La mer est un élément important de la culture acadienne. Les formes rappelant des phares se retrouvent dans plusieurs édifices et dépendances, tels des abris de puits, les cabanes à oiseaux, les kiosques de jardin et autrefois des latrines. Le clocher de l'église de Kouchibouguac a ainsi la forme d'un phare. Ces dernières années, le phare est également devenu un symbole du tourisme en Acadie. À Caraquet, un phare a été construit au parc Foley et non loin de là, deux édifices du port incorporent des phares dans leur architecture.
Au XVIIIe siècle, des familles établirent leurs maisons de toutes saisons plus loin dans les terres et plusieurs construisirent alors des cabanes de pêche au bord de la mer. Ce mode de vie dura jusqu'au début du XXe siècle et s'observait surtout au Québec entre Natashquan et Blanc-Sablon et dans le nord du Nouveau-Brunswick, où le village de Maisonnette serait nommé ainsi pour cette raison. Les endroits venteux étaient en fait le plus souvent évités pour la fondation d'un village, et les maisons étaient d'habitude protégées sur un côté.
À Chéticamp et aux Îles de la Madeleine, les vents peuvent être très forts et le demi-comble est préféré au plein comble ou au comble trois-quarts. Dû au Suête, un redoutable vent du sud-est, les Chéticantins adaptèrent l'architecture en renforçant le côté exposé de la maison avec des pierres, avec une toiture plus basse que le côté opposé et un larmier très court pour ne pas être arraché. Souvent, les charpentes de maisons et de granges sont renforcées de guettes du côté de la mer.
Dans les régions côtières, les vieux filets de pêche servent parfois de clôture. Des brise-vent, des clôtures faites de pieux d'environ 3,6 mètres de haut servant à protéger les maisons et parfois les champs des vents du large. Aux Îles de la Madeleine, les clôtures étaient plutôt faites d'arrachis, c'est-à-dire de branches entremêlées.
Les naufrages de bateaux chargés de bois étaient fréquents et l'utilisation du matériau récupéré était importante dans la construction, principalement du XVIIIe siècle au XIXe siècle et surtout aux Îles de la Madeleine, où la forêt a rapidement disparue. L'église de L'Étang-du-Nord aurait été bâtie avec du bois d'un navire anglais naufragé.
Les maisons étaient rarement peintes à l'origine et si elles l'étaient, c'était d'habitude en rouge. Plus tard, les établissements acadiens sont souvent devenus distinctifs par leurs bateaux et maisons peintes de couleurs vives. Les pêcheurs utilisaient en effet le restant de peinture de leurs bateaux pour peindre leurs maisons.
Bien que le Madawaska soit éloigné de la mer, certains éléments maritimes peuvent être discernés dans son architecture. Les coudes sont des pièces de bois installées dans le grenier pour en solidifier la structure. Certaines maisons avaient aussi des échelles de bateaux au lieu d'escaliers.
Matériau | Ajout | Transformation | Utilisation |
Coquillages | eau | chaux | chaulage du bois et du mortier, intérieur et extérieur. |
eau et sable | mortier | recouvrement du bois et autres matériaux, calfeutrage | |
boue, poils d'animaux | mortier | recouvrement du bois et autres matériaux, calfeutrage | |
Huile de loup-marin | terre grise | peinture | peinture intérieure |
terre rouge, ocre rouge | peinture | peinture extérieure | |
Herbe de marais | recouvrement du toit, enchaussage des murs extérieurs | ||
Jonc de rivage | recouvrement du toit, enchaussage des murs, calfeutrage des murs. | ||
Foin de prés endigués | recouvrement du toit, enchaussage des murs, calfeutrage des murs | ||
boue et eau | hourdis | hourdage des murs intérieurs sur claie de bois, maçonnage de cheminées sur claies de bois | |
Mousse de grève | enchaussage des murs extérieurs | ||
Varech | enchaussage des murs extérieurs | ||
Boue de rivage | eau | brique cuite au four | cheminées |
![]() Une décoration à Montréal, fabriquée avec du bois flotté, de la corde, une lanterne et un filet. |
Certaines communautés acadiennes éloignées de la mer ont développé des aspects de leur culture différents liés à l'exploitation agricole et forestière. C'est le cas des Brayons du Madawaska. Leur économie traditionnelle est basée sur la culture du lin, qui servait entre autres à calfater les murs, et à l'exploitation forestière, dont la sciure rejetée des scieries avait aussi le même usage. La mousse avait aussi la même utilité. L'écorce de bouleau servait à enchausser les murs extérieurs, une technique empruntée des Malécites.