Prévalence
La prévalence de la maladie semble corrélée à celle des tiques et au pourcentage de ces tiques porteuses de borrélies, mais les données de prévalence manquent dans beaucoup de pays et régions car la borrélisose de Lyme est encore mal repérée par les médecins en raison de symptômes parfois peu spécifiques. De plus, en dépit de sa très forte et rapide progression, elle n'est pas partout une maladie à déclaration obligatoire (Aux États-Unis, elle l'est depuis 1981, mais les données sont considérées comme comparables entre elles qu'à partir de 1991 car avant cette date certains états ont rapporté des cas groupés sans information individuelle caractérisant chaque cas). De plus, les études antérieures de séroprévalence ont pu être faussées par la spécificité des tests de diagnostic qui font que la maladie a parfois été probablement sous-diagnostiquée. Les rares études sur la prévalence des borrelia chez les tiques montrent de fortes variations régionales. Aux États-Unis, le CDC a en 2008 recommandé d'intensifier la surveillance des borrelia, par un meilleur suivi de la population active mais aussi via l'utilisation des données animales (exemple : tests sérologiques de chiens et surveillance d'espèces vectrices sauvages) pour compléter les données disponibles et fournir une meilleure compréhension de cette maladie infectieuse émergente.
- À titre d'exemple, deux études sérologiques ont dans un chenil militaire français de Suippes (Champagne-Ardenne) testé 210 chiens en 1991, puis 245 l'année suivante, confirmant une borréliose de Lyme. En 1993 la prévalence des spirochètes a été étudiée chez les 4 espèces de tiques trouvées sur le site ; Ixodes ricinus a été trouvée porteuse de Borrelia afzelii (responsable de l'acrodermatite chronique atrophiante associée à une des variantes européennes de la maladie de Lyme).
Le pourcentage des chiens dont la sérologie démontre un contact antérieur avec des Borrelias et celui des tiques porteuses de la bactérie étaient dans ce cas moindres que dans d'autres régions de France où des enquêtes éco-épidémiologiques similaires ont été faites.
Prévalence de Borrelia chez la tique
Bien que certaines zones soient épargnées (au-dessus de 1500 mètres en Suisse, il ne semble pas y avoir de zone limitées d'endémisme, cependant la prévalence (le % d'individus infectés) de l’infection de la tique vectrice Ixodes ricinus par une Borrelia varie fortement les régions géographiques.
- Par exemple, en Suisse, au début des années 2000, la prévalence variait de 9 à 40% selon les régions chez les nymphes de la tique I. ricinus, avec un taux de contamination plus important chez la tique adulte que chez la nymphe, alors qu'elle variait de 22 à 47% chez les tiques adultes (ce qui laisse penser que le parasite n'affecte pas la tique).
Prévalence de Borrelia chez l'Homme
Les données sont lacunaires. Dans les années 2000, elle est la première maladie vectorielle dans l’hémisphère nord, avec
- 15 000 cas annuels en moyenne aux États-Unis,
- plus de 50 000 cas/an en Europe, où il semble exister un gradient positif d’Ouest en Est. Le taux d'incidence y varie de moins de 5 pour 100 000 habitants (en Irlande) à 300 à 350 en Autriche (pays qui semble le plus touché). L'incidence est globalement croissante d'ouest en est, avec néanmoins des taches de forte endémie dans des régions par ailleurs épargnées.
- En France, l'incidence moyenne était à la fin des années 1980 estimée à 16,5 cas pour 100 000 (Source : réseau de médecins sentinelles Dournon et coll.1989), avec des chiffres cités de 20 à 50 cas pour 100 000 habitants (ex. : en France, 40 cas pour 100 000 hbts ont été relevés vers 1990 dans le Berry-Sud). L'Institut Pasteur estime qu'il y a vers 2005 environ 10 000 nouveaux cas par an. L’Est et le centre sont les plus touchés, avec jusqu'à plus de 200 cas/100 000 habitants en Alsace. Des études montrent que les tiques infectées sont largement répandues en Europe, sauf sur une petite bande de territoire en zone méditerranéenne et à partir d'une certaine altitude.
- En Belgique, on décrit plus de 500 nouveaux cas de borréliose caractérisée chaque année (Godfroid et al., 1995).
- En Suisse francophone, de 1996 à 1997, on estimait que neuf personnes étaient malades pour 100 000 personnes dans le canton du Valais, et de 95 personnes sur 100 000 pour le canton de Neuchâtel. En 1991 la séroprévalence était de 3,9 à 6% de la population suisse (pour les IgG).
Au début des années 1990, 10,7% des donneurs de sang présentaient des anticorps de type IgG et 4,1% présentaient des anticorps de type IgA.5 et chez les forestiers cette séroprévalence peut s’élever à 35% (avec seulement 3,5% présentant des symptômes cliniques dans les 10 ans suivants).
En Suisse toujours, à la fin du XXème siècle, 209 à 285 cas d’érythème migrant étaient annuellement signalés à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), mais la déclaration obligatoire a été à cette époque supprimée. - Aux États-Unis, selon les CDC, sur 14 ans (de 1992 à 2006), 248 074 cas de maladie de Lyme ont fait l'objet d'un signalement volontaire, rapporté à la CDC par les services de santé des 50 États du pays. L'augmentation annuelle pour ces 14 années a été de 101% (de 9 908 cas en 1992 à 19 931 cas en 2006). La maladie de Lyme est ainsi devenue la maladie infectieuse transmise par un vecteur la plus fréquemment rapportés aux États-Unis.
93% des cas viennent de 10 Etats (Connecticut, Delaware, Massachusetts, Maryland, Minnesota, New Jersey, New York, Pennsylvanie, Rhode Island et le Wisconsin). L'incidence était plus élevée dans le nord-est et centre-nord du pays, et chez les enfants de 5 ans à 14 ans. 53% de tous les cas ont concerné des hommes. Seulement un peu plus de 65% des patients atteints de la maladie ont eu un érythème migrant, généralement apparu entre juin et juillet, et 37% des patients repérés ont déclaré une Arthrite de Lyme. Le nombre d'enfants et de jeunes hommes atteint par la maladie augmente proportionnellement plus vite que le nombre de malades des autres groupes. Pour cette période (1992→2006), le CDC dispose d'information sur l'origine ethnique de 70.0% des cas rapportés (166 194 patients) : 94,1% d'entre eux (soit 156 346 personnes) étaient identifiés comme blancs, contre seulement 1,7% (2 765 personnes) comme noirs et 0,8 %(1 299 personnes ) comme asiatiques ou habitant des îles du Pacifique et 0,3% (452 personnes) comme amérindiens natifs (en Alaska) ; les populations blanches semblent largement plus touchées que les autres, peut-être pour partie en raison d'un accès plus fréquent aux forêts giboyeuses riches en tiques, et en raison d'une probable meilleur accès au soin et à la détection.
Quelques erreurs de diagnostic sont possibles dans le sud-est du pays où des morsures de tiques sont souvent suivi d'un rash qui évoque l'érythème de la maladie de Lyme, mais qui n'est pas causé par B. burgdorferi.
Durant ces 14 ans d'observation, les symptômes rapportés chez les moins de 20 ans variaient fortement selon l'âge ; Aux États-Unis, les de 10-14 ans représentaient le plus faible pourcentage d'érythème migrant (58,2% seulement en déclarent), mais le pourcentage le plus élevé d'arthrite (38,7%). - Facteur d'altitude et de latitude : Dans les zones polaires les tiques disparaissent, ou si elles y sont provisoirement apportées par des oiseaux, elles y meurent sans pouvoir se reproduire. Dans les zones arides, certaines espèces survivent autour de points d'eau ou surtout dans les terriers.
Le facteur d'altitude est plus complexe : La limite d’altitude au-delà de laquelle la tique n’est plus présente varie fortement selon les caractéristiques biogéographiques du territoire considéré : par exemple I. ricinus ne se rencontre plus au-dessus de 600 m en Écosse, mais est trouvée en France au-delà de 1300-1500 m dans des zones bien plus hautes et froides, mais aussi plus densément boisées (et semble -t-il jusqu'à au moins 1700 m dans les Pyrénées), et en Italie, au-delà de 1300 m (Rizzoli et al., 2002). Le réchauffement climatique semble permettre aux tiques et aux micropathogènes qu'elles véhiculent de remonter vers les pôles et en montagne en altitude.