Le voyageur (qui peut tour à tour ou simultanément être aussi usager, client, contribuable ...) peut manifester des attentes diverses face à la billettique, lesquelles peuvent être réparties en trois registres principaux, même si certaines aspirations peuvent relever de plusieurs catégories à la fois :
À l'évidence, la description ci-dessus, qui fait intervenir les notions d'intermodalité, d'optimisation commerciale, de prépaiement, ... ne peut que conduire à la nécessité de l'utilisation d'un système informatisé de gestion commerciale des titres de transport.
Dans ce qui suit, il convient de garder présent à l'esprit que les attentes décrites ici comme relevant de l'AOT peuvent évidemment être partagées par d'autres acteurs du système de transport, dans la mesure où ceux-ci exercent effectivement tout ou partie des responsabilités dévolues à l'AOT dans son acception française : organisation technique des services des transport, maîtrise commerciale des produits proposés aux utilisateurs, participation significative à l'équilibre financier du réseau, ...
Les AOT ont, comme souligné dans la présentation précédente, le souci permanent d'évaluer qualitativement le résultat des efforts financiers très importants qu'elles consentent en faveur du transport public. Cet exercice s'accommode fort bien d'une précision limitée, voire d'une simple approximation, dans la mesure où, bien plus qu'un chiffre connu à la quatrième décimale, il s'agit de repérer une tendance qui confortera ou infléchira un programme d'action. Que la fréquentation ou le nombre de passagers/km augmente de 2,5% ou de 2,48675% importe peu quand, par ailleurs, le coût global d'exploitation augmente, quant à lui, de près d'un tiers : l'impasse est avérée et il importe plutôt de consacrer ses efforts à corriger le tir.
La plupart des collectivités responsables de réseau ont donc très tôt eu recours au sondage ponctuel, méthode approximative en raison des extrapolations qu'elle implique, mais relativement peu onéreuse lorsqu'on en à un besoin limité et qu'on observe un fonctionnement aux caractéristiques linéaires. En revanche, pour peu que le besoin d'informations augmente de façon sensible ou que "le long fleuve tranquille" du réseau devienne soudain plus chaotique, le recours aux sondages devient tout à la fois très coûteux à organiser et souvent très fantaisiste dans ses résultats. En outre, la participation financière des collectivités étant constituée par nature de deniers publics, celles-ci ont l'obligation d'en justifier l'utilisation jusqu'au dernier cent, garantissant ainsi la transparence que tout contribuable est en droit d'exiger d'elles. Si l'on ajoute une propension certaine à l'introduction régulière de formules nouvelles souvent plus dépendantes des impératifs de la communication politique que d'études de marché, on s'aperçoit vite que seule une gestion informatisée de la billetterie peut tenter de s'accommoder d'une telle complexité, pour peu qu'elle se traduise par un coût total (investissement et fonctionnement) acceptable, c'est-à-dire environ 5% à 10 % des sommes collectées annuellement .
Il convient ici de distinguer les utilisateurs des systèmes billettiques (les transporteurs) de ceux qui les conçoivent, les fabriquent et les commercialisent, voire en gèrent le fonctionnement (les Industriels).
Le paragraphe précédent a déterminé les attentes (fonctionnalités) et les craintes (coût maximum admissible) du client potentiel. Pour un industriel, il s'agit donc là de l'identification d'un marché qui présente tout à la fois de nombreuses incertitudes en termes de production (liées à la versatilité des désirs du client), mais de solides garanties de solvabilité (financeurs publics ou tout-au-moins collectifs) pour autant que l'enveloppe budgétaire ne sera pas dépassée.
Il appartient donc au fabricant de canaliser l'expression du besoin de façon à faire émerger une plateforme technique suffisamment attractive pour chaque client potentiel, mais volontairement bridée dans le développement de performances spécifiques pour ne pas faire fuir ceux qui ne se retrouveraient pas dans une problématique exactement semblable.
On voit poindre là la problématique classique du processus de standardisation qui, à partir de contraintes de production et d'objectifs économiques (tout aussi légitimes) peut conduire à un formatage de la demande, d'autant plus marqué lorsque une démarche de normalisation, initiée par un groupement réunissant les fabricants majeurs et leurs principaux clients, est entreprise. Le pas qui sépare le "leadership" de l'hégémonie est alors en passe d'être franchi, sans que les "clients secondaires" ne soient appelés à émettre la moindre objection.
(en cours de rédaction - finalisation prévue fin 2009)