L'abbaye Notre-Dame-de-Saint-Rémy de Rochefort (généralement connue comme abbaye de Rochefort) est une abbaye trappiste sise à 5 km au nord de la ville belge de Rochefort, en Famenne et province de Namur (Région wallonne). Multiséculaire, l’abbaye est connue pour sa brasserie, et bière trappiste, la « Rochefort ».
Gilles de Walcourt, comte de Rochefort, offre à une communauté de dames pieuses de s’installer dans un domaine personnel qu’il offre à Saint-Rémy, près de Rochefort. L’acte de fondation date de 1230 et le monastère s’appelle le « Secours de Notre-Dame » (Succursus Dominae Nostrae). Durant deux siècles l’abbaye – affiliée à l’ordre cistercien – se développe harmonieusement, et accumule possessions et terres grâce aux donations qui lui sont faites.
Le XVIe siècle est plus difficile. Les temps sont troubles. L’abbaye est pillée par des soldats calvinistes en 1568, et dix ans plus tard les troupes de Don Juan d'Autriche font de même... (1577) Aux environs de 1595, les moines se mettent à brasser la bière.
Le XVIIe siècle fut encore plus désastreux. Les guerres entraînent d’autres calamités : famine, épidémie et brigandage. Le 1er mai 1650, les troupes lorraines du baron de Châtelet pillent l’abbaye, et commettent des actes sacrilèges dans l’église. Les années suivantes, 1652 et 1653 les moines doivent souvent se réfugier dans la ville de Marche.
La tourmente passée, les travaux de reconstruction commencent (1664) et l’église est consacrée en 1671. Philippe Fabry en est l’abbé. Sa devise gravée sur un bâtiment de l’époque, avec le millésime de 1664, est devenue et restée à ce jour la devise de l’abbaye : Curvata Resurgo (« Courbée, je me relève »).
Au XVe siècle la ferveur et la discipline religieuse se détériorent. De plus le nombre de moniales a fort diminué. Le chapitre général de l’ordre de Cîteaux envoie en 1464 les abbés du Jardinet et de Moulins comme Visiteurs canoniques. Leur rapport est sévère au point que le chapitre prend une décision drastique et rare : l’ensemble de la communauté ira occuper l’abbaye de Félipré (près de Vencimont) dont les moines remplaceront les moniales à Saint-Remy-Rochefort. Il est possible qu’un problème de salubrité des lieux ait également influencé la décision. Ainsi Marguerite Spangneau, abbesse, renonce à ses droits sur l’ensemble de la propriété et Arnould de Maisonneuve, abbé de Félipré, et sa communauté prennent possession des lieux. L’abbaye est placée directement sous la tutelle de Cîteaux dont elle devient la 28e fille. Une nouvelle période de ferveur et prospérité commence pour l’abbaye. Les moines sont d’ailleurs plus à même d’exploiter les ressources de la rivière (un affluent de la Lhomme) qui traverse propriété et bâtiments de l’abbaye, de même que les carrières d’un marbre bleu-et-rouge fameux (le marbre de Saint-Rémy).
Les moines sont fatigués de porter la coule. De plus ils sont influencés par les idées de la révolution française. Ensemble ils demandent au pape Pie VI leur sécularisation (1792), qui leur est accordée. Les huit moines survivants deviennent chanoines séculiers et se partagent à l’amiable les biens de l’abbaye dans laquelle ils continuent à résider (chacun avec son domestique). Ce nouveau statut de l’abbaye – ses biens étant partagés et devenu privés – protège semble-t-il les bâtiments lors de la visite des soldats républicains en 1794, même si les nouveaux chanoines séculiers s’étaient empressés de fuir. Au départ des soldats cependant la population locale achève le travail. Comme les autres abbayes, Saint-Rémy connaît le pillage et la destruction, à la grande amertume de l’abbé : « les ouvriers et manœuvres, ceux que nous avons nourris de pères en fils, étaient les plus acharnés au pillage : quelle reconnaissance ! ».
Les chanoines séculiers perdent malgré tout tous leurs biens. Les bâtiments de l’abbaye sont vendus en vertu de la loi de 1796. Un certain Poncelet acquiert le monastère en 1805 dont il fait démolir l’église et la plupart des bâtiments monastiques. Les matériaux ainsi récupérés sont utilisés pour construire des immeubles à Rochefort. Le dernier - et ex-abbé - Armand de la Pierre meurt comme doyen de Rochefort en 1812.