Bull: De la mécanographie à l'électronique (1931-1964) - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Jusqu'en 1935, Bull - la Compagnie des Machines Bull, machines à statistiques et de comptabilité, connaît une phase difficile d'installation. Puis elle entre dans une longue période de stabilité institutionnelle et de croissance commerciale fondée sur une gamme de produits mécanographiques régulièrement améliorés ; l'électronique viendra à la fois accélérer cette expansion et en bousculer les bases. L'industrie mécanographique dans l'entre-deux guerres est prolifique en brevets.

Des inventeurs comme Bryce chez IBM aux États-Unis, Tauschek en Allemagne, Foster's (créateur de la tabulatrice à imprimante alphanumérique, exposée en 1921) chez Powers en Angleterre, Knutsen et Clouet chez Bull ainsi que les nombreux techniciens inconnus qui apportent des améliorations de détail aux machines, poussés à la fois par le goût de la perfection technique et par les nécessités commerciales, amènent la mécanographie à un haut niveau de performances et de souplesse d'adaptation aux besoins des clients. L'élargissement des fonctions qui en résulte est visible dans le vocabulaire, les "machines à statistiques " devenant des "machines de gestion".

Les premiers produits

Les premières machines Bull construites à Paris furent conçues par K.A. Knutsen, qui avait perfectionné depuis 1925 les inventions de Fr. R. Bull, mettant notamment au point une innovation majeure : l'imprimante numérique à roues. L'idée maîtresse qui présida à la conception de cette imprimante fut de remplacer les crémaillères supportant les caractères à imprimer dans les imprimantes de tabulatrices construites jusque-là (notamment par IBM), par des roues. En disposant les caractères sur une roue tournant toujours dans le même sens, on allégeait le dispositif et on supprimait un mouvement à grande inertie. En septembre 1931, la première tabulatrice imprimante était livrée au service des assurances sociales du ministère du Travail. Elle comportait 60 roues (numériques seulement) et imprimait 120 lignes par minute avec une grande qualité d'impression. Aucune autre machine n'était en mesure d'approcher cette vitesse.

On décida d'étendre immédiatement le principe à l'impression alphabétique. On créa une imprimante de 30 roues alphabétiques, que l'on juxtaposa à l'imprimante de 60 roues numériques. Cette nouvelle imprimante sortit fin 1932. La vitesse avait été accrue : 150 lignes par minute. Cette vitesse ne sera atteinte chez les concurrents de Bull qu'en 1949 par l'IBM 407, où des roues remplacent les barres. En 1934, sortait chez Bull l'imprimante dont toutes les roues étaient capables d'imprimer soit de l'alphabet, soit des chiffres, selon ce qui se présentait dans la carte. La première machine fut exposée au Salon pour les machines de bureau en octobre 1934. Vint ensuite l'ère des perfectionnements accessoires, mais déjà en 1934, l'imprimante Bull était adulte. Elle sera construite, sans modification essentielle, jusqu'en 1968.

Entre-temps, le développement de la Compagnie se heurte à de nombreux obstacles, tant intérieurs qu'extérieurs. Les problèmes aigus de trésorerie retardent la rationalisation des ateliers de fabrication, la mise au point des machines, leur adaptation aux besoins des utilisateurs. Un rapport de 1933, écrit par G. Vieillard, analyse les incidents mécaniques fréquents, les dysfonctionnements de machines, les modèles livrés à la clientèle sans être stabilisés… II s'agit, en grande partie, de "maladies infantiles" d'une entreprise qui fait son apprentissage dans le domaine exigeant de l'électromécanique de précision. Des dépenses importantes doivent être consacrées à l'entretien, au détriment des études : il faut coûte que coûte faire fonctionner correctement les machines pour conserver la confiance des premiers clients. Cela implique parfois de reprendre les équipements déjà livrés pour les modifier en atelier ou les échanger contre les modèles définitifs. Les obstacles ne rebutent pas le petit groupe du "syndicat des utilisants", qui maintiennent leur confiance et leur appui financier à la Compagnie. Certains, à la fois clients et actionnaires, acceptent ainsi un double risque.

À partir de 1934, la situation se redresse : les incidents techniques diminuent de 70% par rapport aux premières livraisons ; le premier bénéfice d'exploitation apparaît (plus de 800 000 F) ; la Compagnie contrôle plus de 15 % du marché français. En 1935, Bull, avec plus de 60 équipements installés, dépasse SAMAS et devient le principal concurrent d'IBM en France. Une croissance d'autant plus remarquable qu'elle se situe en pleine crise économique (la production automobile française diminue de 35 % de 1929 à 1935) et que, dans la France de cette époque, réputée (trop souvent sans nuances) peu entreprenante, peu innovatrice et peu exportatrice, rares sont les grandes entreprises susceptibles de s'équiper en machines à cartes perforées. Au milieu des années trente, le secteur de la carte perforée emploie moins de mille personnes en France.

Page générée en 0.104 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise