Loup (remède) - Définition

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Introduction

Le loup a été longtemps utilisé dans la pharmacopée comme en témoignent ces quelques extraits :

Le loup comme médicament

« Les bêtes ont été créées pour servir à l’homme, non seulement en matière de nourriture, mais aussi pour lui servir de médicament, comme l’ont dit Aristote et Jean Damascène. (…) En effet, dans le corps de la bête, il n’est rien qui, de manière évidente ou cachée, ne renferme quelque médicament. Car le cuir et le poil, les cornes et les ongles, la chair et le sang, et même le fumier des bêtes, possèdent en eux de grandes vertus médicinales. »

l'Anglais Barthélemy l’Anglais : Livre des propriétés des choses, vers 1240. (Traduit du latin par Jean Corbechon, 1372)

Dans le loup tout est bon pour la guérison

  • Portée en collier, la dent du loup passe pour détenir et transmettre les vertus offensives et défensives de l’animal auquel elle appartint. Par magie contagieuse, elle favorise également la poussée des dents et calme les convulsions ainsi que les peurs nocturnes des enfants. Suspendue au cou d’un cheval, elle combat la fatigue de celui-ci.
  • Une jarretière taillée dans le cuir de l’animal rend son porteur invincible à la course.
  • Une fois salé, l’œil droit du loup lié au bras guérit des fièvres. Enchâssés dans un bâton (avec divers ingrédients animaux et végétaux), les yeux d’un louveteau constituent une puissante protection contre tous les périls du voyage.
  • Le fiel du loup mêlé à des graines de concombre sauvage et lié sur le nombril lâche le ventre. Placé sur les diverses tumeurs, anales en particulier, ce même remède résorbe celles-ci.
  • Les intestins portés en ceinture arrêtent les coliques.
  • L’huile dans laquelle un loup aura été bouilli vivant soulage la goutte.
  • Le cœur de loup rend courageux.
  • Outre les prétendues propriétés mentionnées dans l’Encyclopédie de Diderot, le foie de loup desséché et mis en poudre, ou fumé dans la pipe d'un sorcier, provoque des paniques terribles parmi les hommes et, surtout, parmi les bestiaux.
  • Manger des mamelles de louve facilite l’accouchement.
  • La graisse éloigne les maléfices.
  • Les os réduits en poudre guérissent courbatures, fractures, écoulement des yeux, etc.
  • Un petit poil situé au bout de la queue permet de concocter un philtre d’amour irrésistible. À condition toutefois de suivre point par point la recette pour le moins compliquée…
  • Selon la manière de l’accommoder, la verge de loup combat le nouement d’aiguillettes (impuissance) et constitue un tout puissant aphrodisiaque…, ou produit les effets contraires !
  • Réduits en poudre et mêlés à du vin ou du miel, les excréments guérissent la colique, les sciatiques, les maux de dent…, et améliorent la vue. Encore convient-il de les recueillir sans qu’ils aient touché terre !…

Des pouvoirs merveilleux

« Nuisible de son vivant, inutile après sa mort… » : cette condamnation absolue du loup par le célèbre naturaliste Buffon (1707-1788) ignore ou méprise les multiples pouvoirs prêtés à l’animal et à chacun de ses organes ou morceaux. Vers la même époque, on lit dans l’Encyclopédie dite de Diderot : « Les paysans et les chasseurs qui prennent des loups ne manquent point d’en conserver le foie qu’ils font sécher au four, ou de le vendre à quelque apothicaire. C’est une drogue qui se trouve communément dans les boutiques; elle est vantée contre les hydropisies qui dépendent d’un vice de ce viscère. On la donne en poudre ; à la dose d’un gros. (= 3 à 4 grammes) C’est un remède peu éprouvé. »

Depuis pour le moins l’Antiquité jusqu’au début du vingtième siècle, oralement ou par écrit, se transmettront maintes recettes créditant le loup de merveilleuses vertus médicamenteuses. Mêlant empirisme et magie, ces remèdes populaires présentent l’intérêt de refléter les mentalités pré-scientifiques. Aux yeux de ceux qui le subirent, le loup n’est pas un simple mammifère carnassier ordinaire, mais une créature dont la mythification se poursuit après sa mort.

Des oreilles à la queue, de la fourrure aux excréments : dans le loup tout est bon pour la guérison, pourrait-on dire. Accommodés de diverses manières et accompagnés par d’autres ingrédients aux pouvoirs renforcés par des incantations, les fragments choisis de l’animal redouté ne peuvent que combattre la peur et ses conséquences, comme la colique, voire l’impuissance. Grâce à ses dépouilles, on peut également profiter de ses qualités, vélocité, endurance, souplesse et courage, mais aussi vue exceptionnelle et sexualité que l’on prétend débridée. Les louves ne donnèrent-elles pas leur nom aux lupanars ?

Plutôt que de se moquer des recettes suivantes, mieux vaudrait essayer d’en comprendre l’origine…

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