Abbaye de Dieleghem - Définition

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La demeure abbatiale, seule survivante

Seule survivante, la demeure abbatiale, qui pouvait facilement être transformée en luxueuse demeure, est actuellement située au no 14 de la rue Tiebackx. Ce bâtiment de style néo-classique servira successivement de maison de campagne, de refuge à des jésuites portugais en exil, d’hospice de la Ville de Bruxelles et de paroisse provisoire avant d’être racheté par la commune de Jette à l’état de ruine, suite à une délibération du conseil communal du 17 janvier 1950, pour y abriter le musée communal. Dans l'attente de la construction de la nouvelle paroisse Saint-Joseph située à proximité, ses locaux servent de paroisse temporaire entre 1929 et 1954, desservie par des chanoines prémontrés de Grimbergen.

Après bien des hésitations sur son opportunité, la restauration du presbytère, protégé comme monument historique (1953), est entreprise entre 1967 et 1972 sous l’égide de l’architecte Simon Brigode pour abriter le musée communal de Jette. Entretemps, le vaste parc qui l’entourait a été loti dès les années trente par la société immobilière de Jette, constituée conjointement par la famille Capart, propriétaire de 1898 à 1929, et la société immobilière Bernheim. La création des nouvelles rues du quartier Saint-Joseph a entraîné la disparition des derniers vestiges de l’abbaye encore debout. Toute la toponymie du quartier rappelle l’ancienne abbaye : rue de l'abbaye de Dieleghem, drève de Dieleghem, chaussée de Dieleghem, bois de Dieleghem...

Les vicissitudes de l’histoire

À plusieurs reprises, l’abbaye de Dieleghem est victime innocente des conflits qui opposent les seigneurs du duché de Brabant à leurs ennemis. La proximité de la ville en fait un poste avancé pour toutes les troupes de passage. À chaque fois, après un exode forcé dans le refuge qu’elle possède dans le quartier Saint-Géry, la communauté monastique se met courageusement à l’ouvrage pour relever les bâtiments de leurs cendres.

La guerre de Grimbergen qui oppose pendant plus de trente ans – de 1142 à 1179 - les ducs de Brabant aux Berthout sème régulièrement la désolation dans les campagnes autour de Bruxelles. Jette et son abbaye sont prises à partie dans un conflit qui ne les concernent pas, semant destructions et famines récurrentes.

Victime de l’indiscipline et de la cruauté gratuite des troupes du seigneur de Ravenstein, le monastère et ses dépendances sont la proie des flammes en février 1489. Soutenues par Philippe de Clèves, les villes brabançonnes tentaient de résister à la volonté centralisatrice du régent des Pays-Bas bourguignons, Maximilien Ier de Habsbourg, qui finit par les reprendre en main après leur défaite à la léproserie de Danenbrück, près de Tirlemont. Tout est à reconstruire six ans plus tard, lorsque les moines dispersés reviennent sur leur terre. A peine relevée, la communauté doit affronter les conséquences de la mauvaise gestion et des dépenses somptuaires d’un de ses abbés mondains, Arnold Mahieu (1540-1574), nommé avec le concours du représentant du gouvernement central.

En 1578, en pleine guerre de religions, l’abbaye est investie par les Brabançons en révolte contre la politique répressive du roi d’Espagne, Philippe II. Ils veulent éviter que les troupes de don Juan d’Autriche ne s’en servent comme base avancée. Le prétexte est d’ailleurs le même pour investir toutes les abbayes autour de la capitale. Après avoir ruiné son patrimoine artistique, ils la transforment donc en citadelle. Ils y resteront sept ans avant d’en être chassés suite à la capitulation de Bruxelles obtenue par Alexandre Farnèse. L’abbaye met toutefois longtemps avant de se relever. Après la restauration de la vie communautaire, l’apurement des dettes et la reconstruction de la ferme toute proche et de la cure de Wolvertem, elle se lance dans de nouveaux travaux somptuaires : la transformation des bâtiments principaux dans le style baroque, si prisé à l’époque. Pour faire vite, on décide de changer la façade des bâtiments de la cour d’honneur, l’église, la demeure abbatiale et le quartier des hôtes. La reconstruction de l’église est ensuite entreprise en commençant par le chœur mais est brusquement interrompue en raison d’un scandale de moralité. L’entrepreneur responsable, le carrier et tailleur de pierre Henri Faye, a en effet été surpris en étrange posture par ses ouvriers qui logeaient sur place. Il est immédiatement démis mais tarde à être remplacé. Finalement, le nouvel édifice baroque, symbole de la Contre-Réforme, ne sera achevé qu’en 1721. Entretemps, sa façade, jugée trop simple, aura été rehaussée et dotée d’une tour à carillon octogonale.

Ce sont alors les guerres d’expansion incessantes que mène le roi Soleil vers ses voisins qui causent troubles et désolation dans nos contrées. Pendant le mois d’août 1695, le bombardement tactique de Bruxelles par les troupes françaises du maréchal de Villeroy dans l’espoir de desserrer l’étau de la ligue d'Augsbourg autour de Namur fait d’importants dégâts collatéraux. L’abbaye de Dieleghem est ravagée, au même titre que son refuge bruxellois, où le mobilier, les objets précieux et les archives avaient été mises en sécurité.

Période de fastes et de mondanités pour nombre d’abbayes dans nos contrées, le XVIIIe siècle sonne rétrospectivement comme un chant du cygne. Comme ses voisins, les abbés de Dieleghem se lancent dans d’importants travaux d’agrandissement et d’embellissement de leurs bâtiments sous la houlette de l’architecte des palais royaux et bâtiments publics, Laurent-Benoît Dewez (1731-1812), dont les interventions s’étalent de 1775 à 1791. Il dispose de nouveaux bâtiments autour d’une vaste cour d’honneur, légèrement trapézoïdale pour en augmenter artificiellement l’ampleur, à laquelle on accède par un vaste porche pourvue d’une porterie-conciergerie. A droite de l’église baroque, l’hôtel abbatial (1783-1791) est plus somptueux que jamais. A gauche, le nouveau quartier des hôtes est relié aux dépendances par une galerie à arcades qui fait le tour du quadrilatère.

Ces travaux ostentatoires autant que ruineux sont réduits à néant par l’annexion des Pays-Bas autrichiens à la France Républicaine le 1er octobre 1795. La suppression des ordres religieux est promulguée dans une loi du 1er septembre 1796 et, le 10 novembre, la trentaine de moines de Dileghem sont chassés avec quelques vêtements et un maigre pécule pour tout viatique. Décrétés biens nationaux, les modestes propriétés de l’abbaye – 760 hectares de terres, 14 fermes, 5 moulins - sont mises en vente publique, assortie de l’obligation de démolir les édifices religieux : église abbatiale, cloître, bâtiments conventuels, bibliothèque. Ne subsistent alors que le porche d’entrée, une partie de la clôture et la demeure abbatiale.

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