Parallèlement aux développements réalisés à Echirolles, une équipe POLYBUS d'une dizaine de personnes est créé à Rennes (35) auprès du CCETT qui mène alors les études péparatoires à la mise en place d'un réseau national de commutation par paquets. Dans la cadre d'un contrat de recherche avec le CCETT, cette équipe développe des architectures SOLAR 16 multiprocesseurs tolérantes aux pannes avec mémoires et bus entrée/sortie partagés, un OS spécifique MOS ainsi que des liaisons synchrones rapides. Cette architecture s'inspire du PLURIBUS de BBN (Bolt Beranek and Newman) développé pour les noeuds du réseau ARPANET.
En février 1975, dans le cadre de l'appel d'offres TRANSPAC pour la constitution d'un réseau national X25, SESA répond avec Télémécanique en proposant les matériels SOLAR 16 POLYBUS. L'offre fait partie de la short list, mais en décembre 1975 c'est le consortium SESA-TRT qui gagne le marché. Par la suite, des éléments POLYBUS sont utilisés pour réaliser des systèmes complexes comme le commutateur de message télex/télégraphique du Ministère des Affaires Etrangères (1980).
Au niveau logiciel, plusieurs systèmes d'exploitation sont disponibles BOS/D, RTES/D (temps-réel), MPES (multifonction. SOLAR 16 posséde un système de gestion de fichier évolué FMS, un système de gestion de base de données (SGBD), des utilitaires de développement d'écrans de saisie FMS, des moniteurs transactionnels MCS et MUTEX.
Au niveau des langages de programmation, outre l'assembleur ASM16 et le macro assembleur MACP, les langages suivants sont disponibles PL16 (langage inspiré du PL/1 permettant de faire ce que fait l'assembleur, mais dans un langage structuré), Fortran IV, Basic-16, RPG II. Ils seront rejoints plus tard par le Fortran temps-réel et le COBOL 74. Un interpréteur Lisp fut développé pour le SOLAR 16 à l'université Paris 8 et un interpréteur APL par l'Ecole des Mines de Saint Etienne.
En 1976, poussé par l’état, dans le cadre des rectifications de frontières entre la CGE et THOMSON, TELEMECANIQUE se sépare de sa division informatique. Celle-ci fusionne avec la partie B de la CII qui produisait les mini-ordinateurs concurrents MITRA et devint une filiale de THOMSON. Au terme d'une fusion très dure, la nouvelle compagnie SEMS (Société Européenne de Mini-informatique et Systèmes) continue à produire des SOLAR 16.
Après la nationalisation de Bull, la SEMS passa sous son contrôle. En 1984, Bull rebaptise la gamme SOLAR en SPS5 et crée de nouvelles déclinaisons les SOLAR 16-30, 16-70, 16-85 et 16-90. Leur production s'est arrêtée au début des années 1990.
Il reste encore quelques exemplaires en service en France. Des sociétés industrielles comme EDF ou RATP ont encore quelques calculateurs Solar en exploitation.
La commercialisation du SOLAR 16 démarre au SICOB de 1975. En 1975, le chiffre d'affaires de la DII est d'une centaine de millions de NF (de l'ordre de 630 millions d'euros 2007. SOLAR fait jeu égal en Europe avec les PDP-11. Plus de 16.000 unités seront vendues dans le monde, le plaçant au deuxième rang mondial dans les ventes de mini-ordinateurs. Il est aussi produit sous licence aux Etats-Unis par CALCOMP (la compagnie existe toujours!) et utilisé principalement dans ses systèmes de CAO. Le SOLAR 16 est vendu par THOMSON-CSF pour la réalisation du réseau de contrôle aérien Chinois. Il a été alors produit sous licence à Canton.
Bien que conçu principalement pour le contrôle de processus industriels, SOLAR 16 est utilisé dans les télécommunications, la gestion des transactions, la conduite de machines outils, les laboratoires d'analyses médicaux (offre SYSLAB). Il fit aussi carrière dans les universités et les organismes de recherche : Ecole Polytechnique, IMAG, IRCAM, INSERM, MICADO, etc.