Les femmes nées prématurément ont plus de grossesses à risque

Publié par Isabelle le 23/01/2013 à 00:00
Source: Université de Montréal - Daniel Baril
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La grossesse est une fenêtre sur la santé future des femmes, observe la chercheuse Anne Monique Nuyt. (Photo: iStockphoto)
En obstétrique, on savait depuis une dizaine d'années que les femmes nées avec un poids inférieur à la normale étaient plus à risque que les autres de connaitre plus tard des complications pendant la grossesse. Mais on ignorait si les femmes nées avant terme tout en présentant un poids normal pour le foetus à ce moment-là voyaient aussi augmenter leurs risques d'avoir des problèmes de santé au cours d'une grossesse.

Grâce à une étude dirigée par le Dre Anne Monique Nuyt, professeure au Département de pédiatrie de l'Université de Montréal et chercheuse en néonatologie au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, nous savons maintenant que ces deux conditions, indépendamment l'une de l'autre, sont des facteurs de grossesse à risque.

"Pour une mère, être née à terme mais de faible poids ou être née prématurément mais de poids normal pour l'âge gestationnel accroit les risques de prééclampsie ainsi que de diabète et d'hypertension de grossesse, affirme la Dre Nuyt. Le risque est encore plus élevé lorsque ces deux facteurs se combinent, c'est-à-dire une naissance prématurée avec un poids inférieur à la normale pour l'âge gestationnel."

La prééclampsie se distingue de l'hypertension par une atteinte rénale et le fait qu'elle peut évoluer, si elle n'est pas soignée, vers l'éclampsie, qui est un état d'hypertension accompagné de convulsions. La prééclampsie est par ailleurs une cause majeure de mortalité maternelle dans les pays en voie de développement.

Risque doublé

Cette étude est parvenue à faire la distinction entre le faible poids à la naissance et la naissance prématurée grâce aux données de la banque MED-ÉCHO (données d'hospitalisation du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec) et du registre des naissances du Québec. L'équipe de chercheurs a comparé les complications de la grossesse chez 7405 femmes nées avant terme avec les complications de la grossesse chez un groupe témoin de femmes nées à terme, c'est-à-dire entre 37 et 42 semaines de gestation.

Plus la mère est née prématurément, plus le risque de diabète, d'hypertension et de prééclampsie en cours de grossesse sera grand. Les femmes nées entre 32 et 36 semaines de gestation présentent 13% de risques d'être aux prises avec l'une ou l'autre de ces complications durant une grossesse, comparativement à 11% chez les femmes nées après 37 semaines. Chez celles nées avant 32 semaines, le taux grimpe à 20%, ce qui est près du double de celui des femmes nées à terme.


Anne Monique Nuyt
"Deux fois plus de risques, c'est un effet très important, déclare Anne Monique Nuyt. L'effet est plus faible chez les femmes nées entre 32 et 36 semaines, mais il reste significatif: le milieu médical devrait donc se préoccuper aussi de ces enfants nés près de la limite du temps."

Les problèmes de santé cernés dans cette étude sont normalement diagnostiqués à temps lors du suivi de la grossesse, mais la chercheuse estime qu'il est important que les obstétriciens recueillent des informations sur les conditions de naissance de leurs patientes afin de dépister les cas les plus à risque de complications.

La Dre Nuyt se fait par ailleurs rassurante. "La bonne nouvelle, c'est que, dans notre étude, 80% des femmes nées à moins de 32 semaines de gestation n'ont pas eu de complications pendant la grossesse", souligne-t-elle.

Cause possible de la prééclampsie

Il est connu que la prématurité peut avoir des incidences sur le système cardiovasculaire à long terme. Jusqu'à maintenant, les travaux sur le sujet ont révélé une tension plus élevée chez les femmes nées prématurément mais pas d'hypertension. Les résultats obtenus par l'étude de la Dre Nuyt qui démontrent une augmentation significative du nombre de femmes souffrant d'hypertension artérielle chronique et de diabète de type 2 sont donc une primeur. La chercheuse explique ces différences de résultats par le fait que les adultes nées prématurément (et ayant donc survécu à la prématurité) ne sont pas encore assez âgées pour qu'une hypertension soit détectée avec les études réalisées jusqu'à présent.

"La grossesse est une fenêtre sur la santé future des femmes, dit-elle. Celles qui font de l'hypertension et du diabète de grossesse courent plus de risques d'en souffrir plus tard."

En liant la prééclampsie et le diabète de grossesse aux conséquences de la prématurité sur les systèmes cardiovasculaire et métabolique, cette étude a permis également à l'équipe de chercheurs de formuler de nouvelles hypothèses sur les causes de ces complications.

Cette étude a été publiée dans le numéro de novembre 2012 du Canadian Medical Association Journal avec, comme première auteure, la postdoctorante Ariane Boivin.
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