André Latreille (29 avril 1901 à Lyon, 25 juillet 1984 à Neuville-sur-Saône) était un intellectuel et historien français.
Après des études au Lycée Ampère puis à la Faculté des Lettres de Lyon, où son propre père avait été professeur, il passe à 22 ans l'agrégation d'Histoire. Il enseigne d'abord au lycée de Clermont-Ferrand, au lycée Thiers de Marseille, puis au Lycée Ampère de Lyon. Après la publication de sa thèse de doctorat, il est nommé en 1937 maître de conférences en histoire contemporaine à la faculté des Lettres de Poitiers.
Gaulliste de la première heure, il est membre du Comité de libération du département de la Vienne d'août à novembre 1944, puis appelé par le Général De Gaulle en novembre 1944 comme directeur des Cultes au Ministère de l'Intérieur du gouvernement provisoire. Il y est notamment chargé de régler l'épineux problème des évêques ayant collaboré avec le régime de Vichy.
En août 1945, il est élu à la chaire d’histoire moderne de la faculté des lettres de l'Université de Lyon, où il enseignera jusqu’à sa retraite en 1971, refusant, à plusieurs reprises, un poste à la Sorbonne. Il est doyen de la Faculté de 1956 à 1959, puis doyen honoraire.
Pour autant son activité professionnelle ne se limite pas aux murs de sa Faculté :
De 1945 à 1974, il est membre du Comité consultatif des Universités, ancêtre de l'actuel Conseil national des universités.
Contemporain de l'« École des Annales », il garde comme historien une ligne très personnelle, exigeante, qui lui fait critiquer toutes les facilités que se donnent aussi bien les « essayistes en mal d'Histoire » que tel théoricien qui décrit « des modes de vie et non des vivants ». De septembre 1945 à novembre 1972, à la demande de son ami Hubert Beuve-Méry, fondateur du journal Le Monde, il tient régulièrement dans ce journal une chronique de critique historique (plus de 230 articles publiés), aussi appréciée des amateurs d'Histoire que redoutée des auteurs d'ouvrages. En 1956, il fonde la revue Les Cahiers d’histoire, et en 1962 le Centre régional interuniversitaire d'histoire religieuse, qui organisa de 1953 à 1980 plusieurs colloques internationaux. En 1974, suite à la scission de l'Université de Lyon, le centre est rattaché à l’Université Louis Lumière, associant des chercheurs de six Universités de la région Rhône-Alpes. Ce centre de recherches jouera un rôle important dans la lutte contre le négationnisme, dans les années 1978-1980, lors de la première affaire Faurisson. Il porte depuis 1984 le nom de Centre André Latreille.
Durant toute sa carrière, il ajoute à ses activités d'enseignement et de publication une intense activité de conférencier, en France et à l'étranger. La rigueur et la clarté de ses exposés en font un orateur très demandé. Son talent d'orateur et ses qualités de pédagogue ont séduit des générations d'étudiants et d'amateurs d'Histoire.
Profondément catholique, membre actif dès sa jeunesse de la Chronique Sociale de France, et à ce titre très engagé dans la société, il fut une des figures du Centre Catholique des Intellectuels Français (CCIF), du Cercle Tocqueville, de la Paroisse Universitaire (association des chrétiens de l'Enseignement public).
Convaincu que « la laïcité de la société n'est que l'expression juridique de la liberté de l'acte de foi », il défendit toute sa vie la participation des chrétiens à l'enseignement public, et ses analyses faisaient référence dans les débats relatifs à l'école libre (Loi Barangé, Loi Debré), ce qui lui valut des ennemis dans les deux camps.
André Latreille, homme cultivé, ne dédaignait pas la culture de sa chère ville de Lyon. L'Almanach des Amis de Guignol, le Littré de la Grand'Côte et La plaisante sagesse lyonnaise lui étaient aussi familiers que les œuvres d'Alexis de Tocqueville ou de Paul Claudel. Cette amour du terroir lié à une compétence universitaire rare en a fait une figure lyonnaise particulièrement estimée.
Il était officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'Ordre des Palmes académiques, membre de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, membre correspondant de l'Institut de France (Académie des sciences morales et politiques), commmandeur de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, et docteur honoris causa de l'Université Laval (Québec).
Il avait épousé le 13 septembre 1924 Suzanne Ruplinger, dont il eut dix enfants entre 1925 et 1944. Il disparut peu avant de pouvoir fêter leurs noces de diamant.
A Lyon, dans le quartier de Vaise, la salle de spectacle municipale (utilisée par le Théâtre Nouvelle Génération) porte son nom.