L' architecture vernaculaire se réfère à un type de construction qui est indigène, à une époque spécifique ou un endroit précis (et non pas importé ou copié d’ailleurs).
Le terme « vernaculaire » vient du latin vernaculus, le quartier des esclaves derrière le jardin du maître.
En linguistique, « vernaculaire » renvoie au langage particulier utilisé en un temps, en un endroit ou par un groupe de personnes dans lequel l'observateur n'est pas inclus. Voir Langue vernaculaire.
Dans la taxinomie des plantes, les noms vernaculaires sont les noms communs qui vont de pair avec le nom latin.
« Architecture vernaculaire » est une appellation datant du troisième tiers du XXe siècle.
Un état de la question de l'architecture vernaculaire dans le monde a été fait en 1997 par le professeur Paul Oliver, maître d'œuvre des trois volumes de l' Encyclopedia of Vernacular Architecture of the World, vaste somme publiée aux éditions Cambridge University Press. Le premier volume passe en revue les théories, les principes et les philosophies ayant cours dans l'étude de l'architecture vemaculaire, définie comme étant l'architecture des gens, l'architecture sans architecte, faisant appel aux matériaux disponibles sur place et mettant en œuvre des techniques traditionnelles (par opposition à l'architecture pour les gens, l'architecture d'architecte). Encore n'est-il pas question des architectures vernaculaires du passé, seules sont concernées celles encore observables à la fin du XXe siècle. Sont également abordés : l'influence des traits culturels, l'impact des milieux physiques, le rôle des matériaux et des techniques, les étapes de la construction, les détails d'aménagement, l'importance des éléments symboliques et décoratifs, les méthodes de classification typologique, la variété des usages et des fonctions. Les volumes 2 et 3 abordent les traditions constructives dans le cadre de grandes zones culturelles plutôt qu'au sein de contextes nationaux qu'elles transcendent bien souvent d'ailleurs.
Le plus souvent ce qu'on désigne par architecture vernaculaire est aujourd'hui la construction en milieu rural ou en périphérie de ville (au moment de la construction), de bâtiments sans maître d'œuvre ni architecte (en autoconstruction). Le terme « vernaculaire » désigne la construction qui utilise les ressources et les méthodes disponibles localement pour répondre aux besoins locaux.
Actuellement, la construction de grands bâtiments utiles ruraux dans les pays développés n'est plus faite suivant le mode traditionnel, mais en utilisant le schéma moderne utilisant les normes dimensionnelles des éléments constructifs nouveaux standardisés et économiques en matériaux modernes depuis le XIXe siècle fabriqués non localement.
Dans les pays développés structurés sur une culture importée par des colonisateurs occupant les terres agricoles, cette appellation tient compte de l'existence d'une culture autochtone autonome plus ou moins résiduelle (Sud des États-Unis amérindien, Australie, Alaska, Sibérie) ou d'une mixité de cultures (importation de culture religieuse en Orient, importation de culture commerciale au Japon et en Chine, créolisation du Sud des États-Unis, des îles anglaises, françaises, espagnoles, hollandaises ou portugaises.)
En Europe l’architecture vernaculaire désigne la construction populaire en général construite par des personnes dont l'activité principale n'est pas une activité de bâtisseurs. Les lieux de culte qui ont un modèle externe à la collectivité locale ne sont pas compris dans cette architecture. Sa tendance à évoluer dans le temps reflète le contexte environnemental, culturel et historique dans lequel elle existe. En France la fédération des styles s'est faite essentiellement à partir du XVIIe siècle avec pour raison les importants moyens de communication développés par l'état central. On appellera à partir de là style « traditionnel » ce qui est bâti par des ouvriers dont l'activité principale est de bâtir, lorsqu'il y a ornementation ce qui s'écarte du style seigneurial et du style bourgeois dans la cité dont le modèle est quasi universel. Ce modèle est porté autant par le discours que par les images. Souvent dénigrée parce qu’on la trouvait trop simple et sans raffinement, l'architecture vernaculaire a aussi ses partisans qui soulignent son importance dans le style d'aujourd'hui.
Contrairement à l’architecture des architectes utilisant le plan, la connaissance constructive dans l’architecture vernaculaire est souvent véhiculée par les traditions locales. Elle s’appuie plutôt, mais pas uniquement, sur une connaissance empirique acquise à travers des tentatives et des échecs sur des matériaux. Elle est une architecture en ce sens qu'elle conceptualise l'espace bâti suivant un modèle (local) qui définit des volumes et les articulations intérieures avec leur destinations d'usage, qui définit la masse plus l'aspect extérieurs liés aux matériaux. Elle est généralement transmise de génération en génération plutôt que soutenue par la connaissance de la géométrie et la physique. Elle poursuit le mode habituel de construction avant la Renaissance, qui se suffisait des descriptions orales pour être transmise, aussi bien pour des châteaux que des baraques.
Ceci ne veut pas dire que certains architectes n’utilisent pas l’architecture vernaculaire dans leurs conceptions (voir la mode du "Chalet Suisse" en Angleterre de la fin du XIXe siècle) ou ne sont pas résolument ancrés dans l’architecture vernaculaire de leur pays et région afin de produire le caractère adapté et inséré (voir la construction en pisé dans la région Sud-Est de la France).
Le terme vernaculaire ne doit pas être confondu avec ce qu’on appelle par ailleurs l’architecture « traditionnelle » qui est celle bâtie avec des ouvriers du bâtiment qui ne sont pas les utilisateurs des bâtiments, quoiqu’il y ait des liens entre les deux. Par exemple la construction de l'habitat troglodyte en Touraine est faite en récupération des espaces dégagés par l'extraction de tuffeau par les paysans-carriers. Ils ont fourni le matériau de construction des châteaux et aménagent ces espaces qui ne sont plus alors résiduels. L’architecture vernaculaire peut être adoptée à certaines époques et affinée dans des propositions culturellement acceptées, mais seulement par sa répétition admise elle peut devenir « traditionnelle ». L’architecture traditionnelle peut aussi bien inclure par exemple des temples et des palaces, ce qui ne serait pas habituellement catalogué dans la rubrique « vernaculaire ». En France par exemple l'enclos breton (ensembles clos paroissiaux église-baptistère-cimetière-ossuaire-calvaire bâtis de 1550 à 1700) considéré comme traditionnel est une architecture vernaculaire de même type que le temple vaudou puisqu'il comporte exprimé ou en filigrane la figure de l' Ankou. Au Japon par exemple, toute l’architecture pré-moderne n’est pas « vernaculaire », seuls les bâtiments ruraux et les structures le seraient. Aux États-Unis, l’architecture vernaculaire pourrait correspondre aux bungalows dits artisanaux, à la mode au XIXe siècle, bien que le bungalow en tant que forme architecturale ne soit pas originaire des États-Unis. Actuellement l'architecture « rustique » aussi bien ancienne que moderne est qualifiée de « vernaculaire » au sein des associations qui s'occupent de réhabilitation et de restauration patrimoniale historique. Ces associations dégagent depuis les amas de gravats stratifiés par le temps dans l'habitat rural les pièces encore reconnaissables d'une culture locale : fours, fontaines etc. Le terme « vernaculaire » reste sujet d'ambiguïté selon la culture du celui qui l'emploie.
Au début des années 1980, un essai de définition de l'architecture vernaculaire a été proposé en France par une revue savante éditée par le Centre d'études et de recherches sur l'architecture vernaculaire (CERAV). Inspirée des travaux de spécialistes britanniques, en particulier ceux d'Eric Mercer, elle définit un bâtiment vernaculaire comme appartenant à un ensemble de bâtiments surgis lors d'un même mouvement de construction ou de reconstruction. Ce mouvement affecte une ou plusieurs régions (voire des aires géographiques plus vastes) et s'inscrit dans une période variant d'une région à une autre selon des décalages de quelques décennies à un siècle et plus. Reflet de changements économiques, un type de bâtiment vernaculaire est caractéristique non seulement d'une époque donnée mais aussi de la classe sociale qui l'a fait construire et l'a utilisé. Il ne peut se comprendre que dans la mesure où l'origine sociale du contructeur-utilisateur est cernée. Concernant de vastes aires géographiques, l'architecture vernaculaire est soumise à la diffusion de plans, de techniques de construction et de décors stylistiques transcendant le cadre de la région, voire les limites nationales.