Akira Miyawaki - Définition

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Méthode et conditions de réussite

La méthode Miyawaki, de reconstitution « de forêts indigènes par des arbres indigènes » produit un faciès pionnier forestier riche, dense et efficacement protecteur en 20 à 30 ans, là où la succession naturelle aurait nécessité 200 ans au Japon tempéré et 300 à 500 ans en zone tropicale. Sa réussite nécessite le respect des phases suivantes :

  • Étude initiale rigoureuse du site et de la végétation naturelle potentielle lui correspondant ;
  • Repérage et collecte localement ou à proximité et dans un contexte géoclimatique comparable d’un grand nombre de graines d’essences natives diversifiées et adaptées au contexte édaphique (sol/climat) ;
  • Germination en pépinière (ce qui demande une technicité adaptée pour certaines essences, qui par exemple ne germent dans la nature qu’après être passées dans le tractus digestif d’un certain animal, ou qui ont besoin de tel ou tel champignon symbiote, ou d’une phase de dormance au froid, etc.) ;
  • Préparation du substrat s'il est très dégradé (apport de matière organique/paillage (avec par exemple 3 à 4 kg de de paille de riz par m2 pour remplacer la protection offerte par l'humus superficiel et le tapis de feuilles mortes) et (dans les régions où il pleut beaucoup et fort) plantation sur des buttes pour les espèces à racines pivot qui nécessitent un sol de surface bien drainé, les flancs de la butte et les creux pouvant être plantés avec des espèces plus ubiquistes ou à racines superficielles (cèdre, cyprès japonais, pin..) ou appréciant les sols engorgés ;
  • Plantation respectant une biodiversité initiale inspirée de celle du modèle de la forêt naturelle. Miyawaki met en œuvre et recommande des plantations inhabituellement denses, de plants très jeunes mais dont le système racinaire est déjà mature (avec bactéries et champignons symbiotes présents) ; par exemple des chênes de 30 cm issus de glands, et ayant grandit en pépinière durant deux ans. La densité vise à favoriser la compétition entre espèces et l'établissement de relations phytosociologiques proches de ce qu'elles seraient dans la Nature (30 à 50 plants par m2 en zone tempérée, jusqu'à 500 voire 1000 plantules par m2 à Bornéo) ;
  • Plantations réparties dans l’espace en cherchant à copier la manière dont les plants seraient répartis dans une clairière ou en lisière de forêt naturelle (surtout pas en alignements ni en quinconce). En cela et pour partie, il se rapproche des méthodes de type Prosilva en Europe.

Les résultats obtenus montrent que cette méthode, si elle est bien appliquée, produit rapidement une forêt multistrate et selon lui, un sol dont la composition microbienne et en acariens est rapidement proche de celle de la forêt primaire normale. Il a publié plusieurs dizaines de livres, traités, et articles sur ses thèmes de recherche et ses résultats.

Premières expériences

Ses premiers essais de terrain ont montré que les plantations dont la composition et la structure étaient les plus proches de ce qu’elles seraient en forêt en l’absence d’activités humaines poussaient rapidement et surtout faisaient preuve d’une très bonne résilience écologique.

A. Miyawaki a peu à peu constitué une importante « banque de graines » permanente (plus de 10 millions de graines identifiées et classées en fonction de leur origine géographique et édaphique). Elles proviennent pour la plupart des restes de forêts naturelles conservées durant des générations autour des temples et des cimetières traditionnels japonais grâce à la croyance traditionnelle du « Chinju-no-mori ». Ces lieux ont permis la conservation de milliers de petites réserves d’essences autochtones et de gènes d'arbres descendants de la forêt préhistorique.

Poursuivant d’une certaine manière cette tradition de perpétuation, mais avec une logique plus écologique et économique, en se basant sur des études de terrain et d’écologie végétale, il a proposé un plan de restauration des forêts indigènes, pour la restauration de Forêt de protection environnementale, de la ressource en eau et contre les risques naturels (Environmental protection, disaster prevention, and water source protection forests).

Ses propositions n’ont d’abord pas rencontré d’échos favorables. Puis, au début des années 1970, la Nippon Steel Corporation, qui voulait planter des forêts sur des remblais autour de son aciérie d’Ōita, s’est intéressée aux travaux du Dr. Miyawaki et lui a confié une première opération après la mort des premières plantations classiques.

Ce dernier a identifié la végétation potentielle naturelle de la zone, en étudiant les forêts jouxtant deux tombeaux proches (d’Usa et de Yusuhara). Il a ensuite choisi diverses essences d’arbres qu’il a testées sur le substrat à boiser. Puis il a constitué une pépinière dont les plants ont été mélangés et plantés sur le site aujourd’hui boisé d’une forêt exclusivement composée d’essences indigènes.

La Steel Corporation a été si satisfaite qu’elle a dans les 18 ans qui ont suivi planté des forêts avec cette méthode sur tous ses sites d’aciéries, à Nagoya, Sakai, Kamaishi, Futtu, Hikari, Muroran, et à Yawata.

Depuis, le Dr. Miyawaki et ses collaborateurs ou partenaires ont couvert avec succès plus de 1 300 sites des forêts multistrates de protection contre les risques, entièrement composées d’essences indigènes. La méthode a été testée avec succès dans presque tout le Japon, sur des substrats parfois difficiles (plantations destinées à atténuer les effets de tsunamis sur le littoral, ou de cyclones sur le port de Yokohama, fixation de remblais et décharges sur le littoral, d’ îles artificielles, fixation de pentes éboulées suite à la construction de routes (le Japon est situé sur une zone sismique active), création d’une forêt escaladant la falaise fraîchement taillée à la dynamite pour installer le surgénérateur Monju (équivalent de superphénix), etc. ).

Ses actions ont été largement appuyées par des sociétés d’assurances, des industriels, collectivités et de nombreux aménageurs (mesures conservatoires ou compensatoires) et l’Etat (Ministère des transports en particulier).

En zone tropicale : Dès 1978, le Dr. Miyawaki a aussi contribué à des inventaires de végétation en Thaïlande, en Indonésie, et en Malaisie.

La plupart des experts estiment que, sur un sol latérisé et désertifié suite à la destruction d’une forêt tropicale humide, la restauration rapide d’une forêt est impossible ou très difficile. A. Miyawaki a montré - réussites spectaculaires à l’appui - qu’en utilisant un choix judicieux d’essences pionnières et secondaires autochtones, mycorhisées, très densément plantées, la restauration rapide d’un couvert forestier protégeant et restaurant le sol était possible. À partir de l’étude de l’écologie végétale naturelle locale, il utilise les essences qui ont des rôles-clé et complémentaires dans la communauté végétale arborée normale. Ces essences sont accompagnées d’une grande diversité d’essences d’accompagnement (40 à 60 types de plantes, voire plus en zone tropicale) pour les « soutenir ».

Depuis 1990, le Dr. Miyawaki se consacre à la restauration des forêts tropicales humides très dégradées, notamment celle de Bintulu (Sarawak, Malaisie). Grâce à des sponsors (ex Mitsubishi), une banque de graines de 201 essences d’arbres (Dipterocarpaceae principalement) issus de la végétation naturelle primaire et potentielle a produit en pépinière 600 000 plants en godets, annuellement plantés sur site, dans diverses conditions. En 2005, les plants de 1991 ayant survécu (une importante sélection naturelle a lieu, et est souhaitée par la méthode) mesuraient plus de 20 mètres (croissance de plus de 1 m de hauteur par an) et un faciès de jeune forêt tropicale se reconstitue, protégeant le sol alors que la faune réapparaît peu à peu. Dans les années 2000, il a commencé à travailler aussi avec le Cambodge.

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