Histoire de l'anesthésie - Définition

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Introduction

L’anesthésie, en tant que pratique, est née au milieu du XIXe siècle. Cependant, en tant que savoir, elle est bien plus ancienne. On peut la tracer jusqu’à la renaissance des connaissances médicales qui s’est opérée au Moyen Âge par Salerne.

Moyen Âge

L’école de médecine créée à Salerne a reçu au VIIIe siècle, du temps de Pépin le Bref, roi de France, un apport important du savoir grec, grâce à la venue de Constantin l'Africain, qui avait amené de Carthage d’où il était originaire un grand nombre de textes anciens. Moine au Mont-Cassin, il est à l’origine de la traduction de ces textes en latin. L’enseignement de la chirurgie professé à Salerne a été connu dans toute l’Europe grâce à la transcription par Guy d’Arezzo de l’enseignement de son maître, Roger Frugardi, publié en 1170. C’est de cette époque que datent les documents qui relatent différentes compositions d’une préparation anesthésique appliquée tantôt à travers un tissu ou éponge placée sur la figure, principalement sur le nez ou même instillée dans le nez. Cette manière de faire a été connue par la suite sous la dénomination des éponges soporifiques.

Pour la pratique de la chirurgie, l’élément important à connaître est l’attribution d’un statut légal au corps médical par l’empereur Frédéric II en 1224, statut strictement laïque. Ce statut rendait par ailleurs obligatoires des études tant médicales que chirurgicales, sanctionnées par un examen. Après l’obtention du diplôme, une année pratique était obligatoire. Les Arabes avaient eu connaissance des ouvrages grecs anciens et s’étaient emparés des bibliothèques, dont une bonne partie s’est trouvée par la suite installée en Andalousie. Au moment de la reconquête, ces ouvrages ont été traduits en latin. La principale entreprise a été celle de Gérard de Crémone, originaire de Lombardie, qui s’est installée à Salerne en 1170. Grâce à sa connaissance de l’arabe, il a apporté au monde occidental des traductions latines de quelque 70 ouvrages, parmi lesquels ceux des principaux médecins arabes.

Les écrits grecs avaient été traduits en arabe et sont donc parvenus au monde chrétien par une double traduction. Ces connaissances sont arrivées non seulement à Salerne, mais par la suite à Montpellier d’où elles se sont répandues dans le reste de l’Europe. La Lombardie a été pendant une assez longue période le véritable foyer de transmission des connaissances. On présume que le lombard Hugues de Lucques (Borgognon, Ugo de Lucca 1220), chirurgien de la ville de Bologne, et qui a participé aux croisades en Terre Sainte, a été à l’origine de l’emploi des éponges soporifiques ou somnifères que l’Antiquité avait connues et qui avaient été décrites par Dioscoride. Une filiation passe ensuite par Guillaume de Salicet, auteur d’un traité de chirurgie en 1275, à son disciple Lanfranc, qui a dû quitter Milan et qui est venu s’installer à Paris en 1295. L'école de Salerne a été fermée en 1810 sur ordre de Napoléon.

La médecine à Paris, contrairement à Salerne, était entre les mains du clergé et Lanfranc, qui était marié, n’a pas pu être intégré à la faculté de médecine. Il s’est joint à la confrérie de Saint-Côme et de Saint-Damien, qui devint plus tard le collège de Saint-Côme, école et organisation chirurgicale. Le statut de clerc des médecins a été un élément de grande importance pour l’évolution ultérieure de la chirurgie. Une certaine séparation de la chirurgie et de la médecine s’était déjà faite jour à cette époque. Elle s’accentue jusqu’à la rupture complète à la suite d’une série de décisions ecclésiastiques. En ce milieu, le rôle des moines dans la maladie avait déjà été critiqué par plusieurs papes quelques siècles auparavant. Cependant un certain nombre de personnalités éminentes maintenaient une activité soignante. La célèbre sainte Hildegarde de Bingen au XIIe siècle donnait des remèdes aux malades pour leur permettre de résister au diable. Après plusieurs décisions conciliaires, interdisant aux clercs de traiter par le feu (le cautère) et le fer, c’est au concile de Tours de 1163 que la déclaration Ecclesia abhoret a sanguine consacre le rejet de la chirurgie hors de la médecine savante ecclésiastique. C’est peut-être l’influence venue d’Espagne qui a fait perdurer assez longtemps un esprit de tolérance vis-à-vis de la chirurgie à l’école de médecine de Montpellier. Deux des plus éminents chirurgiens français du Moyen Âge, Henri de Monfort et Guy de Chauillac ont été élèves à Montpellier. Guy de Chauilliac met en garde contre l’usage des éponges soporifiques, en raison du danger que comporte leur utilisation. Parmi les chirurgiens devenus de simples praticiens existait encore une stratification sociale. La confrérie de Saint-Côme et Saint-Damien constituait l’élite de la profession. Durant plusieurs siècles, celle-ci a lutté contre son abaissement scientifique et social, mais n’a pas réussi à s’affranchir de la tutelle des médecins savants, en dépit de brillants succès de certains dont le plus connu est certainement Ambroise Paré.

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