Contrairement aux domaines de la logique et de la philosophie, il n'existe pas pour Russell de connaissances éthiques. S'il est possible de réfuter scientifiquement des valeurs morales reposant sur des erreurs manifestes, en revanche, parce que toute morale a en dernier lieu son critère dans le désir humain, il n'est pas possible de proposer un système de valeurs vraies. Pour Russell, on ne peut qu'exposer une conception de la morale, en espérant qu'elle soit partagée par d'autres personnes.
Sa morale se résume à l'alliance de l'amour et du savoir : sans amour, le savoir est froid et injuste ; sans savoir, l'amour (ou la bonne volonté : le désir d'aider son prochain) est impuissant et peut être même néfaste.
Russell a écrit sur la morale, l'amour, le mariage et la famille. Dans ses écrits, il prend position contre la morale victorienne, qui, selon lui, produit une curiosité sexuelle perverse du fait des interdits. En conséquence, il jugeait que l'on pouvait dire la vérité aux enfants à propos de la sexualité, car l'absence de mystère ne suscitera pas un intérêt disproportionné pour ces choses.
Il soutient que le mariage est une institution bonne, à condition d'être dissoluble dans certaines conditions : en particulier, si le maintien du couple se fait aux détriments de l'intérêt des enfants. Comme le mariage n'est pas principalement fondé sur l'amour, mais a pour but de perpétuer l'espèce, et que, d'autre part, l'homme est naturellement polygame, Russell estime que l'adultère est inévitable et même nécessaire, et qu'il ne saurait être condamné en soi. Néanmoins, pour que des relations soient possibles en dehors du mariage, il faut que les conjoints respectent l'intérêt des enfants, et que la jalousie disparaisse de la nature humaine.
Bien que Russell défende la pratique d'une sexualité sans tabou, cette pratique ne saurait pour lui avoir plus de valeur qu'un amour à la fois physique, émotionnel et intellectuel.
Ses points de vue, confondus par ses adversaires avec l'idée de sexualité libre, voire avec celles de lubricité et d'obscénités, lui ont coûté de vigoureuses dénonciations et des campagnes de diffamations aux États-Unis.
Russell s'est opposé à la participation britannique à la Première Guerre mondiale, ce qui lui a valu la perte de son poste de professeur à l'université de Cambridge ainsi que six mois de prison où il a pu écrire Introduction à la philosophie mathématique. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Russell défendait une politique de paix, mais il changea ensuite d'opinion, et déclara, comme l'avait déjà exprimé Gandhi, qu'Hitler devait être combattu. Il était plutôt pacifique que pacifiste, admettant que la guerre peut représenter un moindre mal dans certaines circonstances, en particulier lorsque la civilisation est en danger. Dans Roads to Freedom: socialism, anarchism and syndicalism, il défend le principe d'une allocation universelle.
Il prend position en faveur d'Albert Einstein lorsque ce dernier est violemment attaqué par les maccarthistes. Il écrit au New York Times, qui vient de fustiger Einstein dans un de ses éditoriaux, en ces termes : « Vous semblez affirmer qu'on doit toujours obéir à la loi, aussi mauvaise qu'elle soit. Je ne peux pas croire que vous ayez réalisé ce que cette position implique. Condamnez-vous les martyrs chrétiens qui refusèrent de se soumettre à l'empereur, ou encore John Brown ? Non, mieux, je pense que vous vouez aux gémonies George Washington et militez pour que votre pays refasse allégeance à sa gracieuse majesté Élizabeth II. En tant que loyal sujet britannique, je ne peux qu'approuver votre point de vue ; mais j'ai peur qu'il n'obtienne que peu d'écho chez vous. »
Pendant les années 1950, Russell s'est opposé aux armes nucléaires en signant un manifeste avec Albert Einstein et Joseph Rotblat et en animant des conférences. Il en fut emprisonné en 1961. Il milita aussi contre la guerre du Viêt Nam avec Jean-Paul Sartre en organisant un tribunal d'opinion jugeant les « crimes de guerre de l'armée américaine » (ce nom lui fut reproché, un tribunal devant en principe se poser comme neutre tant que l'instruction n'est pas achevée).
Une citation très connue de Russell est la suivante : « War does not determine who is right, only who is left. » Il y a un jeu de mot sur le double sens en anglais de left/right, que l'on pourrait rendre en français par : « La guerre ne sert qu'à savoir qui passe l'arme à gauche, pas qui est dans son droit », « La guerre ne détermine pas qui a raison, mais seulement qui il reste » ou encore « La guerre ne confirme rien mais infirme tout le monde. »
Un tribunal d'opinion, le Tribunal Russell et une fondation, la Fondation Bertrand Russell pour la Paix, ont prolongé ce combat pacifiste.
Il se déclarait philosophiquement agnostique et en pratique athée.
Philosophiquement, il considérait le dieu chrétien comme les dieux grecs : il ne peut pas prouver leur existence mais il est fortement convaincu de leur inexistence. On lui doit notamment la Théière de Russell.
Historiquement, il estime que la religion naît de la peur, et qu'elle est nourrie par l'ignorance et le sadisme. La religion, obscurantiste par essence, est ainsi contraire à la civilisation, au bonheur de l'être humain et à la science. Il ne niait cependant pas que, ce qu'il appelait "l'émotion mystique", puisse "fournir un apport de très grande valeur" à l'individu tout en déclarant ne pas tenir pour "vraies" les assertions développées sur la nature de l'univers à partir de ces expériences. Son attitude vis-à-vis de l'émotion mystique était plus tolérante que pour les religions elles-mêmes : "Je ne nie pas la valeur des expériences qui ont donné naissance à la religion. Par suite de leur association à de fausses croyances, elles ont fait autant de mal que de bien ; libérées de cette association, on peut espérer que le bien seul restera"..