L'innovation commerciale passe alors de la vieille Europe aux États-Unis. Les premiers centres commerciaux « modernes », conçus pour répondre aux besoins des consommateurs se déplaçant en voiture, sont le Lake View Store dans la banlieue de Duluth, construit en 1915 et inauguré le 20 juillet 1916, le Market Square de Lake Forest (Illinois) (1916) et le Country Club Plaza de Kansas City (Missouri) ouvert en 1924.
Ces centres commerciaux, pour pionniers qu'ils soient en intégrant la fonction de parking à l'architecture commerciale (ce que ne font pas les galeries marchandes traditionnelles du XIXe siècle européen), sont par ailleurs, traditionnellement conçus avec une ouverture des magasins sur la rue ou dans des galeries semi-ouvertes. Il faut attendre l'après-guerre pour que naisse le mall américain, le centre commercial moderne intégré.
Le concept américain de mall n'apparait que dans les années 1950. On la doit à Victor Gruen, un Juif viennois, immigré aux États-Unis dans les années 1930, fuyant l'Anschluss. Il commence sa carrière comme architecte de boutique, gagnant une renommée et une clientèle par son souci de concevoir la vitrine pour attirer le client à l'intérieur du magasin, un critique architectural de son travail se plaignait que « ses boutiques sont comme des attrape-souris ». La même chose pourra être dite de ses centres commerciaux.
Ses premières réalisations, le Northland Shopping Center dans la banlieue de Détroit, en 1954, le Gulfgate dans celle de Houston sont des zones commerciales piétonnes et à l'air libre. Le premier centre commercial « enclos » et doté de toutes les facilités modernes que nous leur connaissons (climatisation, etc.) est le Southdale Center, ouvert en 1956, à Edina, une banlieue de la connurbation des villes jumelles de Minneapolis et Saint Paul (Minnesota).
La bourgeoisie blanche qui habite la banlieue des grandes villes américaines va trouver dans le centre commercial de banlieue le miroir consumériste de sa prospérité. Comme l'écrit The Economist, dans un article sur la naissance et la mort des malls, « Gruen réussit du premier coup un nombre impressionnant d'innovations. Il construit une voie d'accès tout autour du bâtiment pour permettre à la moitié des visiteurs de rentrer par le premier étage et à l'autre moitié de rentrer par le rez-de-chaussée — une idée qui deviendra un standard du centre commercial. Les balcons des galeries sont bas pour permettre de voir les boutiques au-dessus ou au-dessous de là où l'on fait son shopping. Le parking est doté d'une signalétique qui permet de mémoriser où la voiture est garée. »
La Part-Dieu est le plus grand centre commercial(193 000 m² total) de parties communes de centre-ville d'Europe en nombre de magasins, et le troisième pour la fréquentation annuelle. En effet, alors que la plupart des centres commerciaux français et européens sont excentrés, permettant une surface exploitable immense, le centre commercial de La Part-Dieu est en plein centre du 3e arrondissement de Lyon, un des quartiers les plus peuplés et les plus denses de l'agglomération lyonnaise. L'ensemble du centre est géré par Rodamco Europe. En 2005, le chiffre d'affaires du centre s'est élevé à 670 millions d'euro.
Aujourd'hui, de nombreux centres périphériques français incluent dans leur périmètre de vastes parcs d'activités commerciales constitués de magasins de bricolage, meubles, sport... Afin de redonner une cohésion à ces ensembles hétéroclites, souvent construits au fil du temps sans ligne directrice claire, les promoteurs développent désormais le concept du retail park.