Très petits vers ronds d'une teinte blanchâtre ou rosée, plus effilés vers l'avant, les ankylostomes mesurent seulement 1 cm pour le mâle et 1,5 cm pour la femelle ; une capsule buccale fortement armée garnit leur tête. Le dimorphisme sexuel est net, la femelle se terminant en pointe (mousse?) alors que l'extrémité postérieure du mâle s'évase en une bourse copulatrice.
L' évolution dépend de l'intensité du parasitisme et du mode de vie du malade : les sujets avec moins de 25 vers sont des porteurs sains, les malades hébergeant de 25 à 500 vers sont améliorables par le traitement, ceux qui dépassent ce chiffre et arrivent à des taux de 3 000 et plus font une forme dite maligne, à pronostic très sombre, amenant à la cachexie et la mort par affection intercurrente. De même, alors qu'un voyageur, infecté accidentellement à son passage en zone d'endémie, sera spontanément déparasité à 80% en un an dès son retour en région saine, l'autochtone d'un foyer important, dont la faune parasitaire va augmenter régulièrement de 50 vers par an sous l'influence des réinfestations constantes, s'achemine inéluctablement vers une forme maligne aboutissant à la cachexie et à la mort.
Paradoxalement, les aspects cliniques de l'ankylostomose ont été, tout d'abord, décrits en Europe, dans les régions minières, sous le nom d'anémie des mineurs. Cette maladie professionnelle (qui, nous l'avons vu ne se limite pas aux seules mines) a pratiquement disparu grâce à des mesures de surveillance draconiennes ; pourtant les bouffées sporadiques apparaissant dans des chantiers, comme lors de la construction du tunnel du Mont Blanc, montrent la nécessité du maintien de ces mesures.
Trois tableaux cliniques se succèdent dans l'ankylostomose, les deux premiers traduisant l'action des stades larvaires, le dernier, celle des adultes :
La période d'infestation, lors de la pénétration trans-cutanée des larves, a un tableau de dermatose : la gale de terre ; aux pieds surtout, dans les espaces interdigitaux, puis aux mains, au pli du coude, ce sont des piqûres suivies de chatouillements, puis apparaissent des maculopapules, des placards érythémateux, durant de quelques heures à quelques jours ; les réinoculations constantes et les lésions de grattage en font une dermatose chronique avec eczématisation, lichénification aboutissant, dans les mines, aux nodules rouges de la gourme des mineurs, sous les tropiques, aux suppurations et au phagédénisme.
La période d'invasion, pendant le transit des larves à travers l'appareil respiratoire, avec un tableau d'affection broncho-pulmonaire (catarrhe des gourmes), se ramène à un syndrome de Löffler atypique : pseudo-bronchite avec toux quinteuse et voix rauque, sans signes d'auscultation ; absence d'infiltrats pulmonaires labiles à la radiographie, sauf dans quelques infestations très massives ; crises urticariennes ; hyperleucocytose avec éosinophilie élevée à 40% et plus. Cette période débute vers le 8e jour après le contage.
Le période d'état, 8 à 15 jours plus tard, est celle du parasitisme intestinal par les vers adultes ; c'est l'ankylostomose proprement dite dont le tableau traduit 4 ordres de troubles : digestifs, anémiques, nerveux et généraux.