Abbaye aux Dames de Saintes | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Poitou-Charentes |
Département | Charente-Maritime |
Ville | Saintes |
Culte | Catholique romain |
Type | Abbaye |
Début de la construction | XIe siècle |
Fin des travaux | XVIIe siècle |
Style(s) dominant(s) | roman (Église abbatiale) |
Protection | Église abbatiale classée Monument historique (1846) Ensemble des bâtiments conventuels inscrits Monument historique (21 avril 1948) |
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L’abbaye aux dames est une ancienne abbaye bénédictine située à Saintes, troisième agglomération du département de la Charente-Maritime, en France.
Important centre spirituel de sa fondation à la révolution, l'abbaye est placée sous la protection du roi de France en 1378. Comptant à son apogée jusqu'à cent moniales, elle se voit confier la mission d'instruire les jeunes filles de la noblesse française. Elle compte notamment parmi ses pensionnaires la future marquise de Montespan.
Convertie en prison durant la période révolutionnaire, puis en caserne militaire jusqu'au début du XXe siècle, elle est restaurée au cours de la décennie 1970-1980 à la faveur de la création du festival de musique ancienne de Saintes.
Les bâtiments conventuels accueillent aujourd'hui un centre culturel affilié au réseau européen des centres culturels de rencontre ainsi que le conservatoire de la ville, tandis que l'église abbatiale conserve sa vocation de centre spirituel.
Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1948, l'abbaye aux dames est également titulaire du label des Trésors de Saintonge.
La fondation de cette abbaye bénédictine strictement féminine intervient en 1047 à l'initiative du comte d'Anjou Geoffroy Martel (maître de la Saintonge depuis 1036) et de son épouse Agnès de Bourgogne. Placée sous le double vocable de Notre-Dame et du Christ-Sauveur, elle est établie à proximité immédiate de l'ancienne basilique funéraire de l'évêque Palladius. La dédicace du monastère est confiée à l'archevêque de Bordeaux, en présence des archevêques de Bourges et de Besançon, des évêques de Saintes, d'Angoulême, de Périgueux, de Nantes et de Limoges, de l'évêque nommé de Poitiers et de plusieurs représentants de la noblesse locale. La première abbesse du monastère, Constance, prend possession des lieux.
Dès sa fondation l'abbaye se voit accorder terres (principalement dans la région de Marennes, riche en marais salants, dans celle de Pont-l'Abbé-d'Arnoult, couverte par la « Forêt de Baconnais », ou encore dans le nord de l'île d'Oléron) et privilèges, dont celui de rendre la justice et de battre et changer la monnaie. Placé sous l'autorité directe du pape, l'abbaye devient peu à peu l'une des plus prospères de la région. Elle bénéficie au XIIe siècle des largesses de la duchesse Aliénor d'Aquitaine, parente de l'abbesse Agnès de Barbezieux. Ces libéralités contribuent au financement des travaux de la nouvelle église abbatiale.
À la tête du monastère sont placées des abbesses, généralement issues de familles nobles. Cumulant pouvoir spirituel et temporel, ces dernières obtiennent le privilège - jusque là réservé aux évêques - de porter la crosse. Cependant, afin de montrer leur soumission au pouvoir épiscopal, elle se doivent de la tenir avec le « crosseron » dirigé vers l'intérieur.
En 1259, le traité de Paris fait de la Charente une frontière entre le domaine anglo-aquitain (auquel appartient Saintes et la rive gauche) et français (auquel appartient l'abbaye). Bien que située de fait sur les terres du roi de France, ses nombreuses possessions réparties sur les terres du souverain anglais placent l'abbaye sous juridiction anglaise.
Cependant, vers 1320, l'abbesse Agnès de Rochechouart décide de se placer sous la protection du roi de France. Le roi d'Angleterre s'estime lésé par cet acte contraire aux coutumes féodales. Il porte l'affaire devant le parlement de Paris, lequel envoie des enquêteurs en Saintonge mais ne semble guère disposé à faire avancer l'affaire. Devant ce qu'il considère comme une flagrante preuve de mauvaise foi, le roi d'Angleterre porte l'affaire devant le pape, lui faisant parvenir la missive suivante :
« Je couvre de baisers pieux vos bienheureux pieds. Dans tous les temps l’abbesse du monastère de Saintes et ses prédécesseurs ont tenu immédiatement de moi et de mes ancêtres les biens temporels dépendants de leur abbaye dans mon duché de Guienne. Cependant, voilà que par une frauduleuse intrigue, sans permission de ma part et contre l’autorité des saints canons, l’abbesse de Saintes prétend tenir lesdits biens de la couronne de France, au mépris de mes titres héréditaires et au préjudice de mes droits. Je supplie donc votre clémence de daigner sévir spirituellement contre l’abbesse qui ose élever une prétention aussi injuste, afin que, retenue par la crainte d’un châtiment sévère, elle ne cherche plus à me dépouiller de ce qui m’appartient»
Faute de réponse du souverain pontife, Édouard II se décide à engager des représailles contre le monastère. Des bandes de mercenaires à la solde du parti anglais, les « Bastards », saccagent et pillent l'abbaye en 1326. Alors que les pertes de l'abbaye sont estimées à quarante mille livres, l'abbesse envoie une supplique au roi de France afin qu'il lui vienne en aide. Ce dernier accorde un secours de quatre mille livres tournois en 1328.
En 1333, à la mort de Agnès de Rochechouart, l'élection de la nouvelle abbesse donne lieu a des querelles entre deux prétendantes, Yve Vigier de Lonzac et Agnès Garnier de Blaye. Un procès est entamé et porté devant le tribunal pontifical, ne s'achevant qu'en 1342 par la nomination de Yve Vigier de Lonzac, reconnue comme abbesse à la suite du décès de son opposante.
Initialement placée sous la juridiction du Saint-Siège, l'abbaye est confiée à la protection du roi de France en 1378. Dès lors, elle prend le nom d'« abbaye royale Notre-Dame de Saintes ».
Les guerres entre factions rivales privent l'abbaye d'une partie de ses revenus, plongeant celle-ci dans un profond marasme économique. En 1484, la rénovation d'une chapelle sous l'abbatiat d'Anne de Rohan semble néanmoins indiquer le retour d'une certaine prospérité.
Le déclenchement des guerres de religion met un terme au relèvement de l'abbaye. En 1568, les armées huguenotes commandées par François de Coligny d'Andelot mettent à sac les bâtiments conventuels. Dans le même temps, Tandis que Louis Ier de Bourbon-Condé ordonne la destruction complète du monastère, l'abbesse Françoise I de La Rochefoucauld convainc son frère d'intercéder en sa faveur, ce qui sauve une partie des bâtiments de la ruine. Quelques décennies plus tard, en 1608, puis une seconde fois en 1648, deux incendies ravagent le monastère. Ces sinistres déterminent l'abbesse Françoise II de Foix à entamer une grande campagne de reconstruction. La décennie 1650-1660 voit l'édification des bâtiments qui existent toujours aujourd'hui.
Au XVIIIe siècle, l'abbaye est conduite par la princesse Marie de Durfort de Duras, puis par Marie-Madeleine de Baudéan de Parabère, qui prend sa charge en 1754. Dernière abbesse de Saintes, elle est contrainte de faire descendre les cloches de l'église abbatiale le 29 mai 1792, acte marquant symboliquement la fin de presque huit siècles d'activité monastique. Malade, elle s'éteint le 30 septembre de cette même année. Quelques jours plus tard, les moniales sont expulsées de l'abbaye et cette dernière est convertie en prison.
Un décret de l'empereur Napoléon Ier convertit l'abbaye en caserne militaire. Elle garde cette affectation jusqu'au début du XXe siècle. Sous le nom de « Caserne Taillebourg », elle abrite le VIe régiment d'infanterie jusqu'en 1924.
Rachetée par la ville, elle connaît ses premiers travaux de restauration cette même année, sous la direction de l'architecte des monuments historiques, Maurice Gouverneur. Les travaux s'étalent jusqu'en 1939, année durant laquelle l'église abbatiale est rendue au culte.
À la fin du mois de juin 1940, alors que les troupes allemands déferlent sur la Charente-Inférieure, l'abbaye est aménagée en camp de transit pour les prisonniers de guerre français. Ces derniers sont transférés ultérieurement au camp de Surgères. Par la suite, les soldats de la Wehrmacht font de l'abbaye une de leurs casernes.
À l'issue de la guerre, en 1948, l'abbaye est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. L'église abbatiale, classée monument historique depuis 1846, est de nouveau rendue au culte.
L'abbaye subit une nouvelle campagne de restauration durant les décennies 1970-1980, supervisée par l'adjoint à la culture Jean Rouger. Au cours de celle-ci, les bâtiments conventuels ont convertis en un pôle culturel labellisé « Centre Culturel de Rencontre ». Dans le même temps, une partie des bâtiments est aménagé en conservatoire.
En 1986, des fouilles archéologiques conduites par Christian Vernou permettent de dégager les soubassement du cloître, détruit durant l'occupation militaire de l'abbaye.
Les travaux de restauration achevés, le monastère rénové accueille en octobre 1988 le président de la République, François Mitterrand.
L'abbaye est le théâtre principal du « Festival de Saintes » qui a lieu chaque année au mois de juillet. Une partie des concerts est diffusée sur l'antenne de la station thématique de Radio France consacrée à la musique classique, France Musique.