Les alcaloïdes pyrrolizidiniques forment une classe d'alcaloïdes et de métabolites secondaires, caractérisés par une structure pyrrolizidine formée de deux cycles pyrroles.
Il n'a été trouvé aucune application thérapeutique à ces alcaloïdes et c'est plutôt leur toxicité qui doit retenir l'attention.
Plus de 200 alcaloïdes pyrrolizidiniques ont été identifiés dans treize familles de plantes.
On les rencontre principalement chez toutes les plantes de la famille des Boraginacées, chez les Astéracées et plus accessoirement les Fabacées, dans les genres Crotalaria, Chromolaena et Lotononis, chez les Apocynaceae, les Euphorbiaceae, les Orchidaceae, les Poaceae, etc.
Famille | Nom commun | Nom scientifique | alcaloïdes pyrrolizidiniques |
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BORAGINACEAE | Bourrache | Borago officinalis L. | lycopsamine, amabiline, supinine |
Consoude | Symphytum officinale L. | lycopsamine, intermédine, symphytine | |
ASTERACEAE | Tussilage | Tussilago farfara L. | senkirkine, sénécionine |
Eupatoire | Eupatorium cannabinum L. | échinatine, lycopsamine, intermédine, rindérine | |
Séneçon de Jacob | Senecio jacobaea L. | esters de la rétronécine : jacobine, éruciflorine, sénéciphylline, sénécionine | |
Séneçon commun | Senecio vulgaris L. | sénéciphylline, sénécionine, rétrorsine, spatioidine, usaramine, intégerrimine |
La plupart des alcaloïdes pyrrolizidiniques sont mutagènes et inducteurs de tumeurs hépatiques.
Il a été montré chez le rat que des alcaloïdes pyrrolizidiniques comme les rétrorsine, senkirkine, monocrotaline, lasiocarpine et symphytine et plusieurs plantes (Tussilago farfara L., Symphytum officinale L., Petasites japonicus Maxim. etc.) pouvaient provoquer des tumeurs hépatiques lorsqu'ils sont administrés régulièrement par voie orale. Il a aussi été prouvé expérimentalement que plusieurs alcaloïdes du groupe étaient mutagènes et tératogènes.
Les diesters macrocycliques (sénécionine, rétrorsine, sénéciphylline, ridelline) sont les plus toxiques. Puis viennent les diesters, qui sont plus toxiques que les monoesters.
La consommation régulière d'herbes médicinales contenant ces composés peut être responsable de graves intoxications hépatiques. L'intoxication chronique se traduit par une perte d'appétit, des douleurs, une distension abdominale, une augmentation du volume du foie (hépatomégalie).
Toutes les parties de la consoude (Symphytum officinale) contiennent des alcaloïdes pyrrolizidiniques comme l'intermédine, la lycopsamine, la 7-acétyl-intermédine. En raison de leur toxicité, l'usage interne de Symphytum officinale est interdit dans de nombreux pays.
En Guadeloupe, une plante commune, la sonnette (Crotalaria retusa L.) sert à confectionner un "thé de sonnette" remède populaire contre beaucoup d'indispositions. D'après Fournet "De nombreux cas d'intoxications graves ont été constatés, surtout chez les enfants".
Les autres "plantes médicinales" contenant ces composés hépatotoxiques sont : le tussilage, la bourrache, héliotropes, cynoglosses et séneçons etc.
Des alcaloïdes pyrrolizidiniques ont été identifiés dans les herbes médicinales de Chine, d'Amérique du Sud et du Sri-Lanka.
En général, le bétail évite les plantes à alcaloïdes pyrrolizidiniques. Mais des fourrages et des ensilages contaminés peuvent conduire à une intoxication chronique. Les animaux les plus sensibles sont les porcs, suivis par les chevaux et les bovins et les chèvres. Le lait de vache ou de chèvre peut être contaminé par ces composés hépatotoxiques.
De grands épisodes d'empoisonnement ont été décrits en Afghanistan, en Inde et dans l'ancienne URSS du fait de la contamination des récoltes de blé par des Boraginacées (Heliotropium lasiocarpum, H. popovii, H. europaeum).