Julien Luchaire (15 août 1876 Bordeaux -1962 Paris) est un spécialiste de la littérature et de la civilisation italienne et un écrivain français.
Il est le fils et petit-fils de deux historiens respectés le médiéviste protestant Achille Luchaire et l’historien juif Jules Zeller.
Il se marie trois fois :
Il mène de brillantes études d’abord au Lycée Henri-IV de 1885 à 1894 puis à Normale Sup. Il est reçu premier au concours d’agrégation de l’enseignement secondaire (grammaire) en 1897.
De 1898 à 1899 il est membre de l' École française de Rome puis maître de conférence à la faculté de lettres de Lyon (1900-1905) et obtient le titre de docteur ès lettre de l’Université de Paris en 1906. Il est alors nommé professeur de langue et littérature italienne à l’Université de Grenoble.
En 1907, grâce à l’aide de l’université de Grenoble il crée l’Institut français de Florence premier de tous les Instituts français du monde entier, qu’il dirige jusqu’en 1918. En mai 1916, il crée avec Guglielmo Ferrero la Revue des Nations Latines rédigée par des Français et des Italiens et qui devait s’attacher à définir en quoi consistait le germanisme et ses dangers et aider la science l’art à se purifier des courants germaniques qui la dénaturent. Cette revue paraîtra jusqu’en avril 1919. Elle eut des collaborateurs prestigieux comme Gaetano Salvemini, Giuseppe Prezzolini ou Benjamin Crémieux à qui Julien Luchaire confiera des introductions ou articles sous l’Occupation.
De 1919 à 1920 il est directeur des Services de l’Enseignement au ministère des colonies puis chef de cabinet d’André Honnorat, ministre de l’Instruction Publique (1920-1921). Il est également nommé professeur honoraire de l’Université de Grenoble.
Inspecteur général de l’instruction publique (mission spéciale d’inspection des professeurs détachés à l’Etranger), il est nommé expert en 1922 à la Commission internationale de coopération intellectuelle de la Société des Nations et fut un ami et collaborateur proche du Président, Henri Bergson. Sont membres Albert Einstein et Marie Curie Il est un précurseur en attirant l’attention de la commission sur le rôle du cinéma dans l’art et l’éducation.
En 1925, le gouvernement français créé à Paris l’Institut international de coopération intellectuelle, ancêtre de l’UNESCO, dont il prend la direction. Face aux divergences nationales il voulut affirmer son autonomie mais finit par démissionner en 1930.
Ne retrouvant pas de poste immédiatement comme inspecteur, il refuse le poste de recteur à Rennes, et enseigne à l’École pratique des hautes études de 1932 à 1937. Il se présente sans succès aux élections législatives sous l'étiquette du parti radical.
C’est à cette époque qu’il commence à écrire des pièces de théâtre dont Boccace conte 19 en 1934 où il confie un rôle à Madeleine Sologne qu’il avait remarquée dans une maison de couture et Altitude 3200 en 1937 où il confie un rôle à sa petite-fille Corinne.
En 1937 il retrouve son poste et sera mis à la retraite en 1941.
Installé en juillet 1940 à Clermont-Ferrand, pour protéger la famille de sa femme, il va assurer, dans le cadre de l’aryanisation, la présidence des Éditions du Sagittaire qui appartiennent à Léon Pierre-Quint, juif, de gauche, anti-munichois, homosexuel et toxicomane. Il dirige en accord avec Quint et fait appel à de nombreux amis. En 1944, il rendra la société à Quint.
En 1943, il y publie le premier tome de son autobiographie Confession d’un Français moyen (1876-1914) le second tome sera publié après sa mort.
A la Libération, il fera partie du Comité national des écrivains Disposant de relations de tous les bords il rencontra ou fut ami avec la plupart des intellectuels de l’époque, de nombreux juifs comme Edmond Fleg, n’oublions pas que sa dernière femme l’était. Il n’adhéra pas aux options politiques de son fils qui dès 1930 avait choisi le nazisme. Il continua d'entretenir avec lui des rapports comme avec certains membres du gouvernement de Vichy. Après guerre il souffrira d'une forme d'ostracisme à cause de son nom.
Bel homme, de grande culture il eut beaucoup de succès avec les femmes.
Il fut aussi secrétaire l'Association France-Estonie.