La porte des Allemands est un vestige de l'ancienne enceinte médiévale de Metz en Moselle. À la fois porte et pont fortifiés, elle enjambe la Seille au niveau du pont Henry-de-Ranconval qui relie la voie rapide Est au boulevard André-Maginot ayant remplacé les remparts au début du XXe siècle. L’édifice dominait la ligne d'enceinte orientale sur près de 1 200 m depuis la porte Mazelle jusqu'à la porte Sainte-Barbe. Il est le seul château défensif de Metz qui n'a pas été détruit.
La porte des Allemands fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 3 décembre 1966.
Véritable porte-forteresse, dotée de tours, de créneaux et de mâchicoulis, la porte des Allemands doit son nom à des chevaliers teutoniques ou frères hospitaliers de Notre-Dame-des-Allemands, qui avaient fondé un hôpital à proximité. Celui-ci fut détruit en 1552, lors du siège de la ville par Charles Quint.
Sa construction est entreprise en 1230 avec l’édification d’une première porte orientée vers le centre-ville et formée de deux tours rondes relativement étroites, primitivement réunies par une arcade en ogive, dont il ne reste que les amorces. Une édification contemporaine du renforcement de l’ensemble des remparts messins a lieu. Ils atteignent à cette époque une longueur de sept kilomètres.
Afin de contrôler l'accès au pont qui enjambe la Seille et qui relie la ville à la campagne, deux nouvelles tours, plus imposantes, dotées de nombreux éléments d'architecture militaire, sont élevées vers 1445 pour défendre l’entrée du pont. Comme l'atteste une inscription gothique mutilée sur la tour de droite en sortant, « Henry de Busdorf et de Ranconval fut de cet ouvraige maistre principal en 1445 », ces dernières sont l'œuvre de Henry de Busdorff. Elle est précédée des traces d’un écu timbré du signe d’appareil de l’architecte. Les tours dominent la Seille d'une hauteur de vingt-huit mètres. L’épaisseur des murs, qui atteint 3,50 m, est alors adaptée à la puissance de l’artillerie naissante. Le pont est lui-même fortifié entre 1480 et 1550. Des bretèches et des échauguettes sont ajoutées au dispositif. Les deux corps de bâtiment aux voûtes largement cintrées datent de cette époque. Une inscription sur la voûte indique qu'elle est due au « Sr. Philippe d'Ex maistre et gouverneur de l'ouvraige en 1529 ». Philippe d'Esch, ou d'Ex, seigneur de Neufchâtel-devant-Metz, fut maître-échevin de la ville en 1502 et en 1527. Les sculptures figurées ou zoomorphes sur la face externe du rempart et sur les tours extérieures datent de cette époque. Après le siège de Metz en 1552, la totalité de l’édifice sera consolidée. Comme les autres ponts de la ville, notamment le pont des Grilles, le pont de la Porte des Allemands était muni de herses, pouvant barrer la rivière.
En 1674, Vauban rajoute côté campagne une porte plus petite qui n’existe plus de nos jours.
Plus tard en 1891, les parties supérieures seront rehaussées par les Allemands.
La ville de Metz devient propriétaire de la porte des Allemands en 1900. Une partie est transformée en musée. Il renferme jusqu’en 1918 une collection archéologique provenant des quartiers disparus, des portes ou des remparts démolis de la ville. Au premier et au second étage, on trouvait des documents, des pièces imprimées et des gravures sur l’histoire de Metz depuis l’époque romaine. Les salles recélaient également des sceaux, monnaies et médailles datant de la guerre de 1870, des meubles et des costumes lorrains et la guillotine « La Louise » qui aurait été en activité à la place de la Comédie en 1793.
L’ancien pont attenant à l'édifice fut détruit en 1944 et reconstruit un peu plus loin à sa place actuelle.