Friedrich Ratzel - Définition

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Publications

  • Friedrich Ratzel, Géographie politique, Éditions régionales européennes et Economica, Paris, 1988 (1re éd. en allemand, 1897)

L’apport de l’anthropogéographie

Ratzel, dans son oeuvre majeure publiée de 1882 à 1891, Anthropogéographie, lie la terre et l’homme dans une vision systématique qui a totalement renouvelé la science géographique. Pour Ratzel, l'objectif unique de celle-ci consiste à mettre en lumière la diversité des sociétés humaines pour lui faire correspondre une diversité égale de milieux naturels. Dans cette optique, l'emploi du mot géographie, de l'adjectif géographique, s'applique aux caractéristiques physiques. De ce point de vue, les facteurs géographiques sont donc exclusivement les conditions naturelles mais Ratzel qui éprouve la nécessité de créer un nouveau terme pour qualifier sa spécialité - il parle d'anthropogéographie - dépasse l'ancienne acception du concept dans ses travaux. Selon Vidal de la Blache, le géographe allemand contribue à "rétablir dans la géographie l'élément humain dont les titres semblaient oubliés et à reconstituer l'unité de la géographie sur la base de la nature et de la vie". Ainsi, pour Ratzel, la connaissance des immigrants puritains de la Nouvelle-Angleterre est plus importante pour comprendre cette région que le relief de celle-ci.

Ratzel est aussi, au-delà, un des pionniers les plus importants de la géopolitique. Très influencé par Charles Darwin et sa théorie de l’évolution, il utilise ces concepts à une échelle plus générale, celle des États, en les comparant à des organismes biologiques qui connaissent croissance ou déclin sur une échelle temporelle. Selon ses propres mots, L'État subit les mêmes influences que toute vie. Les bases de l'extension des hommes sur la terre déterminent l'extension de leurs États. [...] Les frontières ne sont pas à concevoir autrement que comme l'expression d'un mouvement organique et inorganique.. L’expansion des peuples doit leur permettre de récupérer les espaces de voisins moins vigoureux, vision qui légitime, certes, l'impérialisme allemand, mais de fait toutes les annexions territoriales connues par l’Europe centrale au long du XIX° siècle.

La pensée de Ratzel, très ample et complexe, résiste à la simplification. Si ses idées ont été reprises plus tard par le géographe nationaliste Karl Haushofer, celles-ci constituant le terreau de la notion d’espace vital qui fleurit dans Mein Kampf, elles ne sauraient être réduites à cet aspect. Sa position sur la question coloniale démontre cette difficulté. Fondé en 1871, le Reich allemand arrive tardivement sur cette scène. Ratzel défend l’idée qu'il puisse s'implanter en Afrique pour former une Mittelafrika plutôt qu'une Grossdeutschland, stratégie reprise dès 1914 par l’Etat-Major allemand contre les colonies alliées. Elle est toutefois inverse de celle mise en oeuvre par les nazis après 1933, ceux-ci défendant l'idée d'une expansion en Europe au détriment des Slaves et des Latins. Pour autant, la volonté colonialiste de Ratzel, qu'il faut replacer dans les opinions de l'époque, repose sur des concepts plus incertains. Dans sa théorie, les peuples primitifs (Naturvölker) de l'Afrique, Océanie etc. s'opposent par leurs traits aux peuples évolués (Kulturvölker) de l'Ancien et Nouveau Monde, lesquels ont tout naturellement, à ce titre, le droit d’occuper les territoires des premiers.

Bibliographie

  • Fritz Fischer, Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale (1914-1918), trad. de Geneviève Migeon et Henri Thiès, préface de Jacques Droz, Éditions de Trévise, Paris, 1970, 654 p.
  • Michel Korinman, « Friedrich Ratzel et la Politische Geographie », Hérodote , nº 28, 1983, p. 128-140
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