Bordeaux présente plus de 3000 mascarons qui participent à l'ornementation des façades et des fontaines de la ville.
En architecture, un mascaron est un ornement dont les inspirations sont multiples : aux traditionnels Neptune et Bacchus s'ajoutent des animaux fantastiques, des figures féminines, des visages du caranaval, des anges, des fauves... Les mascarons bordelais reflètent aussi l'histoire de la ville avec la reproduction de visages africains en référence à la traites négrières, l'intégration de symbôles maçonniques, chrétiens ou juifs.
Décoration vivace et fantaisiste par nature, le mascaron permet d'animer la rigueur géométrique des façades en s'intégrant aux décors architecturaux. Ils sont souvent apposés sur la clef de voûte des arcs des fenêtres ou des portes ou sur les linteaux. Des mascarons délivrent l'eau d'une fontaine.
L'antiquité utilise les représentations d'un visage pour chasser le « mauvais œil ». Ainsi des masques grotesques ou hideux figurent sur les temples, les tombeaux, les cuirasses et les jambières des guerriers, les marteaux des portes, la vaisselle, les meubles et tous les objets du quotidien.
Les mascarons décoratifs ont été empruntés à l'antiquité gréco-latine par les artistes de la Renaissance. Les Italiens Rosso Fiorentino (Florence, 1494 - Fontainebleau, 1540) et Le Primatice (Bologne, 1504 - Paris, 1570) viennent travailler à Fontainebleau pour le roi de France François Ier.
Sous le roi Henri II, à Paris, l'hôtel Carnavalet construit entre 1548 et 1560 pour Jacques de Ligneris présente des masques disposés sur une clef d'arc. Avec Pierre Lescot et Jean Goujon, le mascaron vient décorer les façades de la cour carrée du Palais du Louvre.
Les publications de Jacques Androuet du Cerceau dont Les plus excellents bastiments de France, participent à la diffusion des mascarons à travers le royaume. Le XVIIIe siècle généralise les mascarons comme à Paris, Versailles, Bordeaux, Nancy ou Nantes....
Au XVIIe siècle, les hommes de l'art distinguent les mascarons des masques. Ainsi en 1691 selon Augustin-Charles d'Aviler :
Malgré l'étymologie discutable, ces définitions ont le mérite d'expliciter une différence de fond entre le mascaron et le masque. Le mascaron est une bouffonnerie, une caricature qu'il faut réserver à des ouvrages secondaires. Le masque est une décoration de bon goût sur la façade d'un hôtel particulier, d'un palais. L'Académie royale d'architecture édicta des recommandations en conformité avec ces définitions.
Toutefois, dans la pratique, masques et mascarons finiront par se fondre dans la fonction commune de décoration et de divertissement des passants. Lors de la réalisation de la place de la Place de la Bourse les devis utiliseront seulement le terme de « tête ».