Un pont transbordeur, aussi appelé pont à transbordeur, est un pont enjambant un port, un canal ou un fleuve, pour faire passer les véhicules et les personnes d'une rive à l'autre dans une nacelle (ou transbordeur) suspendue à un chariot roulant sous le tablier. La traction, par câble commandé depuis la rive, fut d'abord assurée par une machine à vapeur puis, très vite, par un moteur électrique.
On ne construit pratiquement plus ce genre de pont et il en existe huit, encore en usage, dans le monde.
Le créateur du premier pont transbordeur pont de Biscaye, 1893) est Alberto de Palacio, ingénieur et architecte espagnol, né à Sara, (Pyrénées-Atlantiques) (1856-1939), associé à Ferdinand Arnodin pour la construction.
L'idée d'un système de transbordement est ancienne. On peut déjà en trouver l'idée dans un livre du XVIIe siècle, Machinea Fausi Verentii Sireni : entre deux grands mâts placés de part et d'autre d'une rivière, une nacelle, sorte de caisse suspendue à deux poulies, permettant d'aller d'une plate-forme à l'autre fixées sur ces mâts en roulant sur une corde fixée à leur sommet. Le déplacement était fait par les passagers en tirant sur une corde.
N.N. Forbes, dans son livre Transporter Bridges, attribue l'idée du pont transbordeur à l'ingénieur anglais Charles Smith, directeur de Hartlepool Ironworks, qui l'aurait proposé en 1872 pour franchir la rivière Tees à Middlesbrough.
Mais un nom reste attaché à ces ouvrages : celui de Ferdinand Arnodin (1845-1924), ingénieur français établi à Châteauneuf-sur-Loire, à qui l'on doit la construction de 9 des 18 ponts transbordeurs recensés dans le monde, et aussi quantité de ponts suspendus de la deuxième génération (fin du XIXe siècle, début du XXe), ainsi que de très nombreux travaux de restauration et de renforcement de ceux de première génération (avant 1850).
Les ponts transbordeurs furent construits là où il était nécessaire de laisser libre passage au trafic maritime, à une époque où les grands voiliers avaient encore une importance économique et stratégique. En France, la Marine exigeait une hauteur libre de 50 m au-dessus des hautes eaux. Ce fut donc la norme de hauteur sous tablier de tous les ponts transbordeurs français.
Par rapport à un bac, les avantages d'un pont transbordeur sont évidents : confort, rapidité, sécurité de la traversée, insensibilité à la marée et aux conditions météorologiques, accostage en douceur, accès et sortie rapides. À cela s'ajoutait un coût relativement modéré et des délais de construction très courts : 27 mois à Rochefort, 19 mois seulement à Marseille.
Après la Première Guerre mondiale, on se rendit vite compte que, malgré tous ces points forts, le débit des ponts transbordeurs ne répondait plus à un trafic automobile de plus en plus intense. Les grands voiliers ayant par ailleurs disparu, on ne construisit plus de ponts transbordeurs, on n'acheva même pas celui de Bordeaux, qui était resté en chantier. Ne furent conservés que ceux qui étaient réellement adaptés aux conditions locales. Les autres furent abandonnés ou démontés.
Les très rares ponts transbordeurs modernes (depuis 1930) n'ont été créés que pour l'attrait touristique ou pour des besoins industriels ponctuels.
Un projet de pont à transbordeur de nouvelle génération est cependant à l'étude à Nantes : le retour aux circulations douces et le renouvellement des attaches maritimes des villes d'estuaire laissent entrevoir une nouvelle vie pour ce type d'ouvrages qui ont toujours fortement marqué leur environnement.