Ostankino est un domaine et un château situés dans les environs de Moscou à Ostankino qui fait partie désormais du district nord-est de la municipalité de Moscou. Il appartenait à la famille des comtes Chérémétiev.
Les premières mentions écrites du domaine, alors appelé Ostachkovo, datent du XVIe siècle, lorsque le tsar Ivan le Terrible en fait don à Alexis Satine, parent du boyard Alexis Adachev. Mais Satine est condamné à mort en 1560 et le domaine passe à un mercenaire allemand du nom de Horn, puis en 1585 à Vassili Chtchelkalov. Il amende les terres de son domaine et peuple les villages. Ostankino entre dans une ère de prospérité. Le manoir lui-même est entouré d'un étang et d'un parc de cèdres. Il est détruit par un incendie pendant le Temps des Troubles.
Lorsque les Romanov montent sur le trône, le domaine appartient à la puissante famille des Tcherkassky. Ils plantent le parc, entretiennent le domaine de chasse et étendent leurs terres jusqu'au village d'Alexeïevskoïe. Le mariage en 1667 entre les familles Tcherkassky et Odoïevsky en fait un domaine encore plus prospère. Un serf de la famille Odoïevsky, architecte du nom de Pavel Potekhine, construit l'église actuelle dédiée à la Trinité (1678–1683, 1691–1692). Le domaine devient en plus d'un domaine agricole une résidence de plaisance dans la première moitié du XVIIIe siècle, avec théâtre, chasse et réceptions. L'impératrice Élisabeth vient même en visite en 1742. L'année suivante, la princesse Barbara, fille unique des Tcherkassky épouse le puissant comte Pierre Cheremetiev. Ostankino demeure la propriété des Cheremetiev, jusqu'à la révolution de 1917.
Les Chérémétiev habitent plutôt à cette époque dans leur domaine de Kouskovo, mais ils viennent régulièrement à Ostankino pour y chasser ou y passer de courts séjours.
Le comte Cheremetiev fait appel à Johann Manstadt comme architecte paysagiste. Celui-ci agrandit aussi les terres agricoles et installe une orangerie qui fournit les familles aristocratiques de Moscou en fruits exotiques. La Grande Catherine et son favori Potemkine en étaient des clients assidus. Ses terres comprenaient les territoires actuels de la VDNKh, de la tour Ostankino, du jardin Botanique, et de tout le quartier d'Ostankino.
Le comte commande ensuite à Piotr Argounov, avec les conseils de Francis Reid (qui aménageait alors le parc de Tsaritsyno), d'arranger un parc paysager à l'anglaise. Reid et son associé Nikolaï Kouverine créent de 1791 à 1794 un immense parc avec un jardin au nord près du château (planté en 1797 par Robert Manners).
Le comte Nicolas Cheremetiev, fils de Pierre, hérite d'Ostankino en 1788. Extrêmement riche, membre de la famille la plus fortunée de Russie, et extrêmement cultivé, il se passionne pour le théâtre et donne de somptueux spectacles privés qui lui valent le surnom de Crésus le Jeune. Il fait construire un théâtre aussi à Kouskovo, dans son hôtel particulier de Kitaï-Gorod à Moscou et à Markovo. Il décide de faire construire dans les années 1790 un théâtre plus important dans son domaine d'Ostankino. Il commence d'abord en 1792 par faire bâtir un petit théâtre de bois, puis fait appel à plusieurs architectes, dont Francesco Camporesi, qui doivent lui soumettre leurs plans pour attribution finale. Le théâtre originel est agrandi, on rajoute deux ailes et des pavillons dans le plus grand secret, chaque architecte ignorant les projets des autres, et les invités étant interdits de séjour.
Le comte ordonne en 1793 que le grand vestibule et la scène soient transformés en salle de bal à volonté et il fait redessiner l'ensemble, ainsi que le pavillon italien. Des galeries sont construites pour relier les pavillons au théâtre et au corps de logis. Finalement il décide en 1794 de l'agrandir encore et fait appel cette fois au fameux Giacomo Quarenghi aidé de Piotr Argounov et d'Ivan Starov. La façade sud est donc transformée. Une rotonde à l'italienne est construite, en 1796, qui sera fort appréciée d'Alexandre II quelques soixante ans pous tard, comme cabinet de travail.
Termminé en 1798, Ostankino est à l'époque la demeure la plus grande de Russie construite en bois (sauf quelques parties en briques autour des poêles). Son style est résolument néoclassique (appelé style Empire en russe) avec une façade dont le portique est constitué de colonnes ioniques. Les salons sont décorés de fresques délicates et de parquets de marqueterie.