Serge Leclaire (1924-1994) fut le premier disciple de Jacques Lacan, dont il se démarquera en établissant sa propre théorie psychanalytique.
Leclaire naît en 1924 à Strasbourg sous le nom Liebschutz. Durant ses études, il rencontre Wladimir Granoff. Sa famille rejoint Marseille, et son père obtient de faux papiers, sous le patronyme Leclaire.
Un moine hindou lui fait découvrir la psychanalyse et mentionne les travaux de Françoise Dolto. Leclaire rejoint alors l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, où il sera analysé par Jacques Lacan. Il sera son premier disciple.
En 1953, Leclaire participe à la scission et fonde avec Lacan et Dolto la Société Française de Psychanalyse (SFP). Il en devient le secrétaire, puis le président, tout en étant, entre 1961 et 1965, membre de l'International Psychoanalytical Association (IPA).
Leclaire tentera de faire accepter par l'IPA la SFP, sans succès. Il suivra Lacan à l'École freudienne de Paris, fondée en 1964, mais continuera de travailler à l'unification de la psychanalyse française. Il sera l'analyste de François Roustang.
En 1969, Leclaire est à l'origine du premier Département de psychanalyse, à l'Université de Paris VIII (Vincennes).En 1983 il est le seul clinicien à accepter de participer à l'émission PSy Show, qu'il quittera dès les premières dérives. En 1989 il crée une Association pour une Instance des psychanalystes
Dans un article À la recherche d'une psychothérapie des psychoses paru en 1958 dans l'Évolution psychiatrique Leclaire discute le traitement des signifiants par les malades mentaux. Pour le paranoiaque un signifiant peut avoir des signifiés multiples, pour le schizophrène plusieurs signifiants sont liés avec un seul signifié. On pourrait dire que le schizophrène a trop de signifiants et un défaut de signifiés.
Se référant au schéma L de Lacan, selon Leclaire l'axe a-a' (l'axe de l'imaginaire) manque chez le schizophrène: le schizophrène est privé de moi. Une thérapie consisterait donc en lui donner un moi. Sur cette base théorique Gisela Pankow a développée sa thérapeutique du greffe, parce que le schizophrène a besoin de greffes, comparables aux crampons, que pose l'architecte pour fortifier un édifice.
Roudinesco mentionne, comme contribution importante de Leclaire, l'analyse du « rêve à la Licorne », que Leclaire exposa lors du rapport de Jean Laplanche et Serge Leclaire au Colloque de Bonneval en 1960: L'inconscient, une étude psychanalytique (parties III et V du rapport) . Là Leclaire montre comment une chaîne de signifiants determine un rêve. Cette analyse est en parfait accord avec l'approche linguistique des rêves de David Foulkes, le chercheur de rêves americain, qui a dit