Maltraitance des enfants - Définition

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Conséquences majeures des maltraitances des enfants sur leur développement

Au delà d'une étude psychologique de la personne, des signes cliniques médicaux peuvent permettre un diagnostic : stress, carences diverses, troubles de la santé et un nanisme psychosocial.

L'importance des conséquences des maltraitances des enfants sur leurs comportements à l'âge adulte a été solidement mise en évidence par des enquêtes portant sur les troubles de santé et diverses prises de risque telles que les retards de paiement ou les accidents de la route. On a découvert notamment qu'une grande partie des adolescents victimes de graves accidents de moto ou d'auto avaient été l'objet de brutalités et de maltraitance au cours de leur enfance. (Voir notamment les études et le livre du docteur Jacqueline Cornet, les livres de Alice Miller ou les études sur le risque et l'accident de Anne Tursz).

Dimensions de la maltraitance des enfants

Même si les violences sur les enfants peuvent être relativisées après coup par des explications qui leur donnent du sens, de telles maltraitances ne sont jamais anodines. Qu'ils soient très jeunes ou déjà adolescents, elles entrainent le plus souvent le sentiment d'être nié, humilié, de ne compter pour rien. Quand bien même leur répétition peut conduire à une certaine accoutumance, le sentiment d'être nié demeure et peut s'accompagner alors d'une intériorisation de la violence : soit dans des comportements agressifs exercés sur de plus faibles ; soit dans le retournement de cette violence contre soi (multiples mise à l'épreuve se traduisant souvent dans des accidents, voire mutilations allant jusqu'au suicide). De telles situations ont fait l'objet de multiples essais (d'Alice Miller notamment)¶. Elles ont été aussi largement illustrées dans de remarquables romans (Vipère au poing de Hervé Bazin par exemple) et portées au cinéma (notamment dans Les Quatre Cents Coups de François Truffaut).

Mais la maltraitance peut aussi provenir de la situation impossible dans lequel peut vivre l’enfant. S’il doit supporter en permanence le spectacle de parents qui se disputent, voire s’insultent ou se battent, l’enfant est souvent amené à se sentir responsable de ces désaccords, ceci d’autant plus qu’il est impuissant à dissiper leur conflit. Quoi qu’il fasse, il est alors conduit à fortement culpabiliser ses comportements, soit ses pulsions d’identification à l’un ou l’autre de ses parents, ou encore ses tendances à les consoler voire à les agresser. Inversement, si l’enfant ne reçoit pas assez d’attention ou si ses parents sont absents durablement, il peut souffrir fortement de manque affectif. Il s’agit alors d’une maltraitance par défaut d’attention. Des études de sociologie quantitative aussi bien que des analyses de cas clinique ont ainsi montré clairement la gravité des conséquences des traumatismes entrainés par les problèmes familiaux vécus avant 18 ans. Par exemple, selon les travaux que Georges Menahem (1992, 1994) a réalisés à partir de grandes enquêtes statistiques de l'INSEE et de l'IRDES, les maltraitances connues durant l’enfance se traduisent dans des plus grandes fréquences à la fois des prises de risque et des troubles de santé à l’âge adulte.

  • la séparation des parents a bien moins de conséquences négatives à l'âge adulte que la prolongation des situations de mésentente ou de conflit des parents qu'aurait eu à supporter l’enfant (67% de plus de déclarations de maladies dans les cas de conflit parental sans séparation que dans les cas de séparation sans conflit, pour une liste de 28 maladies chroniques et pour des proportions comparables d'âge et de sexe)
  • le grave manque affectif ou l’absence des parents supérieure à un an sont associées avec des prises de risque plus fréquentes et avec des dégradations plus probables de la santé (respectivement 49% et 36% de plus de maladies chroniques que la moyenne de la population)
  • la maladie grave ou le handicap du père ou de la mère que l'enfant aurait dû supporter durant sa jeunesse correspond aussi avec des aggravations notables des risques d'accidents et de maladie (respectivement 26% et 23% davantage de maladies chroniques que la moyenne)

De même, les travaux de Jean-Marie Firdion et Maryse Marpsat (2000) montrent très clairement que le risque de s'engager dans une trajectoires de SDF est fortement accru par le fait d'avoir vécu des graves problèmes familiaux (mésentente ou violence des parents) durant sa jeunesse. Ces résultats sont confirmés également par les travaux de Serge Paugam (2005) en ce qui concerne d'autres trajectoires en rupture, ou encore par les enquêtes de Maryse Esterle-Hedibel (1997) pour les itinéraires des jeunes s'engageant dans des bandes aux comportements violents.

Ces diverses observations sont confirmées dans un rapport de synthèse des travaux français, canadiens et anglo-saxons qu'a effectué Laurent Mucchielli. Ce dernier écrit en effet très clairement que "les recherches permettent de conclure que, dans l’analyse du rôle de la famille, les facteurs relationnels sont plus déterminants que les facteurs structurels. En d’autres termes, la dissociation familiale est moins importante que la mésentente conjugale. Ce qui favorise la délinquance des enfants c’est l’existence d’un conflit grave entre les parents, que ces derniers cohabitent ou bien soient séparés. Les recherches indiquent en outre que ce climat familial est en partie dépendant des difficultés socio-économiques de la famille, que les situations familiales les plus "à risque" sont donc celles où se cumulent la mésentente conjugale et la précarité" (Mucchielli, 2000).

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