Le modèle des urnes est un modèle stochastique introduit en 1907 par les époux Ehrenfest pour illustrer certains des « paradoxes » apparus dans les fondements de la mécanique statistique naissante. Peu de temps en effet après que Boltzmann eut publié son théorème H, des critiques virulentes furent formulées, notamment par Loschmidt, puis par Zermelo, Boltzmann étant accusé de pratiquer des « mathématiques douteuses ».
Ce modèle est parfois également appelé le « modèle des chiens et des puces ». Le mathématicien Mark Kac a écrit à son propos qu'il était :
« ... probablement l'un des modèles les plus instructifs de toute la physique ... »
On considère deux urnes A et B, ainsi que N boules, numérotées de 1 à N. Initialement, toutes les boules se trouvent dans l'urne A. Le processus stochastique associé consiste à répéter l'opération suivante :
Par convention, le premier instant est t0 = 0.
Dans ce modèle, on suit au cours du temps t (discret) le nombre total de boule n(t) présentes dans l'urne A. On obtient une courbe qui part initialement de n(0)=N et commence par décroître vers la valeur moyenne N/2, comme on pourrait s'y attendre pour un « bon » système thermodynamique initialement hors d'équilibre et relaxant spontanément vers l'équilibre.
Mais cette décroissance est irrégulière : il existe des fluctuations autour de la valeur moyenne N/2, qui peuvent devenir parfois très importantes (ceci est particulièrement visible lorsque N est petit).
En particulier, quel que soit le nombre de boules N fini, il existe toujours des récurrences à l'état initial, pour lesquelles toutes les boules reviennent dans l'urne A après une durée finie. Mais, comme le temps moyen entre deux récurrences consécutives croit très rapidement avec N, ces récurrences ne nous apparaissent pas lorsque N est très grand (typiquement en physique statistique, N est de l'ordre de grandeur du nombre d'Avogadro).
Dans cette version, les deux urnes sont remplacées par deux chiens, et les N boules par N puces, sautant d'un chien à l'autre.
Voir par exemple : [Kac-1947] et : [Kac-1957]
Il existe des récurrences à l'état initial, caractérisées par une suite dénombrable d'instants
Il est possible de calculer la durée moyenne entre deux récurrences à l'état initial consécutives :
On a le théorème suivant [Kac - 1947] :
De plus, on peut montrer que la dispersion des durées autour de leur valeur moyenne, caractérisée par l'écart-type σ, est du même ordre de grandeur :
Voir par exemple [Kac-1957].
Les grandes fluctuations relatives autour de la moyenne deviennent de moins en moins fréquentes pour une durée donnée lorsque le nombre N de boules augmente.