À partir de 1945, la NSA a obtenu systématiquement des bureaux des principales entreprises américaines de télégraphie (RCA Global, ITT World Communications, Western Union) l’accès aux messages câblés. C’est le début du Project SHAMROCK qui dura près de 30 ans. De 1966 à 1973, la circulation totale de télégrammes aux États-Unis était d’environ 72 millions de messages par an. Selon la commission Church du Sénat américain, les analystes de la NSA en sélectionnaient environ 1,8 million, soit 1 sur 40, pour les exploiter avec l’aide des autres agences américaines.
Les diverses agences américaines établissent des listes de noms, qu'elles transmettent à la NSA afin que leurs communications soient surveillées. Ces listes incluaient le nom de 450 Américains et 3 000 étrangers, considérés par le Bureau des Narcotiques et des Drogues Dures comme des trafiquants de drogue; de 1 000 Américains et de 1 700 étrangers, classés par le FBI comme « agitateurs publics » ou terroristes; et de 30 organisations américaines et 700 étrangers désignés comme extrémistes par la CIA.
À partir de 1967, l’opération MINARET débute. Les pacifistes (contre la guerre du Viêt Nam), les militants pour l’égalité des droits civiques (Martin Luther King, Malcolm X, Jane Fonda…) sont mis systématiquement sur écoute. Pour légitimer leurs actions les différentes agences américaines ont volontairement porté des accusations à leur encontre.
Le 8 août 1975, le lieutenant-général Lew Allen directeur de la NSA, reconnaît devant la commission Pike de la chambre des Représentants que : « La NSA intercepte systématiquement les communications internationales, les appels téléphoniques comme les messages câblés ». Il reconnaissait également que des messages adressés à des citoyens américains ou émanant d’eux avaient été illégalement interceptés dans le processus destiné à rassembler des renseignements concernant l’étranger.
En août 1977, Abdeen M. Jabara, avocat de Détroit, intenta un procès au FBI. Il devint le premier et le seul Américain à provoquer la révélation de l’étendue de la surveillance exercée sur lui par la NSA. Entre 1967 et 1973, la NSA avait procuré au FBI le contenu de six appels téléphoniques et télégrammes passés à l’étranger par cet homme. Celui-ci apprit également que la NSA avait transmis des renseignements le concernant à treize agences fédérales américaines et à trois gouvernements étrangers. Il obtint temporairement qu’il soit interdit à la NSA d’écouter ses communications, et la destruction du matériel et des dossiers le concernant. Quelques années plus tard le dossier fut classé sans suite.