La plasma stealth (« furtivité à plasma ») est une théorie qui se propose de réduire la surface équivalente radar (SER) d'un avion en utilisant un gaz ionisé (plasma). Les interactions entre un rayonnement électromagnétique et un gaz ionisé ont été largement étudiées avec des objectifs différents comme, par exemple, la possibilité de dissimuler un avion aux radars. Alors qu'il est théoriquement possible de réduire la SER d'un avion en « enveloppant » sa carlingue dans du plasma, il est très difficile de l'envisager dans la pratique. Il existe plusieurs méthodes qui peuvent raisonnablement permettre de créer un nuage de plasma autour de l'avion, de la simple décharge électrostatique ou électromagnétique, à des systèmes plus exotiques comme des plasmas produits à l'aide de lasers.
En 1956, Arnold Eldredge, de la General Electric, fit une demande de brevet pour un « système de camouflage, méthode et dispositif » (Object Camouflage Method and Apparatus), qui proposait d'embarquer un accélérateur de particules à bord d'un avion pour créer un nuage de gaz ionisé qui devait « …réfracter ou absorber les faisceaux radar incidents ». On ne sait, ni qui a financé ces recherches, ni s'il y a eu un prototype ou une expérimentation quelconques.
Au cours du projet Oxcart (mise en œuvre d'un avion de reconnaissance Lockheed A-12), la CIA finança des essais pour réduire la SER des orifices d'admission de l'A–12. Sous le nom de « projet Kempster », on a utilisé un canon à électrons pour générer un nuage de gaz ionisés devant chaque orifice. Le système a été essayé en vol mais n'a jamais été monté de façon opérationnelle.
Malgré les apparentes difficultés techniques pour mettre au point une plasma stealth pour des avions de combat, en 1999 les Russes ont revendiqué un dispositif qu'ils proposaient à l'exportation. En janvier 1999, l'agence Tass publie une entrevue du docteur Anatoliy Koroteyev, directeur du centre de recherche de Keldysh (FKA Scientific Research Institute for Thermal Processes, centre de recherche scientifique pour les systèmes thermiques) dans laquelle il s'exprime sur le système développé par ses équipes. Cette annonce mérite notre intérêt au regard de la solide réputation du docteur Anatoliy Koroteyev et de son institut.
Le numéro de juin 2002 du Journal of Electronic Defense (journal de la contre–mesure électronique) rapporte que la technologie de mise en œuvre de nuages plasma, développée en Russie dans le cadre de la recherche de furtivité, réduit la SER d'un avion d'un facteur 100. Selon cet article, la technique a été expérimentée à bord d'un bombardier Sukhoi Su-27. Le journal précise également que des recherches identiques sur l'utilisation des plasmas dans la réduction des SER ont été conduites aux États–Unis par Accurate Automation Corporation (Chattanooga, Tennessee) et Old Dominion University (Norfolk, Virginie), ainsi qu'en France par Dassault Aviation (Saint-Cloud) et Thales (Paris).
L'idée d'envelopper un avion de plasma a été envisagée pour d'autres buts que la furtivité. On trouve, par exemple, de nombreuses publications sur l'usage des plasmas pour réduire la traînée. En particulier, un couplage électrohydrodynamique peut être employé pour accélérer le passage de l'air au voisinage d'une surface aérodynamique.
Un journal publie une étude sur l'utilisation d'une « peau » de plasma comme contrôle de surface sur une aile d'avion dans une soufflerie à faible vitesse. Ceci prouve qu'il est possible de produire un plasma à la surface d'un avion, cependant, on ne sait pas si le type de plasma généré au cours de ces expériences d'aérodynamique peut être employé valablement pour réduire la SER (Surface équivalente radar).