La population de Tschaï est divisée en deux : les races aliens d'une part et les humanoïdes d'autre part. Chaque race alien a pris à son service des humanoïdes qui, par mutations et manipulations génétiques, ont fini par plus ou moins lui ressembler. Leur moindre niveau de civilisation fait que les Hommes sont toujours considérés comme des « sous-hommes ». Adam Reith est persuadé que les Hommes ont été amenés de la planète Terre par les Dirdirs et que toutes les races humanoïdes de Tschaï descendent de ces premiers hommes.
Les personnages principaux du Cycle de Tschaï sont le héros, Adam Reith, et ses deux compagnons de route, Anacho, l'Homme-Dirdir, et Traz Onmale, l'Homme-Emblème.
Les différentes races et populations humaines de Tschaï ont développé des mythes et des rituels étonnants.
Adam Reith est un héros sûr de ses opinions, qui reste ferme dans ses décisions et fidèles à ses idéaux humanistes du début à la fin du récit. Il arpente la surface et les souterrains de la planète Tschaï sans jamais déroger à ses principes, ni renoncer à son caractère libre et indépendant.
C'est justement parce qu'ils sont confrontés à cette forme exceptionnelle de constance et de droiture que les compagnons d'Adam Reith vont progressivement prendre du recul vis-à-vis de leurs propres convictions et de leurs propres cultures. Anacho, l'Homme-Dirdir, se met à douter du mythe ancestral de l'Œuf originel, Traz Onmale échappe peu à peu à l'emprise de sa cosmogonie Kruthe et Zap 210, la femme-Pnumekin, découvre la vie à la surface de Tschaï et s'ouvre au désir érotique, malgré toutes les inhibitions de son peuple.
Ces prises de conscience progressives ont toutes un point commun : un arrachement violent et douloureux. Traz Onmale quitte sa tribu alors qu'il est condamné à mort par ses congénères, Anacho est en fuite pour avoir manqué de respect à la race des Dirdirs et Zap 210 accompagne Adam Reith sous la contrainte. Cet arrachement initial crée les conditions nécessaires à un renouveau de la conception que chacun des personnages a de son monde et de la planète Tschaï. Seule « Fleur de Cath », la jeune femme Yao, mourra de ne pas avoir su s'émanciper de ses propres traditions culturelles qui l'enferment dans une logique autodestructrice ritualisée.
Si le cycle de Tschaï reprend à son compte quelques traits caractéristiques du roman de formation (Bildungsroman), ce n'est donc pas du point de vue de son héros, Adam Reith, mais plutôt de celui de ses trois compagnons de route qui vont peu à peu se libérer de leurs préjugés et de leurs mythes.
Adam Reith sème le trouble et instille le doute, car il remet brutalement en question les traditions, les mythes et les pratiques sociales et politiques des peuples et des races qu'il rencontre sur la planète Tschaï. Guidé par des idéaux humanistes qui prennent philosophiquement racine au siècle des Lumières, il lutte avec acharnement contre l'asservissement des Hommes par des races dites supérieures. Tout au long de son périple, il apporte aux humanoïdes qui croisent son chemin les moyens d'accéder à la liberté, parfois même contre leur gré :
Adam Reith joue donc un rôle de révélateur dans un monde aux nombreuses mystifications, ancrées sous forme de mythes fondateurs dans l'esprit de la population humaine. Jack Vance dénonce ainsi, par l'intermédiaire de son héros, l'emprise néfaste que peuvent avoir les superstitions et autres croyances religieuses sur les esprits des Hommes.
Si Adam Reith croise sur Tschaï quatre races non humaines et de nombreuses communautés humanoïdes, ses relations avec les autres habitants de la planète sont souvent brutales et distantes. Toutes ses rencontres avec les races de Tschaï sont immanquablement placées sous le signe de la méfiance, du rapport de force, de l'adversité, du défi, de l'agressivité ou de la franche animosité. Adam Reith ne met jamais en place de relations positives et constructives avec les races aliens du monde de Tschaï ce qui suscite l'étrange impression que toute communication inter-races est fondamentalement impossible.
La démarche émancipatrice du héros vis-à-vis de ses congénères le met continuellement en situation de devoir livrer un combat sans merci aux races qui asservissent, c'est pourquoi Adam Reith ne négocie jamais : il menace ou pose des ultimatums. Adam Reith semble parfois s'intéresser aux traditions et coutumes des races aliens de Tschaï, mais c'est par simple curiosité ou bien pour les utiliser à son avantage quand l'occasion se présente, ce n'est jamais dans l'idée de faire un pas vers l'Autre, tant il est persuadé de la supériorité des valeurs de sa propre race.
Jack Vance propose à son lecteur des portraits de femmes hauts en couleurs :
Le lecteur peut également se faire une idée claire de l'opinion du héros Adam Reith à propos des femmes en lisant cette sentence catégorique : « Elle était femme et fondamentalement irrationnelle, mais cette réalité élémentaire n'expliquait pas toute sa conduite. »
Écrit entre 1968 et 1970, le Cycle de Tschaï subit nettement l'influence des trois thèmes majeurs qui caractérisent cette période de l'Histoire :
Ces trois thèmes apparaissent dans le roman, soit comme des thèmes principaux, soit simplement en filigrane. Ainsi, le thème de l'émancipation politique et de l'autonomie de la raison - qui rejette de manière critique le lourd fardeau des croyances et traditions ancestrales - est l'un des thèmes majeurs de l'œuvre, incarné par le héros, Adam Reith.
La sexualité et la découverte du corps sont également abordées, mais de manière plus diffuse, à l'occasion de rencontres avec divers personnages ou tribus du roman : par exemple, le rite sexuel des Khors, le rituel sado-masochiste des prêtresses du Mystère féminin ou la découverte du corps et de ses désirs érotiques par la jeune femme Pnumekin, Zap 210.
Quant au thème de la guerre froide, il est simplement suggéré dans l'équilibre de la terreur qui s'est peu à peu établi entre les trois races aliens de Tschaï. A l'instar des États-Unis d'Amérique et de l'Union soviétique, les Chaschs, les Wankhs et les Dirdirs ont les moyens de s'anéantir mutuellement.