèce presque exclusivement européenne qui a connu une forte régression au cours du XXe siècle, au point de justifier divers statuts de protection en Europe.
L'ache rampante est une hémicryptophyte pluriannuelle, c'est-à-dire une plante vivace susceptible de vivre plusieurs années, et dont les parties aériennes disparaissent à la mauvaise saison, les organes situés au ras du sol étant seuls conservés.
La période de floraison s'étend de juin à septembre, avec un maximum en en juillet-août. La pollinisation, au moins partiellement allogame, est réalisée par des insectes (entomogamie). La dispersion des graines a lieu à l'automne.
La dissémination des graines est de type hydrochore : celles-ci sont transportées par l'eau et sont capables de flotter 50 jours au moins avant de tomber au fond.
La graine peut conserver son pouvoir germinatif longtemps dans la banque de graines du sol et sortir de dormance à la suite d'un étrépage, ou de sa mise à jour par un animal ou par tout autre processus d'érosion.
De nombreux auteurs le soulignent, Helosciadium repens peut très facilement être confondue avec sa proche parente Helosciadium nodiflorum, beaucoup plus répandue et abondante, et dont certaines formes lui ressemblent fortement. Les raisons de ces difficultés sont à la fois pratiques et historiques.
L'identification de l'ache rampante soulève de véritables difficultés sur le terrain, en raison de sa ressemblance avec l'ache nodiflore, mais surtout du fait de la très forte variabilité de celle-ci. Il existe en fait un véritable continuum morphologique entre les formes typiques de chacune des deux espèces. L'essentiel de cette variation est liée à la plasticité phénotypique d’Helosciadium nodiflorum qui est susceptible d'occuper une grande variété d'habitats des zones humides et dont la morphologie varie en conséquence ; certaines formes exondées (notamment la variété ochreatum) divergent grandement de la forme type et ressemblent à s'y méprendre à l'ache rampante. Divers variants de l'ache nodiflore ressemblant plus ou moins fortement à l'ache rampante ont ainsi reçu de la part des anciens botanistes des appellations particulières : H. nodiflorum var. pseudorepens H.C. Watson (1867), ou H. nodiflorum var. longipedunculatum Schultz forma simulans Riddelsdell. La difficulté s'accroît encore du fait que la forme de l'ache rampante, quoique plus stable, est elle-même susceptible de se rapprocher de celle de l'ache nodiflore.
Face à une telle variation et à une telle continuité des caractères morphologiques, on est fondé soit à postuler l'existence d'hybrides, soit à s'interroger sur la réalité de la séparation en deux espèces. L'existence d'hybrides H. nodiflorum x H. repens fut avancée par Harry Joseph Riddelsdell en 1917, et George Claridge Druce décrivit par la suite un hybride supposé sous le nom (non valide) d’Apium x riddelsdellii ; les exemplaires concernés ont toutefois depuis lors été considérés comme de simples variétés d’H. nodiflorum. À l'heure actuelle, rien en fait ne prouve véritablement la réalité d'une telle hybridation.
Concernant l'identité spécifique de l'ache rampante par rapport à l'ache nofiflore, les caractères morphologiques sont de peu d'utilité en raison de la continuité des variations entre les deux espèces supposées. Au plan génétique, la formule chromosomique n'est pas plus concluante puisque, alors que le nombre de chromosomes (2n) est de 22 pour H. nodiflorum, les études cytologiques concernant H. repens sont ambiguës. Une étude moléculaire de 1996 a toutefois permis de conclure à la séparation des deux espèces : l'ache rampante est bien une espèce distincte.
L'ache rampante se distingue de l'ache nodiflore par les caractères suivants :
Organe | Caractère | H. nodiflorum | H. n. ochreatum | H. repens |
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Tiges | Aspect | robustes, couchées-ascendantes | grêles, couchées | |
Racines | aux nœuds inférieurs seulement | à tous les nœuds | ||
Ombelle | Pédoncule | nul ou très court | inférieur aux rayons | supérieur aux rayons |
Nb bractées | 0 à 2 | 3 à 7 | ||
Folioles | Dents | régulières | irrégulières | |
Forme | plus longues que larges | aussi longues que larges souvent bilobées | ||
Fruits | Forme | plus longs que larges | un peu plus larges que longs | |
Longueur | 1,5 à 2,5 mm | 0,7 à 1 mm |
L'histoire taxonomique d’H. repens est suffisamment confuse pour avoir dans le passé provoqué des problèmes d'identification. L'espèce a pourtant été reconnue pour la première fois dès 1775 par le botaniste néerlandais Nikolaus Joseph von Jacquin, et décrite dans sa Flora Austriaca sous le nom de Sium repens. Le gere Sium avait été créé en 1754 par Linné pour diverses apiacées parmi lesquelles Sium nodiflorum, l'actuelle Helosciadium nodiflorum. Au début du XIXe siècle, entre autres changements génériques, l'ache rampante sera successivement transférée dans le genre Apium par Mariano Lagasca y Segura en 1821, puis dans le genre Helosciadium créé par Wilhelm Koch en 1824, avant d'être réintégrée dans le genre Apium en 1867 par Heinrich Reichenbach.
Plus problématique au plan de la capacité des botanistes de terrain à identifier l'espèce, Gaston Bonnier et Georges de Layens, auteurs d'une très célèbre flore publiée pour la première fois en 1887, considèrent que l'ache rampante n'est qu'une sous-espèce de l'ache nodiflore et la décrivent sous le nom d’Helosciadium nodiflorum subsp. repens. Cette opinion sera reprise par Paul Victor Fournier, auteur d'une autre flore de référence publiée en 1940.