Le lathyrisme est une maladie provoquée par la consommation de pois du genre Lathyrus (auquel appartient le pois de senteur), notamment l' espèce Lathyrus sativus (gesse commune ou pois carré, Grass pea en anglais, Khesari Dhal ou Almorta en espagnol) et dans un degré moindre les espèces Lathyrus cicera, Lathyrus ochrus et Lathyrus clymenum.
Il s'agit d'une maladie neurologique que l'on peut rencontrer chez l'homme comme chez les animaux.
La maladie est due à la présence à l'intérieur des graines d'une substance neurotoxique : l'acide béta-oxalyl-L-alpha,béta-diaminopropionique (ou ODAP) qui agit comme un analogue structural du neurotransmetteur glutamate.
Plus les personnes mangent de grandes quantités de graines de Lathyrus, plus elles sont atteintes par une paralysie caractérisée par un manque de force ou une incapacité à bouger les membres inférieurs.
Des recherches récentes suggèrent que les acides aminés soufrés ont un effet protecteur contre la toxicité de l'ODAP.
La façon de préparer la nourriture est également un facteur important. Les acides aminés toxiques sont solubles dans l'eau et peuvent être éliminés par rinçage. Les fermentations bactériennes (fermentation lactique) et fongiques (tempeh) peuvent être utiles pour réduire la quantité d'ODAP. La chaleur humide (ébullition, cuisson à la vapeur) dénature les inhibiteurs de protéases qui sinon ajoutent un effet toxique au pois consommé cru par le biais d'une déplétion en acides aminées soufrés protecteurs.
La cause sous-jacente de la consommation excessive de pois de Lathyrus est le manque de sources de nourriture alternatives. C'est une conséquence de la pauvreté et des conflits politiques. La prévention du lathyrisme est alors un défi socio-économique.
La maladie a une prévalence dans certaines régions du Bangladesh, d'Éthiopie, d'Inde et du Népal où la culture de certaines espèces de Lathyrus est pratiquée.
Elle affecte plus d'hommes que de femmes. La raison de ce fait n'est pas claire, les hormones femelles ont été suggérées pour offrir une certaine mesure de protection, mais d'autres raisons telles que la moindre allocation de nourriture ou une activité moins génératrice de stress oxydatif sont également plausibles.
En Espagne, un mélange de graines connu sous le nom de comuña consistant de Lathyrus sativus, L. cicera, Vicia sativa et V. ervilia est une source potentielle d'acides aminés toxiques susceptible d'empoisonner les animaux monogastriques. En particulier la toxine appelée béta-cyanoalanine tirée des graines de Vicia sativa augmente la toxicité d'un tel mélange par le biais de son inhibition du métabolisme des acides aminés soufrés (conversion de la méthionine en cystéine menant à l'excrétion de cystathionine dans les urines) et la déplétion en thiols réduits protecteurs. L'usage de la comuña pour nourrir les moutons ne pose pas de problème de lathyrisme si la dose n'excède pas 50 % de la ration.
Pendant la période succédant à la guerre civile espagnole, sous Franco, durant l'isolement du pays, il y eut plusieurs épisodes de lathyrisme, causés par le manque de nourriture, qui conduisit le peuple à consommer des quantités excessives de farine d'Almorta.
Il y avait eu un précédent durant la Guerre d'indépendance espagnole, contre Napoléon, à Madrid. Cet évènement fut le sujet d'un des tableaux de Francisco de Goya ayant été intitulé Gracias a la Almorta ("Merci à la farine d'Almorta"), et dépeignant des victimes du Lathyrisme.
Dans le film Cendres (polonais Popioly, 1965) de Andrzej Wajda, basé sur le roman Lost army (titre anglais) de Stephen Zeromsky qui recouvre la période 1798-1812, un cheval est empoisonné par du grain provenant d'un village espagnol. Il perd le contrôle de ses membres, ce qui suggère qu'il a été nourri avec de l'Almorta. La scène où il tombe d'une falaise est très esthétique.