On appelle architecture acadienne, parfois architecture cadienne, un style d'architecture traditionnelle utilisé par les Acadiens et les Cadiens, surtout dans les provinces maritimes du Canada et dans l'état américain de la Louisiane, et, par extension, l'architecture en général faite par les Acadiens et les Cadiens.
Fondée en 1604, l'Acadie voit se développer une architecture d'inspiration française mais adaptée aux conditions climatiques et aux matériaux locaux. Plus tard, des techniques de construction amérindiennes sont utilisées, surtout pour améliorer l'isolation des maisons. Durant le Grand Dérangement, en 1755, la plupart des constructions acadiennes sont démolies. Durant plusieurs décennies, les maisons sont de piètre qualité et construites à la hâte. Malgré l'amélioration des conditions de vie, l'architecture est restée simple jusqu'au milieu du XIXe siècle, où disparaissent les traces d'influence française alors que l'influence américaine et anglaise commence à se faire sentir tandis que les premiers architectes acadiens commencent leur carrière.
Les exemples les plus anciens d'architecture acadienne encore intacte datent du début du XIXe siècle. De plus en plus de municipalités préservent leur patrimoine et plusieurs édifices ont été restaurés ou reconstruits dans sept villages historiques. Toutefois, aucune étude exhaustive n'a encore été faite au sujet de l'architecture acadienne et il est difficile de définir un style typique acadien. Certaines recherches sont tout de même faites sur des édifices existants ou lors de fouilles archéologiques et, depuis quelques années, plusieurs édifices sont construits en tenant compte de ces découvertes.
Les premiers colons européens s'établissent en Acadie en 1604, durant l'expédition de Pierre Dugua de Mons. L'Habitation de l'île Sainte-Croix est alors fondée et une douzaine de maisons sont construites et agencées de telle façon que l'impression donnée est celle d'un fort. Les édifices sont d'inspiration française, avec leur toit aigu à quatre versants. Le froid, le manque d'eau douce et le scorbut tuent au moins 35 hommes. En 1605, les maisons sont alors démolies afin de récupérer les matériaux qui sont transportés pour établir l'Habitation de Port-Royal, où tout est reconstruit sur le même modèle, mais cette fois-ci l'établissement est mieux fortifié. En effet, les différents bâtiments sont organisés côte à côte autour d'une cour centrale et leurs murs arrière forment en quelque sorte une muraille ; un bastion est installé de chaque côté de l'entrée.
L'Acadie renaît en 1632 par l'arrivée de 300 colons venant surtout de France. L'architecture qu'ils développent a des influences françaises, reprenant notamment le style des maisons à colombage. Les matériaux disponibles sur place étaient utilisés, surtout le bois et parfois la pierre pour les fondations, alors que la brique était rare. Vers la fin du XVIIe siècle, les Acadiens adoptèrent des techniques amérindiennes pour isoler leurs maisons. L'une d'elle était la méthode des poteaux en terre, qui consistait à planter des poteaux dans le sol et à les attacher avec de petites branches, ce qui rendait les murs plus solides et permettait de former des poches d'airs qui aidaient à l'isolation. À l'intérieur, les murs étaient enduits de boue ou d'argile pour boucher les trous tandis que de petites planches fixées à l'extérieur parachevaient l'isolation. Les cheminées étaient faites de la même façon que les murs, sauf qu'elles étaient enduites de boue et d'argile pour éviter les incendies. La queue d'aronde fut introduite plus tard. Les abris rudimentaires étaient fabriqués selon deux types d'assemblage.
Il y a quatre types de maisons construites en Acadie à l'époque. La première est la maison à ossature de bois. Cette méthode de construction est en fait la toute première à avoir été utilisée, dans l'Habitation Sainte-Croix. Un autre type de maison très populaire est de type pièce sur pièce, c'est-à-dire construite avec des troncs d'arbre équarris empilés les uns sur les autres. Cette méthode permet de construire des maisons peu dispendieuses assez rapidement. Elle est surtout utilisée par les nouvelles familles ou dans les régions éloignées ne disposant pas de scierie. En 1688, à Port-Royal, toutes les maisons étaient construites de cette façon et couvertes d'un toit de chaume ou de planches. Un troisième type de maison est construite en torchis. Elle consiste en une charpente dont les espaces sont remplis de bousillage ou de bauge, fait de terre et de paille, le tout retenu en place par des poteaux appelés palissons ou palots, installés horizontalement entre les poteaux de la charpente. Cette technique de construction est originaire de Haute-Normandie et a probablement été importée par Abraham Dugas, parti de Toulouse en 1640. Ses descendants ont en effet répandu la technique dans diverses régions de l'Acadie jusqu'au XIXe siècle. Au tournant du XVIIIe siècle, ces maisons sont seulement lambrissées à l'intérieur, ce qui laisse le bousillage et la charpente exposée du côté extérieur. Quelques autres sont par contre recouvertes de terre glaise blanche à l'extérieur, ce qui est une invention locale. Le quatrième type de maisons est fait de madriers. Les spécialistes pensaient que la pierre était rarement utilisée, mais une étude non publiée confirme que les maisons faites de pierres et de bois étaient très fréquentes et consistaient en une adaptation des maisons à colombage françaises. En 1704, Port-Royal compte une seule maison de briques, celle des Récollets, qui de toute façon est d'inspiration française.
Les premières églises acadiennes ressemblent souvent à des maisons et parfois à des granges, aussi bien dans leur construction que dans leur style. Elles sont peu confortables et n'ont même pas de cloche, les paroissiens étant plutôt appelés à l'aide d'un tambour ou d'un coquillage. À Port-Royal, l'église a du papier en guise de vitre. La situation change vers 1689 lorsque le seigneur Richard Denys construit son fort à Burnt Church, composé d'une palissade de bois entourant plusieurs bâtiments en pierre, dont l'église. Vers 1690, l'église Saint-Charles-des-Mines est construite à Grand-Pré, qui a alors supplanté Port-Royal en termes de population. Selon des fouilles récentes, le presbytère de l'église était le seul bâtiment dans toute l'Acadie avec un toit en tuiles d'argile, témoignant de l'importance du lieu. L'église Saint-Joseph-des-Mines était également connue pour sa beauté, avec un intérieur décoré de moulures de bois.