Les collèges fondés en France sont de plus en plus nombreux aux XIVe et au XVe siècles. Les fondations de collèges séculiers se multiplient en particulier à Paris. En 1400, on compte à Paris une cinquantaine de collèges. Mais ils ne sont pas fondés dans les seules villes universitaires, on en voit se créer dans les villes capitulaires comme à Soissons par exemple. Deux collèges y sont créés au XIVe siècle pour 100 écoliers au total, recrutés dans la famille du fondateur ou parmi les enfants originaires du pays du fondateur. Les boursiers fréquentent les écoles capitulaires de la ville.
Le plus important à Paris est celui de Navarre.
Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne et reine de France a fait inscrire dans son testament de 1305 son projet de collège (voir : Collège de Navarre). Elle souhaitait que ces étudiants bénéficient d’un toit et d’une bourse. Mais ce qui est nouveau, c’est d’abord de fonder un collège important par le nombre des boursiers puisque l’on prévoit d’accueillir 70 boursiers dont 20 en grammaire, 30 en art et 20 autres en théologie. D’autre part, elle voulait que son collège soit un lieu d’enseignement. Elle prévoyait que 3 maîtres enseignants seraient payés pour faire des cours aux boursiers en grammaire, en art et en théologie. Elle fait une hiérarchisation des apprentissages entre grammaire et art différente de l’université. L’institution est mise en place en 1315, mais elle ne correspond pas aux vœux de sa créatrice puisqu’il n’y a pas d’enseignement. C’est le premier collège royal fondé à Paris. Il faut attendre la fin du XIVe siècle pour que le projet soit de fait réalisé. Le collège est placé sous l’autorité d’un recteur lui-même sous autorité du doyen et des maîtres en théologie de la faculté de Paris.
Les rois au cours du XIVe siècle s’intéressent de plus en plus aux collèges. Jean II le Bon, le premier en 1353, fait passer sous son autorité directe un collège (le collège Mignon) que ce soit en ce qui concerne le recrutement, l’administration ou la gestion des biens du collège. C’est une initiative nouvelle qui témoigne de l’intérêt du pouvoir royal envers ces institutions. Charles V va réaffirmer la protection royale vis à vis des universités et conçoit une véritable politique visant à placer les collèges sous le contrôle royal. Le collège de Navarre a attiré son attention et une série d’ordonnances est produite entre 1369 et 1374 où Charles V s’octroie le pouvoir de collation des bourses (c’est-à-dire leur attribution) et porte dorénavant le titre de gouverneur supérieur du collège. Le collège de Navarre devient le centre du culte universitaire de saint Louis (qui est le saint patron de la dynastie royale). Ce sont autant de signes qui montrent l’intérêt du roi pour ce type d’institutions.
Le principal conseiller de Charles V, Jean Dormans (qui était cardinal) fonde un collège. Cette fondation est confirmée par le roi, ce collège est destiné à recevoir des étudiants en droit destinés ensuite à servir le pouvoir. La tutelle royale s’affirme à partir de Charles V. C’est sous Philippe VI, entre 1328 et 1350, que le plus grand nombre de collèges est fondé. Les fondateurs de ces collèges étaient souvent des gens de l’entourage royal, on peut citer notamment beaucoup de fondateurs issus du conseil du roi. C’est le cas du collège de l’Ave de Maria. Cela témoigne de la volonté du roi d’exercer une tutelle réelle sur les différents collèges parisiens.
Au XIIIe siècle pour les autres collèges, les fondations sont moins nombreuses qu’à Paris. Au XIVe siècle, de la même manière, les fondations sont toujours moins nombreuses. Elles se poursuivent toutefois et notamment à Toulouse. Ils sont soit fondés par des ecclésiastiques comme le collège de Périgord fondé à Toulouse par Hélie de Talleyrand, évêque de Limoges pour des étudiants en droit. On note également l’apparition de collèges à Montpellier pour les étudiants en médecine, mais également à Avignon et Cahors.
Là aussi, on constate un intérêt royal marqué. C’est le cas par exemple en Angleterre avec Cambridge où le premier collège royal est King’s Hall qui comme le collège de Navarre abrite des étudiants en art ainsi que des étudiants des facultés supérieures. Dans la première moitié du XIVe siècle, on a d’autres fondations de collèges à Cambridge qui en compte 8 en 1400. Les fondateurs sont essentiellement issus de la haute aristocratie, de l’entourage royal.
Les Halls en Angleterre sont simplement des lieux de résidence installés dans des maisons louées et où les étudiants payent. Cela n’a donc rien à voir avec les collèges.
En Italie, il y a bien quelques fondations de collèges comme à Bologne et Padoue, mais le mouvement reste très limité. On peut citer à Bologne le collège d’Espagne fondé par un cardinal espagnol ; à Padoue, le collège a été fondé par un bourgeois pour des étudiants en droit. Pour l’Espagne, le premier collège est fondé à Salamanque à la fin du XIVe siècle par l’évêque de la ville pour des étudiants en droit canon (au nombre de 6). Un grand collège est fondé au début du XVe siècle par l’archevêque de Séville, c’est le Colegio Mayor pour les canonistes et les théologiens, mais il ne fonctionne qu’à partir de 1417.