L'abbaye de la Couture a été construite en 616 par saint Bertrand. Ce dernier fut un ami de Saint Germain, évêque de Paris, ancien protégé de Clotaire II. Ce sont tout d'abord deux monuments totalement différents qui s'érigent. Un monastère dédié à saint Paul et une église dédiée à saint Pierre sont construits. Ces deux bâtiments sont situés au milieu des champs alors qu'on perçoit le Vieux-Mans du clocher. De cette situation géographique viendra le nom de l'ensemble formé par les deux bâtiments: cultura signifiant cultures en latin, on nomme l'ensemble couture. En 865 et 866, les Bretons comme les Normands mettent à sac la ville du Mans. L'Abbaye bien qu'en dehors des murs de la ville, est pillée et partiellement détruite. Elle est restaurée et reconstruite vers l'an mill. L'église est alors renommée Saint-Pierre de la Couture par l'évêque Sigefroi qui se fait moine dans l'abbaye alors qu'il laisse l'abbé Gauzbert s'occuper en partie de ses fonctions. Des restes de l'ancienne version de l'église sont encore visibles au-dessus du cloître sud, à 18 mètres de haut. Avec une nouvelle nef de 16 mètres de large, elle présente le même plan et les mêmes dimensions que la Cathédrale d'Angers, qui ne sera consacrée qu'en 1030.
Pendant les trois premiers quarts du XIe siècle, l'église comme la ville connaît une époque de paix relative et de prospérité, notamment sous le contrôle et l'influence de l'Abbé Anselin. Après sa mort en 1072, les temps sont durs, et son successeur, l'abbé Renaud le constatera. L'église continue à se construire et se voit constituée d'une nef à bas-côté, d'un transept et surtout d'un cœur en forme de déambulatoire s'ouvrant sur cinq chapelles différentes. Elles seront toutes détruites à l'exception d'une: la chapelle Saint-Joseph, toujours située au sud de ce cœur. Autre reste de cette époque, le mur extérieur nord subsiste de nos jours. Le calcaire et son appareillage de roussard, si particuliers en font une partie quasiment à l'identique de la composition de la cathédrale Saint-Julien. La nef construite à cette époque, est comme celle de la cathédrale, charpentée et composée de quatorze travées séparées par une colonne, elle-même supportant des arcs doubleaux. Dans la première travée au nord, se situe encore de nos jours, une statue du Christ datant de cette époque.
En 1180, le grand incendie du Mans ravage tout. L'église de la Couture est gravement touchée. Elle est reconstruite au cours du XIIe siècle, alors que la cour plantagenêt développe une certaine originalité artistique. Le chœur est donc, comme dans la cathédrale d'Angers, voûté d'ogives. On assiste surtout à une grande re-formation de l'édifice précédent, puisqu'on essaye de garder au maximum la taille de l'édifice d'antan. Entre chaque fenêtre, est intercalée une statue-nervure, reposant sur une colonne à dosserets. Ces représentations de personnages de l'ancien, comme du nouveau testament, sont datées de 1975. Elles sont peut-être les premières du genre (à l'époque, les statues-colonnes sont plus courantes sur les portails de différents édifices) alors que les Plantagenêts les banaliseront dans de nombreuses églises de leur royaume, à commencer par le Maine, puis l'Anjou.
La nef est longue de 42 mètres et se trouve dotée de 3 travées sur plan carré. Ce plan fut repris de celui de la Cathédrale d'Angers. Les deux édifices possèdent dès lors de très nombreuses similitudes, allant sur certains points jusqu'à l'identique. Les voûtes dominicales sont plus longues que la moyenne avec 16 mètres de long, atteignant plus de 22 mètres sous clef. Certaines colonnes dépassent les 5 mètres d'épaisseurs tandis que les murs extérieurs ont dû eux-aussi être épaissis. Chose rare, la nef centrale est éclairée par des fenêtres géminées surmontées d'un oculus.
Les deux tours de la partie occidentale datent du XIIIe siècle, alors que le porche se trouve ouvert entre ces deux dernières. Sa triple arcature avec le trumeau du Christ fut détruite au XIXe siècle et ne fut jamais rebâti devant la difficulté à réobtenir une pierre de cette qualité et de cet aspect. Les premières sculptures auraient été taillées dès 1245 alors que le portail propose de nombreuses statuettes gravées et bien conservées. Reste, qu'une partie du linteau semble manquer. Deux anges, quatre prophètes et huit vierges sont visibles. Ce portail est certainement le plus impressionnant dans tout le Maine avec celui de la Cathédrale, datant lui, du XIIe siècle.